Nouveau genre, nouvelle génération qu'on appelle sans gêne, parce qu'ils ne se gênent pas pour nous signifier qu'ils sont atypiques ou hors normes.
Ils sont autres que les autres... Figures d'une altérité nouvelle sur le plan existentiel ou relationnel... aussi spirituels que leur vingt et unième siècle.
Les 4 cavaliers de l'apocalypse n'y vont pas par quatre chemins, ils sont sans complexe, ils veulent paraître ce qu'ils sont et ne pas mordre aux vieux hameçons.
Rien que leur nom désigne tout un mode de gouvernement, Macron, Le Pen, Wauquiez et Besancenot, font de l'ancien avec le nouveau et du nouveau avec de l'ancien en même temps et hors du temps.
Car c'est dans leur tête qu'ils parcourent la planète ou situent leur conquête.
Quatre temps pour battre politiquement la mesure, quatre saisons pour débattre du dérèglement climatique, quatre éléments pour combattre le vide idéologique.
Pour bien les cerner, j'ai choisi le verbe "marcher" pour discerner le sens de leur démarche... leur portée sur l'échiquier politique.
- En premier, celui qui a bénéficié de nos suffrages pour être à la page : MACRON. L'homme du verbe devenu du jour au lendemain l'adverbe le plus prometteur : "En marche"... pour dire qu'il est en mouvement ou qu'il met en mouvement... qu'il meut autant qu'il nous émeut... motion et émotion vont main dans la main. Il bouge et veut faire bouger les lignes ou les signes.
Avec lui, on est censé, avec les mêmes yeux, voir les choses autrement... faire les choses autrement. Et donc dire les choses autrement même s'il s'agit toujours des mêmes choses. Car pour lui, la politique n'est pas une science mais une efficience. Non pas une langue morte, mais une langue vivante qui pour être toujours valable, n'hésite pas à changer ses vocables... elle se réalise en transformant ses vocalises... jusqu'à rendre supportable, l'insupportable... On marche vers le progrès pour ne pas avoir de regret... c'est agréable.
Mais en vérité, le verbe marcher a deux autres acceptions, deux autres significations cachées ou occultées...
C'est d'abord ce qui nous fait marcher c'est à dire le discours approprié, sur mesure, adapté... et c'est ensuite cultiver ou vouer un culte à tout ce qui marche, réussit ou aboutit. Et dans un cas comme dans l'autre, il suffit d'être efficace... mélange savant et savoureux entre opportunisme et pragmatisme. On ne se casse plus la tête, on casse la baraque... on ne donne l'accès qu'à ceux qui ont du succès... les winners aussi bien pour l'épicier que pour le banquier... la culture de la gagne ou le bagne ! Neuilly ou Bagnolet...
- En deuxième, il y a la belle au bois dormant : MARION Maréchal Le Pen... la voici, nous voilà.
Elle a la même prestance mais une toute autre exigence. Elle marche mais à reculons, elle veut elle aussi, aller de l'avant mais en passant par derrière.
Pour elle, ce qui détermine la marche ce n'est pas l'action de marcher mais la raison qui nous fait marcher. Ce n'est pas le mouvement mais le fondement du mouvement.
Non point l'horizon mais la maison, notre maison. Le petit village, le doux visage, notre ancrage... notre nation. Autrement dit, notre origine est aussi importante que notre destination.
Pour savoir où l'on va, il faut savoir d'où l'on vient... et pour que notre marche soit triomphale, il faut qu'elle soit subordonnée à notre idéal, non point universaliste mais régionaliste voire nationaliste...
Pour que ça marche, il ne faut pas intégrer n'importe quel marcheur ou démarcheur mais des hommes et des femmes qui aspirent aux mêmes valeurs : notamment celle de la patrie y compris pour le chauffeur de taxi.
Avant de songer à la famine, Marion songe à sa famille, à ses frères et sœurs de chair et de sang qui savent ce que c'est qu'une mère-patrie, qui ne marchent pas pour marcher, ni pour obéir à la loi du marché, mais pour créer un nouveau marché, celui des valeurs non marchandes : travail, famille patrie.
- En troisième, Laurent WAUQUIEZ est celui qui pose le moins de problème. Et même s'il y croit, personne ne le croit avec le cadavre de la droite sur les bras. Il marche seul, c'est Goldman, avec cynisme et sans lyrisme. C'est le nouveau Jésus qui crie dans le désert : lève-toi et marche et qui s'enfonce petit à petit dans ses sables émouvants. Il rêve de résurrection, de mouvement résurrectionnel voire sensationnel mais il est bien le seul à aimer ce qu'il fait et le seul à être satisfait parce qu'il n'a toujours pas compris que sa partie est terminée, et malgré sa tchatche, il ne peut refaire le match.
C'est l'enfant du vide et de la nuit, il est né de leur rencontre. C'est le fruit de leurs amours. Dans son oreille, il entend la chanson de Liverpool " tu ne marcheras jamais seul". Et il continue de marcher en se disant qu'il n'est pas le seul à être seul... rêverie d'un promeneur solitaire. S'il n'existait pas on ne s'en apercevrait même pas.
- En quatrième, il y a Olivier BESANCENOT... le postier qui marche en espérant avoir toujours une bonne nouvelle dans son escarcelle. Lui a tout compris à l'essence de la tromperie. C'est le seul à dire qu'il ne faut pas marcher pour que ça marche, qu'il faut même rompre la marche de ceux qui marchent pour prétendre à l'arche de Noé.
Il sait que la vérité n'est plus du tout de mise en politique, que l'erreur seule est souveraine...
Que pour la véritable contestation, il n'y a plus d'adeptes... l'évolution a pris le pas sur la Révolution. Il n'y a plus que l'argent pour faire bouger les gens.
C'est la loi du petit nombre qui a éclipsé le plus grand nombre. Le peuple est mort, vive le peuple !
Tout le monde sait que tout le monde ment dans l'indifférence générale.
Auteur interprète : Emeline Becuwe
Scénario : Emeline Becuwe
Actrice : Emeline Becuwe