Die Amsel fliegt auf
Der Zweig winkt ihr nach
Le merle s'envole
La branche lui fait un signe d'adieu.
En 1972 j'avais découvert quelques-uns de ses poèmes, traduits par Martin Graff, lorsque je préparais le numéro de notre revue action poétique sur « agitprop et littérature ouvrière en Allemagne ». De très brefs poèmes, proches des haïkus, parfois des distiques, comme celui-ci, intitulé Tolérance : « L'église me laisse froid/ Elle ne me brûle plus ». Ou bien encore : À la frontière de l'État de droit : « Du canon de sa mitraillette/ Le garde frontière/Feuillette/Mon manuscrit/Contre l'État policier. »
Je fis sa connaissance une décennie plus tard lorsqu'il m'invita à son émission Autoren im Gespräch : nous y avons dialogué et lu des poèmes avec le traducteur Eugen Helmé. Puis je l'ai retrouvé au début des années 90 quand je travaillais à Sarrebruck. Son écriture avait sensiblement évolué : tout en privilégiant la forme brève, elle délaissait la satire et la dénonciation pour accorder une place toujours plus importante à l'étymologie, la botanique, la philosophie. Sur le site Sand am Meer on peut lire des centaines de ses très brefs poèmes qui « rendent hommage à l'épiphanie de l'instant », comme l'a écrit Christoph Schreiner. C'est ce que l'on perçoit dans le livre Dyonisos et l'amour au jardin des plantes (éditions Créaphis, 2000) qui rassemble des poèmes d'Astel que nous avions traduits collectivement avec Claude Esteban, Michelle Grangaud, Joseph Julien Guglielmi, Josée Lapeyrère, Emmanuel Moses, Tita Reut, et Jean-Claude Schneider lorsqu'il fut invité à Royaumont. Sur le site www.zikaden.de on peut trouver de nombreux poèmes d'Astel et leur traduction en français par Rüdiger Fischer ou Danielle Auby.
Alain Lance