Comme nous marchions du même pas, à la même allure, mais dans deux directions opposées, on a dû se reconnaître à peu près au même moment.
Au même moment +1 milliseconde, on a compris qu’on s’était reconnu l’un l’autre.
Au même moment +2 millisecondes, on a pris la (sage) décision de ne pas ralentir notre pas, de continuer comme si de rien n’était, tout en sachant pertinemment chacun que l’autre savait fort bien qu’on faisait semblant de n’avoir rien vu, mais comme ni l’un ni l’autre n’avait envie de faire le moindre effort hypocrite pour l’autre.Au même moment +3 millisecondes, on a compris réciproquement tout le mécanisme qui en tout n’a donc pas duré plus d’un centième de seconde. Tout cela aurait pu donner lieu à un poème de Richard Brautigan, comme celui-ci: IMPASSEJe lui ai lancé un excellent bonjour, mais elle m'a retourné un au-revoir encore bien meilleur.
Mais quelque part, cette (fausse) rencontre, c’était exactement l’inverse de ce phénomène, tout aussi furtif mais nettement plus souriant :
Sans soleil (Chris Marker 1983) Et tant qu'à rester dans les rencontres en direct devant la caméra, les rencontres chargés de regards de quelques millisecondes, parfois de biais, parfois par en dessous, parfois de face, mais toujours d'une incroyable densité, ce classique :
To have and have not - Le port de l'angoisse (Howard Hawks 1944)
Sinon, rien à voir (quoique...), j'ai été cordialement convié à cette autre rencontre ( mais plutôt tapi dans le public qu'assis à la table des négociations). Peut-être l'occasion de croiser blogueurs ou lecteurs, à moins qu'on fasse semblant de ne pas se reconnaître tout en sachant très bien que... Ce petit jeu-là est infini.