L’année 1977 ayant été marquée l’explosion au grand public des styles punk et disco, il fallait bien une année de calme relatif après cette tempête. Ce n’est pas pour autant qu’il faut bouder son plaisir et balancer tout de go que 1978 ne marque pas une année formidable pour la musique. Je dirais même qu’en termes de styles, cette sélection regroupe tout de même bien plus de styles que je ne l’aurai pensé et ça me fait chaud au cœur.
Qu’est-ce qu’on y retrouve ? Du romantisme suranné, la naissance de l’électro plus trop dansante, de la comédie musicale, de la naissance d’icônes et du retour un peu limite. Allez, c’est parti.
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Malicorne – L’extraordinaire tour de France d’Adélard Rousseau, dit Nivernais la clef des cœurs, compagnon charpentier du devoir (non précisé)
Drôle de carrière que celui de ce groupe fondé par le couple (à cette époque) Gabriel et Marie Yacoub, Hughes de Courson et Laurent Vercambre. A force de déterrages de chansons traditionnelles et d’albums-concepts, comme ce cinquième album qui présente un Tour de France de compagnonnage à travers les chansons de diverses régions, ils ont réussi à surfer sur le renouveau des musiques folkloriques dans la France des années 1970.
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Michel Polnareff – Coucou me revoilou (non précisé)
Contraint à l’exil depuis 1973 et une mésaventure fiscale, Michel Polnareff s’enfuit vers Los Angeles où il compose des musiques de films. Son sixième album Coucou me revoilou, son premier album en français, marque son retour en France pour son procès pour fraude fiscale, après le single Lettre à France publié en 1977. Malgré tout, cet album connaît un relatif échec, et sera qualifié par le chanteur d’ album crasse.
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Grease (bande originale) (avril)
Le film Grease étant construit comme une comédie musicale, sa bande originale connut un succès tout aussi conséquent avec 28 millions d’albums vendus. 7 des 24 chansons sont chantés par le couple phare John Travolta et Olivia Newton-John, tandis que 16 autres sont chantés par le groupe Sha Na Na qui joue également dans le film. La chanson d’ouverture est interprétée par une personne extérieure au film, Frankie Valli, et tranche un peu, par son ambiance disco light, avec le revival fifties du film.
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Kraftwerk – Die Mensch-Maschine (mai)
Forte de succès tels que AutoBahn (1974) ou Trans-Europe Express (1977), le quatuor électronique allemand amorce avec Die Mensch-Maschine les prémices de ce qui deviendra la new wave telle qu’elle a été popularisée dans les années 1980. Si le son de cet album est toujours aussi électronique et minimaliste, une chanson telle que Das Modell montre une facette moins angoissante et plus « dansante ».
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The Rolling Stones – Some Girls (juin)
Sur ce quinzième album studio, le premier qui intègre officiellement Ron Wood dans l’équipe, le groupe londonien essaie de résister à la fois à la vague punk et disco tout en réimplantant le bon blues rock qui a fait sa renommée. Peine perdue : Miss You est clairement dans l’air du temps, tandis que les autres chansons sont « noyées » devant le succès du single.
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Devo – Q: Are We Not Men? A: We Are DEVO! (août)
Premier album du groupe américain, qui se fit connaître avec le court-métrage The Truth About De-Evolution (1976), il fut enregistré à Berlin sous la direction de Brian Eno. Il contient les tubes Jocko Homo et Mongoloïd ainsi que la reprise minimalisme d’(I Can’t Get No) Satisfaction. A la suite de cet album, la formation abandonnera l’instrumentarium rock traditionnel pour se tourner vers les claviers en formation live.
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Luc Plamondon et Michel Berger – Starmania ou La passion de Johnny Rockfort selon les évangiles télévisés (septembre)
Si la comédie musicale a été montée en live le 10 avril 1979, l’album est sorti dès septembre 1978 et connut des critiques mitigées, reprochant une narration trop hachée. Il est vrai que si les histoires d’amour parallèles entre les personnages sont très lisibles même en audio, la dystopie qui comprend un monde violent et dominé par la télévision est difficilement compréhensible sans la mise en scène ni le jeu des acteurs. Quarante ans après, Starmania reste la comédie musicale francophone la plus représentée au monde.
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Blondie – Parallel Lines (septembre)
Troisième album studio du groupe américain mené par Debbie Harry, il reste l’abum le plus populaire et le plus vendu du groupe, puisqu’il est vendu à 20 millions d’exemplaires. Il tire son point de départ d’un poème de la chanteuse qui n’a jamais été diffusé à ce jour. Il marque surtout un revirement pop du groupe, puisque la formation depuis ses débuts en 1974 était davantage influencée par le punk.
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Dire Straits – Dire Straits (octobre)
Premier album de la formation britannique menée par les frères David et Mark Knopfler, il arrive à contre-courant et marque le retour d’un rock devenu traditionnel. Alors journaliste, Mark Knopfler se fait présenté durant l’été 1977 par son frère David le bassiste John Illsey. Etant tous dans une situation financière critique, ils ont décidé d’en faire le nom du groupe et par conséquent du premier album, enregistré après que l’animateur Charlie Gillett diffuse en boucle durant la fin d’année 1977 Sultans Of Swing dans son émission Honkey Tonk, sans en avertir le groupe. Ce titre fera la popularité de l’album à suivre dans toute l’Europe.
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Jean-Michel Jarre – Equinoxe (novembre)
Après avoir commencé en écrivant des musiques de films et des albums pour Christophe au début des années 1970, Jean-Michel Jarre remporte un premier succès en 1976 avec l’album Oxygène où, fortement influencé par son grand-père co-inventeur de tables de mixages pour la radio française et par Kraftwerk, il crée une symphonie de sons synthétiques. Equinoxe se situe sur la même lancée : il a voulu synthétiser dans cet album une ballade durant les 24 heures de la journée. Suite à cet album, il fit un concert le 14 juillet 1979 sur le Champ de Mars (Paris) et réunit 1 million de personnes.
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A bientôt pour de nouvelles aventures musicales.