Quand on (le Fooding, Télérama Sortir et pleins de copains) me dit vas-y c'est tout bon, en général j'y vais, et puis j'en ressors ravie d'y être allée. Mais là, pour un tas de petites raisons que je vais t'expliquer, j'ai pas franchement envie de te conseiller ce fameux Café Otto, la cafète du Bal, un lieu culturel indépendant créé par Raymond Depardon et Diane Dufour. Alors installe-toi deux minutes, je te raconte. D'abord, il s'agit d'un de ces brunchs pour lesquels quelque soit l'heure (même en tout début de service), on ne te laisse aucune possibilité de réserver et où tu dois te rendre sur place pour t'offrir la chance de te mettre sur une liste d'attente, puis celle de poireauter (10 minutes officielles mais en réalité plutôt 40) puis celle d'être serré(e) comme une sardine dans une salle plus blindée tu meurs (j'ai dû ramper sous la table pour aller aux toilettes : j'hésite entre ultra cool et un peu nase). Ensuite, c'est le genre de plan où tout est à la carte, où n'importe quelle bricole est trop chère pour ce qu'elle est, et où à chaque fois que tu veux mettre dans ton assiette quelque chose d'un tant soit peu plus consistant que de la salade ou du yaourt (du bacon ou de la saucisse par exemple), on te fait - toujours très gentiment - raquer en supplément. Je passe rapidos sur le fait que t'es toujours en train de redemander une carafe d'eau ou une corbeille de pain parce qu'on te les file au compte-goutte pour te faire sentir combien c'est pas payant. Pour suivre, c'est le style de carte dans laquelle tu peux piocher des trucs géniaux (les trois "pancakes aux lait fermenté, à la whipped ricotta et aux myrtilles sauvages sautées, miel et thym" à 12 € - plus 3 € si tu veux du bacon : aussi yummy que tasty) comme des trucs bof (l'assiette "Frühstück", 1 oeuf mollet - bon -, quelques gouttes d'huile d'olive au thym - ok -, une méga dose de jambon de Paris - bon mais pas ouf -, quelques fines tranches d'Abondance - très bon -, 10 g de bon beurre, 1/2 d'avocat - good -, 1 cuillère à café de faisselle aux herbes et 1 autre de marmelade d'oranges - un peu ratchou mais bon -, et une micro tranche de brioche - très ratchou mais passons-, le tout à 16,50 € : tout ça pour ça, on se rencarde à Berlin et on n'en reparle). Pour finir, c'est le genre de lieu où tu ne t'attends pas à tomber sur un truc vraiment dégueulasse mais où ça t'arrive quand même (un cookie sans gras ni sucre ni goût, sec, friable, et carrément brûlé sur le côté), et où quand tu demandes au boss de te dire ce qu'il en pense parce que toi et toute ta table vous ne trouvez vraiment pas ça bon, il revient en te disant qu'il trouve ça tip top, qu'il faut que tu t'ouvres davantage l'esprit en matière de cookies, et qu'il t'offre une mesquine demie entame de banana bread pas bon pour te faire avaler ta pilule. Tu l'auras compris, ce milieu de dimanche au milieu du 18ème, c'était ni la cata ni ma came.
Café Otto (le Bal)
6 impasse de la Défense, 75018 Paris
01 44 70 75 51