Aux vues des futurs problèmes de retraite, même s’il n’y a plus de guerre, j’ai pris mes dispositions pour ne
pas avoir à me battre en retraite. Mieux vaut assurer ses arrières et anticiper les longs hivers rigoureux à venir en déposant de quoi rester au chaud, on ne sait jamais !
Aussi je suis allé à la caisse des pagnes !
L’écureuil n’est pas si accueillant qu’on veut bien le dire ; à peine descendu de son arbre et de sa condescendance, il me taillait un costard et tentait de me
cravater.
Apparemment, il n’était pas d’accord sur le type d’affaires que nous devions traiter.
Mes affaires, à savoir des vêtements, n’étaient pas de son goût ; il ne devait pas avoir le sens des affaires ou tout du moins refusait les vieilles
affaires.
Une odeur fétide se dégageait de sa bouche, j’ai aussitôt compris qu’au fil de l’haleine sa gorge était en rouet.
A force de s’asseoir sur des noisettes, il les digérait mal, me suis-je dit !
Je lui sortis alors mes bas de laine, sous le manteau, ce qui lui redonna le sourire.
Il me dit alors : ah ben voilà, c’est haut de chausse !
Je lui dis : non non, ce sont des bas de laine.
En constatant la qualité du rembourrage, il me dit :
Ça a dû marcher pour vous ?
Ben oui, lui fis-je, ce genre de vêtement ça aide !
A ce moment précis je commençais à me sentir mieux dans mes souliers. En rigolant, je lui dis :
Désolé, je n’ai pas pu vous remettre de chèque mais vous avez tout de même le talon !
Il n’a pas rigolé, je vous fiche mon billet qu’il n’a pas compris.
Il a aussitôt extrait le jus des chaussettes, les liquidités donc, en arborant un sourire que seuls les écureuils possèdent en cette saison.
Je lui dis : j’espère que ça va me rapporter parce que là, je me retrouve en slip !
Il me dit : dans ce cas, allez Porte Maillot, notre agence vous rhabillera pour l’hiver !
Il extrait alors un papier d’une chemise, pensant me moucher.
Après tout, il ne voulait pas me laisser sans papier et m’essuyer tout risque de faire ceinture aux âges du relâchement.
Je ne persistai pas et signai le bas du papier.
Bien culotté, il me dit : pour aller porte Maillot, prenez cette bretelle puis vous remontez à gauche puis à droite et une fois à l’agence vous demandez
Monsieur Atrou Marcel, ce sera votre soutien sinon voyez Georges ou encore Robert.
Par dessus ; il en remit une couche et me suggéra les assurances Continent, anecdote à noter dans les annales.
Finalement je suis allé à ce lieux de rendez-vous et curieusement, ils ne l’appellent pas caisse de retraite mais maison de retraite….
Ah pas facile de vieillir….