Agriculture biologique : quel contenu pour le nouveau programme Ambition bio ?

Publié le 15 mars 2018 par Bioaddict @bioaddict
Le ministère de l'Agriculture va présenter fin mars ou début avril un nouveau programme en faveur de l'agriculture biologique. Ce dernier devrait reprendre les annonces déjà faites, la question est de savoir quels financements l'accompagneront. Les principaux acteurs du secteur n'ont pas été consultés et s'interrogent. ¤¤ Le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation Stephane Travert sur le salon international des produits biologiques Natexpo 2017.

Selon l'Agence Bio, le plan Ambition Bio à 5 ans devra permettre :

- de maintenir et développer des outils pour financer le changement des pratiques agricoles et les services environnementaux ;

- d'atteindre au moins 20% de produits issus de l'agriculture biologique dans la restauration collective et les cantines scolaires ;

- de développer les projets de filières dans les territoires, d'une part, par le doublement du fonds Avenir Bio, et d'autre part, en orientant les outils de financement privés vers l'agriculture biologique française pour la structuration de ses filières.


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Un nouveau programme Ambition bio pour les cinq années à venir devrait prochainement être présenté par le gouvernement, selon le ministère de l'Agriculture. Les acteurs du secteur, qui n'avaient pas encore été consultés à mi-mars, s'interrogent sur son contenu. C'est le cas de la Fédération nationale de l'agriculture biologique (FNAB), principal syndicat de producteurs, de Coop de France qui regroupe une part des producteurs et transformateurs, et du Synabio qui représente les transformateurs.

Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture, a déjà fait quelques annonces ces derniers mois complétées par d'autres lors du salon de l'agriculture, qui devraient être reprises dans ce programme. Il a notamment indiqué qu'il veut que les cantines (restauration collective) cuisinent au moins 20% de produits bio en 2022. Il a encore déclaré qu'il projette 15% de surfaces agricoles en bio la même année. Il s'agit dans un cas d'une obligation, dans l'autre d'une intention, sans budget spécifique dans les deux cas. Cependant, une nouvelle annonce assortie de moyens a été faite lors du Salon international de l'agriculture : un doublement du fonds " avenir bio ", de 4 millions à 8 millions d'euros, pour aider à la structuration des filières (financement de projets impliquant des partenaires aux différents stades de la filière).

Quel financement pour le futur plan ?

La principale crainte des acteurs du secteur est donc que le futur programme soit pas ou peu financé. Stéphane Travert a déjà déclaré qu'il n'abondera plus l'enveloppe des aides au maintien, qui prennent le relais des aides à la conversion et qui sont versées en reconnaissance des efforts des agriculteurs bio en faveur de l'environnement. Le ministre estime que les prix du marché sont suffisants à assurer la pérennité des exploitations quand le label bio est obtenu. Mais la FNAB redoute que l'équilibre économique ne soit pas atteint pour certains et que les agriculteurs nouvellement engagés en bio se découragent.

" Si la réglementation prévoit un processus de certification de deux à trois ans avant de pouvoir obtenir le label AB, il faut en réalité techniquement et économiquement cinq à dix ans pour trouver un équilibre global sur la ferme. A vouloir aller trop vite, le marché pourrait bien casser son jouet ! ", prévient la FNAB.

Un programme sans moyens favoriserait les importations

Même problème pour l'enveloppe des aides à la conversion (pour passer de l'agriculture conventionnelle à l'agriculture biologique), la FNAB a dû batailler. Elle a demandé que cette enveloppe soit suffisamment abondée pour faire face aux nombreuses demandes actuelles de conversions, la croissance de la demande en produit bio s'accélérant tant en grande distribution que dans les magasins spécialisés. Le ministère a finalement débloqué 160 millions d'euros.

Si un programme ambitieux est décidé sans moyens, il est probable que les cantines et les magasins, notamment les grandes surfaces, vont de plus en plus recourir aux importations. Aujourd'hui, environ 30% des produits cultivables en France sont importés. Faute d'un soutien suffisant, la France pourrait continuer à regarder passer le train de la bio.

Anne-Françoise Roger