À ma Dame Jehanne Gaillarde de Lyon, femme de grant scavoir
D’avoir le prix en science et doctrine
Bien mérita de Pisan la Christine
Durant ses jours ; mais ta plume dorée
D’elle serait à présent adorée,
S’elle vivait par volonté divine.
Car tout ainsi que le feu l’or affine,
Le temps a fait notre langue plus fine,
De qui tu as l’éloquence assurée
D’avoir le prix.
Donques ma main, rends-toi humble et bénigne,
En donnant lieu à la main féminine :
N’écris plus rien en rythme mesuré,
Fors que tu es une main bienheurée
D’avoir touché celle qui est tant digne
D’avoir le prix.
--- Clément Marot
Response au précédent rondeau par ma dicte Dame Jehanne Gaillarde
De m’acquitter je me trouve surprise
D’un faible esprit, car à toi n’ai savoir
Correspondant : tu le peux bien savoir,
Vu qu’en cet art plus qu’autre l’on te prise.
Si fusse autant éloquente, et apprise,
Comme tu dis, je ferais mon devoir
De m’acquitter.
Si veux prier la grâce en toi comprise,
Et les vertus, qui tant te font valoir,
De prendre en gré l’affectueux vouloir
Dont ignorance a rompu l’entreprise
De m’acquitter.
--- Jeanne Gaillarde
Partager cet article
Repost 0Vous aimerez aussi :
Poètes D'hier
« Article précédent