La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé, jeudi 3 juillet, qu'elle augmentait son principal taux directeur d'un quart de point à 4,25 %. Rappelons pour
simplifier que le taux de refinancement détermine le coût du crédit que les banques s'accordent entre-elles lorsqu'elles ont ebsoin de liquidité. Ainsi, on comprend immédiatement que
l'augmentation de ce coût implique, en général, une augmentation du coût du crédit en zone euro pour les particuliers et les entreprises.
Et c'est justement la raison pour laquelle cette décision de la BCE est controversée. En effet, elle intervient à un moment où l'économie montre des signes de faiblesse de plus en plus marqués :
ralentissement des exportations, hausse de l'euro, baisse de l'activité industrielle et de la consommation, etc. Cette hausse agace visiblement beaucoup les dirigeants politiques puisque
notre omniprésident a suggéré à la BCE de "se poser la question de la croissance économique en Europe et pas simplement de l'inflation". Plus surprenant, l'Allemagne – pourtant attachée
à l'indépendance de la BCE – a fait état de son inquiétude par la voix de son ministre des finances, Peer Steinbrück !
Mais pourquoi la BCE a-t-elle donc relevé son taux directeur au vu des risques sur la croissance ? Tout simplement parce qu'elle applique exactement le mandat qu'elle a reçu du Traité de
Maastricht. Celui-ci lui confie à la BCE, en vertu de l’article 105, pour objectif principal la stabilité des prix dans la zone euro. Ceci est évidemment à l'antipode de la banque centrale
américaine (FED) qui, quant à elle, a pour objectifs la stabilité des prix et la croissance ! Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, l'a d'ailleurs clairement rappelé lors de sa
conférence de presse. Il a notamment indiqué que le relèvement du principal taux directeur vise à "contrer les risques de surchauffe inflationniste et prévenir les dangers d'effets de
second tour" (i.e un emballement généralisé et durable des prix via des hausses salariales). Et il poursuit en déclarant que "le conseil des gouverneurs reste fermement déterminé" à
combattre les risques de dérapage des prix et réaffirme que la lutte contre l'inflation reste sa priorité".
Je suis persuadé depuis longtemps que la BCE devrait s'occuper de la stabilité des prix et de la croissance. Ce serait une évolution souhaitable. Mais la réaction des politiques ces dernières
années n'est, quant à elle, finalement que pure tartufferie. En effet, ce sont les mêmes qui ont ratifié le Traité de Maastricht (qui a donné naissance à la BCE notamment...) qui aujourd'hui
critiquent son mode de fonctionnement !