Editions Robert Laffont
Collection R
Traduit de l'anglais par Cécile Ardilly
Octobre 2017
355 pages
17,90 euros
Young Adult dès 14 ans
Thèmes : Amitié, Deuil, Mensonges
Quatrième de couverture : L'amitié, c'est comme une allumette...... il suffit d'une étincelle pour se brûler les doigts. J'ai sombré quand ma soeur jumelle est morte, et mes amies m'ont reconstruite, morceau par morceau. Depuis, je pensais que jamais rien ne pourrait nous séparer. Jusqu'à ce que débarque cette nouvelle fille... Entrez dans l'univers de Cat Clarke, la reine du thriller émotionnel !
La première chose que je pourrais vous dire sur Girlhood c'est que ce n'est pas mon préféré ni le meilleur roman de l'auteure (face à Cruelles et Revanche qui m'ont marqué). Pourquoi ? Et bien on commence à saisir la spécialité de Cat Clarke c'est-à-dire le thriller adolescent qui monte en tension et révèle une finale dramatique. Bien que les thèmes abordés soient importants, j'ai ressenti moins d'intensité en lisant l'histoire de Harper, soeur jumelle de Jenna. Jenna est décédée d'une crise cardiaque suite à sa maladie : l'anorexie. Harper vit dans la culpabilité constante car c'est elle qui a parlé de régime et lorsqu'elle a vu que chez Jenna cela prenait des proportions déraisonnables, il était déjà trop tard. Pour fuir la pesanteur et la morosité du climat familial, Harper décide d'aller en pensionnat, pour prendre en main sérieusement ses études. La vie se passe bien, elle se fait un groupe d'amies qui chacune ont la tête sur les épaules, ont une passion. Le courant passe. Puis arrive une nouvelle fille Kirsty. Entre Harper et Kirsty, tout de suite c'est l'harmonie émotionnelle. Elles se comprennent. Elles ont vécu les mêmes épreuves. Elles ont perdu une soeur et c'est comme si elles avaient besoin d'en trouver une autre. La complicité naît de leur douleur commune. Harper se confie, entame des conversations qu'elle n'a pas avec ses autres amies. C'est sincère, c'est profond... et non dénué de sentiments complexes voire affectifs. Jusqu'au moment où petit à petit, la cassure avec ses amies l'éloigne de tout ce qu'elle a vécu...
Plusieurs thèmes sont abordés dans Girlhood : le deuil, la culpabilité, l'amitié, l'orientation sexuelle et identitaire, la jalousie, la confiance, les rivalités, la maladie, les mensonges. Le lecteur est pris dans cette relation particulière, évoluant vers un schéma dangereux, exclusif et malsain. On sent que Kirsty n'est pas nette mais on ne sait pas de quoi il retourne vraiment. Certes il y a donc du suspense mais le climat est beaucoup moins pesant que dans les autres romans de Cat Clarke. Si je me suis attachée au personnage de Harper, je la trouve également parfois trop immature et influençable. Cela m'a dérangé. Par contre j'aime beaucoup le style d'adolescentes que décrit Cat Clarke : ce sont souvent des filles sérieuses, qui ont des passions, des passe-temps (musique, sport) et prennent à coeur leurs études. C'est un aspect très positif de l'adolescence.
Vous l'aurez compris, j'ai vu venir les ficelles de l'intrigue très vite en cernant le personnage ambigu et complexe de Kirsty mais la révélation reste tout de même poignante et déchirante. Il y a beaucoup de psychologie, si bien qu'il est impossible de lâcher le livre tellement les questions fusent, l'envie de savoir est là, entre addiction et frénésie. J'ai été bluffée, surprise par certains rebondissements et révélations qui rendent l'intrigue encore plus dramatique. J'ai beaucoup aimé ce roman pour ce côté intelligent, cette réflexion sous-jacente sur les apparences, la vraie nature de personnes que l'on croyait bien connaître et qui nous déçoivent, ce suspense captivant et divertissant et toutes ces émotions contradictoires, entières qu'il met en avant. J'ai aimé voir le processus par lequel Harper commence à voir clair dans le jeu de Kirsty.Si ce n'est pas, à mon sens, le plus abouti et le plus intense des Cat Clarke, Girlhood reste un roman YA efficace et prenant à suivre. L'écriture de Cat Clarke est sans conteste percutante, directe, franche, avec cette force de caractère qui lui est propre. A l'instar de Cruelles et Revanche, c'est que derrière son rythme efficace, addictif et cette incroyable capacité à parler de l'adolescence, il y a beaucoup de profondeur dans ses propos. La fin, bien que trop rapide, m'a bouleversé et ému.
Cette chronique est également disponible sur le blog Mirrorcle World pour lequel je suis chroniqueuse