Wimbledon n'est plus ce qu'il etait. Federer donne l'illusion depuis des annees que tout continue comme avant, mais le jeu sur herbe a vecu. Il est facile de s'en rendre compte.
Regardez l'usure des terrains. L'herbe a totalement disparu sur une bande de 50cm derriere les lignes de fond elle est a peine pietinee a l'interieur du court, sauf a l'endroit ou les serveurs retouchent terre apres leur engagement. Auparavant, l'herbe etait rapee suivant l'axe central et a hauteur de la ligne de service, parce que les joueurs montaient a la volee. Le jeu se fait desormais exclusivement en fond de court: l'herbe a le seul merite d'accelerer un peu la balle.
Regardez les joueurs encore en lice. A l'exception de Clement et de Federer, leur principale qualite est de cogner. Gros service, gros coup droit lifte, gros revers lifte. Ils ne conservent de la specificite du joueur sur herbe que la faculte a prendre la balle tres tot, avec une preparation raccourcie. Il n'existe plus, hormis Bjorkman, de joueur pratiquant le service-volee. Les nations traditionnelles du jeu sur herbe ont disparu: plus d'Australiens, plus d'Anglais, hormis Murray, qui n'a pas le jeu typique d'un Tim Henman. Certes quelques individualites exceptionnelles ont pu l'emporter sans avoir le jeu adequat: Borg le premier, mais apres avoir adapte ses coups Agassi ou Hewitt grace a leur prise de balle tres tot et a leurs qualites de retourneurs. Sinon Wimbledon etait l'occasion de voir reparaitre des Indiens ou des Australiens qui, sans forcer, en deux coups, ridiculisaient les cohortes de crocodiles a peine sorti de la terre battue parisienne.
Regardez le jeu. Il est totalement stereotypeet identique a ce qu'il est sur toutes les autres surfaces : aucune variation sur les services, alors que le service slice qui sort l'adversaire du court est mortel sur cette surface qu'on se rappelle les dizaines d'aces realises par K. Curren ou J. McEnroe, avec des services a seulement 170km/h. Il y a tres peu de coups slices en general, obligeant les grands joueurs actuels a se baisser. Dans ces conditions Nadal, qui frappe plus fort et retourne mieux que les autres, est encore plus impressionnant qu'a Roland Garros, c'est dire.