Magazine Culture

Un labyrinthe sans issue et autres nouvelles

Par Gangoueus @lareus
Un labyrinthe sans issue et autres nouvellesLes blogueurs, c’est connu, ça bavarde énormément. Sur dix ans, ils finissent en vous parlant de littérature par vous révéler tous les contours et détours de leur existence grandiose ou modeste, ça dépend de celle ou celui qui observe. Ainsi vous connaissez une partie de mes mésaventures ou aventures en Afrique de l’Ouest et en particulier en Côte d’Ivoire. Un matin, le président congolais Pascal Lissouba a décidé de mettre des étudiants privés de faculté de sciences à Brazzaville en raison d’un incendie et pillage volontaire des forces d’alternance de l’époque (en 1993).

Ces années-là, j’étais naïf ou niais, c'est selon…

Pour ma part, j’atterrissais avec une centaine d’autres étudiants congolais en Côte d’Ivoire. A Abidjan. Babi. Nous fûmes fort bien reçus quand on considère que les autorités ivoiriennes n’étaient pas informées de notre arrivée. En écrivant ces lignes, je me dis que ce genre de délires ne peuvent arriver qu’en Afrique… Mais ce n’estpas le fond de mon article. J’essaie par ce biais, de vous dire que j’ai connu une certaine Côte d’Ivoire, il y a une vingtaine d’années. A l’époque où ce pays était de l’aveu répété des étudiants ivoiriens un pays béni de Dieu. Etant étudiant à la Faculté des Sciences et Techniques d’Abidjan, je peux vous assurer qu’un diplôme acquis dans ces années-là était obtenu à la sueur du front et du cerveau. En ces années-là, quand tu ne payais pas ton titre de transport, tu te retrouvais comme un bagnard dans une fourgonnette grillagée. En ces années-là, les dessous de table étaient moins voyants qu’aujourd’hui. Peut-être étais-je niais en reprenant l’expression de Jean-Michel Devésa quand il parle de ses années africaines, lui qui connut fort bien Sony Labou Tansi.  Naïveté, niaiseries... Oui, en ces années-là, la corruption était moins visible avec mes lunettes de l'époque...
Un labyrinthe sans issue et autres nouvelles

Prix Régina Yéou 2017 : vous avez dit corruption ?

Une chose est sure. La question de la corruption en Côte d’Ivoire a considérablement dérapé depuis  mon départ. Au point d’inspirer un thème de concours pour la meilleure nouvelle de Côte d’Ivoire dans le cadre du premier Prix Régina Yéou remis par l’AECI à l’occasion du Festival Paroles Indigo de Grand Bassam. 10 nouvelles écrites souvent par des jeunes auteurs qui vont d’histoire en histoire décrire une corruption endémique avec des formes d’expression qui ne sont même plus masquées. Avec des affaires abracabrantesques...
Ce qui caractérise ces discours c’est avant tout le fait qu’ils touchent principalement l’éducation nationale. Au moins trois nouvelles sur dix portent sur des faits de corruption autour du baccalauréat. Ne pas tricher relève dans ce contexte de l’acte divin, donc de l’anomalie pour le commun des mortels... La gangrène touche naturellement d’autres secteurs d’activité. Et dans mon for intérieur que j’exprime par ce blog extérieurement, le lecteur se dit « fais quoi ! fais quoi !». Expression camerounaise.

Les candidats

J’arrive à la phase moins passionnante de mon article. Que valent ces nouvelles sur le plan littéraire? Je ne vais pas être langue de bois. Pour la plupart, sur le plan de l’écriture, j’ai eu l’impression qu’on était sur un exercice de rédaction comme on en faisait au collège. C’est embarrassant quand on est au pays d’Adiaffi, de Kourouma, de Tadjo ou de Gauz. Peu d’inventivité dans l’exploitation de la langue (alors que le nouchi, sorte de créole abidjanais, est là dans la rue, dans la street pour reprendre l'expression d'un enfant pendant le festival). Des structures narratives linéaires. Et une exploitation assez attendu du thème, réduit au simple échange de bakchich. Et j’ai une hypothèse là-dessus : Peut-être que ces écrivains en herbe ne s’ouvrent pas assez aux textes des autres et de leurs aînés en particulier. Peut-être faut-il proposer plus d’ateliers d’écriture… Pour passer de la rédaction à la littérature. Le lauréat de ce prix pour 2017 est Siaka Doh Ouattara pour sa nouvelle Un labyrinthe sans issue
Un labyrinthe sans issue et autres nouvelles

Farotage

J’ai eu le privilège de remettre aux lauréats dix exemplaires de ce livre collectif bâti avec les dix meilleures nouvelles de ce concours. Un honneur que je mesure à sa juste valeur et j’en remercie sincèrement l’AECI, les Classiques ivoiriens et le Festival Paroles indigo pour cette marque de sympathie. J’espère par ces mots participer à stimuler ces écrivains qui, demain, produiront de grands textes grâce à cette saine émulation et à une critique juste. Je terminerai par un hommage à l'auteure ivoirienne Régine Yéou disparue trop tôt. Associer ce prix à cette romancière très connue en Côte d'Ivoire, enseignée est la plus belle marque de respect et d'affection pour un artiste.

Un labyrinthe sans issue et autres nouvelles
1. Siaka Doh Ouattara, 2. N'guessan Ahekpa Yves Moïse, 3. Tah Roselyne Isabelle Flore, 4. Kpangni Adoueni Eric-Esaïe, 5. Diomandé Aboubacar Sékou, 6. N'deffo Thiémélé Charles Emmanuel, 7. Ouattara Harouna, 8. Ouattara Aïcha Aboudramane, 9. Kouakou Yao Patrice, 10. Soro Yafolo Sita
Editions Les Classiques ivoiriens, paru en 2017. 100 pages
Copyright photo - Lamine Camara / Paroles indigo

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Gangoueus 8178 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines