Décidément, il est question d'oiseaux cette semaine dans les sorties musicales. Après Dominique A et "la mort d'un oiseau" - peut-être le moins bon titre de "Toute latitude"- en lien avec leur fameux courage qu'il chantait il y a plus de vingt-cinq ans déjà. Comme pour dire que l'époque n'est plus aux regrets, mais au terrible constat. "L'oiseleur", difficile exercice du deuxième album, permet au groupe Feu! Chatterton de transformer superbement leur premier essai. Ils assoient définitivement leur style inimitable. Leur pop-rock lyrique est unique. Elle n'a toujours pas peur d'en faire trop, de chanter comme un livre, comme Eluard ("Le Départ"), Aragon ("Zone Libre") à qui ils font ici référence. "Comme Apolllinaire, un souvenir pour récompense" chantent-ils aussi sur le sublime "Souvenir" dont la seule écoute permet de comprendre à quel niveau d'exigence Feu! Chatterton se situe. Car si les paroles sont belles, les arrangements variés ne sont pas en reste. Les chansons n'empruntent jamais de lignes droites. Elles sont en constante évolution, nous emmenant de surprises en surprises.
Ce disque aurait pu aussi être mon disque de la semaine, mais je sais qu'il me faudra plus longtemps que cela pour m'en sortir réellement. Parce qu'en plus, il est long - 13 morceaux dont la plupart tutoient les 5 minutes - et qu'évidemment, tout ne s'impose pas dès la première écoute, que certains tics - cette façon ostentatoire de chanter - agacent même un peu. La deuxième partie du disque touche par exemple moins. Il y a toutefois tellement de fulgurances qu'il est bien difficile de se détacher aisément de l'univers musical très original de Feu! Chatterton.