ÉCRIRE ne veut pas travailler.
Écrire nous travaille.
Écrire refuse d'aller au travail, de se mettre au travail. Il ne veut pas s'asseoir à son bureau, remplir ses heures, et boire un whisky sa journée faite. Écrire voudrait ne rien foutre, que ce qu'il a envie de faire, quand il exige de le faire. On voit bien par là que c'est un enfant. Un petit anarchiste qui ne veut d'aucune contrainte — que les siennes. Et c'est sa première contrainte : ne rien faire. Tant qu'il le peut, celui qui abrite Écrire (enfin, c'est plutôt qu'Écrire s'est installé chez lui) contourne cette exigence première : il répond à d'urgentes tâches, se met à ranger, nettoyer, ou il prépare de la nourriture, ou encore il répare.
Il ne sait pas qu'il obéit ainsi à Écrire. Qui aime bien les gestes pratiques qui visent à ne pas lui ouvrir la porte, le repousser, le tenir à bonne distance et ce faisant préparent son accueil, dégagent l'espace de son attente. Écrire aime bien qu'on s'occupe. À certaines occupations. Pendant ce temps-là, Écrire invente son travail.
Christiane Veschambre, Écrire. Un caractère. Editions Isabelle Sauvage, 2018, 80 p., 14€
Fiche du livre sur le site de l’éditeur, avec une belle note de présentation.