Je propose de conclure cette série de billets sur la peine de mort en faisant le tour des arguments bateau qui reviennent sans cesse.
Il m'est arrivé d'entendre que les meurtriers coûtaient cher à la société. Les nourrir à rien faire dans une prison haute sécurité coûterait de l'argent. C'est vrai. Mais il se trouve que la peine de mort coûte encore plus cher que la prison à vie. Ce calcul a été fait aux États Unis. La mise à mort seule n'est pas nécessairement si chère, mais les voies de recours le sont. Alors quoi ? Faudrait-il tuer tous les condamnés sans laisser de place au doute ? Qui est le plus barbare dans l'histoire ? Celui qui tue par passion ? Ou la société qui tuerait en se pinçant le nez ?
Malgré ces recours, le nombre d'erreurs judiciaires aux USA est effrayant. On en compte plus d'une centaine sur les macchabées produits par la justice des États-Unis. Il n'est pas pensable d'imaginer une justice qui ne se tromperait jamais. J'entends parfois dire qu'on pourrait au moins tuer quand on est sûr du coupable. Mais comment peut-on l'être à ce point, si les jugements dépassionnés sont faits par des personnes étrangères aux faits ? Sur la base des déclarations des victimes, tourmentées par leur ressentiment ?
Le mode de mise à mort est probablement aussi un problème. On ne supprime pas une vie simplement en appuyant sur un bouton. L'actualité regorge de mise à mort ratées, horribles, où le condamné hurlait et souffrait pendant des dizaines de minutes au point que les familles des victimes suppliaient pour l'arrêt de la procédure. On regrettera parfois la guillotine, un moindre mal jugé trop barbare aux États-Unis. C'est là qu'on comprend qu'une mort, c'est toujours sale.
Le dernier argument concerne l'idée que la peine de mort serait dissuasive. Les États Unis sont un bon terrain d'étude sur ce point. On n'a observé aucune reprise de criminalité dans les états qui avaient aboli la peine de mort. La tendance serait même un peu à la baisse. La raison est que les criminels n'ayant plus rien à perdre avant de se faire arrêter et risquer la peine capitale, ils auraient carte blanche pour le massacre si ça peut les sortir d'affaire.
Alors évidemment, il est vrai qu'un mort ne recommence pas. On est ici dans l'argument médical. On préjuge que le condamné aurait recommencé. Et même si c'était statistiquement vrai, aurait-on le droit de tuer un coupable, alors que précisément celui-ci ne récidiverait pas ? Il est impossible de savoir à l'avance qui sera honnête ou non.
Le doute doit toujours bénéficier à l'accusé.
Vous pouvez relire les autres billets sur la peine de mort ici : 1, 2, 3 et 4.