Hier, dimanche, nous étions parmi les nombreux témoins qui ont assisté à l’accident dans la combe de Bostan. L’avalanche a coûté la vie à une personne (voir cet article du Dauphiné Libéré, même si se référer à ce média donne peu de garanties malheureusement, d’ailleurs fuyez leur page Facebook, c’est Paris Match!). L’idée de ce post n’est pas de donner des leçons, mais de partager ce que nous sommes nombreux à avoir vu et compris (ou pas) depuis l’autre versant de la combe.
Météo France donnait un risque d’avalanche niveau 4, évoluant à 3 en cours de journée. C’est l’occasion pour nous d’aller skier la Tête de Bostan, puis de manger à la terrasse du refuge, presque une tradition. Les diots et la polente ça passe toujours très bien après 1300m de dénivelé. La Tête de Bostan est une course de ski de randonnée classique où l’on n’emprunte que quelques talus très courts dont la pente est supérieure à 30 degrés (voir cet article sur l’outil Geoportail des pentes).
En sortant de la forêt je remarque tout de suite une plaque partie sur plusieurs épaisseurs décalées, en rive gauche sous les Dent d’Oddaz, vers 1900m d’altitude. Après le refuge, la trace que nous suivons prend trop à gauche, contourne la Cathédrale pour passer par l’Avouille. Je bougonne car cet itinéraire rallonge la distance à parcourir et nous fait rejoindre trop tôt à mon goût le convoi de randonneurs arrivant par le col de la Golèse. Mais la neige est déjà lourde à tracer alors je choisis la facilité et on suit. Juste avant de tourner en ouest pour sortir à l’Avouille, nous voyons une puis deux personnes remonter une contre-pente en face de nous. Cette pente est de la même orientation que celle où la plaque est partie plus bas. Ces deux personnes coupent la base de la pente en oblique, cette pente semble à coup sûr chargées de neige apportées par le vent de SW qui a soufflé très fort depuis deux jours. D’en face (1.5km à vol d’oiseau environ), on voit nettement les accumulations. Je suis convaincu que la pente va partir.
En sortant à l’Avouille, 5 ou 10 minutes plus tard, un attroupement de skieurs regarde en face…, et appelle les secours car la pente est partie! L’avalanche a emporté les 2 skieurs, qui, nous l’apprendront plus tard, sont des raquetteurs. Je zoom avec mon appareil photo qui est relativement puissant, mais je ne vois que du blanc dans l’avalanche. Ils nous faudrait probablement 45 minutes pour descendre et remonter en face sur le lieu de l’accident. L’avalanche est partie à 11h35 environ, l’hélicoptère pose les premiers secouristes à 12h10.
Nous avons désormais une vue globale de la rive gauche de la combe, du Tuet aux Dents Blanches. Nous pouvons remarquer d’autres départs spontanés de plaques à vent, sous la Corne au Taureau, dans la même orientation que la pente où l’avalanche vient d’être déclenchée, à une altitude à peine supérieure (voir photos ci-dessus). Les raquetteurs venaient du col de Bostan j’imagine, et ils sont passés sous ces avalanches. C’est vraiment triste de na pas avoir su lire ces signes plutôt clairs de danger. Et puis en face la neige était lourde certes, nous n’étions pas seuls, mais on était bien au soleil, dans des pentes sûres… Je me suis demandé si nous aurions dû traverser et remonter en face pour tenter de secourir les personnes ensevelies. Sachant qu’aucunes d’entre elles ne portait de DVA, nous n’aurions rien pu faire de toute façon. Seuls les chiens d’avalanche peuvent faire quelque chose dans une telle configuration.
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