Angoulême 2018 - Rencontre avec Sonny Liew, l'auteur de « La vie dessinée de Charlie Chan Hok Chye »

Publié le 05 mars 2018 par 7bd @7BD
Avez-vous déjà entendu parler de BD singapourienne ? Ou eu la chance de rencontrer des auteurs venus de Singapour vous parler de leur carrière et de leur travail ? 
Et bien lors du FIBD 2018, au théâtre d’Angoulême, j’ai eu le plaisir de découvrir l’œuvre et le parcours de Sonny Liew, l’auteur de « la vie dessinée de Charlie Chan Hok Chye » lors d’une rencontre animée par Paul Gravett. A leurs côtés, un traducteur compétent et sympathique assurait la transition entre ces deux anglophones et le public Français de l’assistance (qui comportait également des anglophones, précisons-le).
Cette vie dessinée de Charlie Chan a été au départ éditée à mille exemplaires chez Epigram, à Singapour. Puis le succès est venu avec l'incroyable récompense : trois Eisner Awards ! Et la BD a été exportée à l’étranger. En France, c’est Urban Graphics qui édite la version traduite dans la langue de Molière. Cette BD raconte l’histoire de Charlie Chan (ça, vous l'auriez deviné), vieux dessinateur de BD à Singapour. Au long de sa longue carrière, ce sont cinquante ans d’histoire de son pays qui sont parcourus à travers différents styles graphiques. Paul Gravett met Sonny Liew à l’aise et nous remontons avec eux bien plus loin que la genèse du projet, puisque, à l’aide de photos, nous découvrons Sonny Liew... enfant.

Sonny et sa sœur, enfants
Sonny nous raconte qu’il est né en Malaisie et qu’à l’âge de cinq ans, avec sa sœur alors âgée de six ans, ils ont été envoyés à Singapour pour recevoir une meilleure éducation. Sonny précise que les photos présentées ont été prises en Malaisie. 

Comment Paul Gravett a-t-il bien pu se procurer le premier dessin de Sonny Liew ?
Paul présente alors les premières œuvres de Sonny... Et l’auteur d’ajouter, avec humour, que ces planches de SF sont sans doute ses meilleurs travaux.

Un crayonné sur une feuille volante... Là aussi, on remonte à loin dans le temps
Sonny explique qu’il a toujours aimé dessiner même s’il n’a reçu aucune formation spécifique. Sa matière préférée était l’Anglais, et même s’il avait un certain sens de l’abstraction, il n’avait aucune prédilection particulière pour les mathématiques. 
Quand Paul lui demande pourquoi Cambridge, Sonny répond qu’à la fin du lycée, lorsqu'on passe l’équivalent du baccalauréat à Singapour, il y a possibilité d’aller étudier à Oxford, Cambridge ou dans les meilleures écoles des côtes ouest et est des USA. Sonny a préféré Cambridge où il a opté pour des études de philosophie. Là, il se penche sur les penseurs Anglais, les philosophes Français étant peu estimés outre manche (en tout cas, à Cambridge, faut croire).
Paul soulève la question du choix de ce cursus philosophique.
Sonny répond qu’il ne savait pas trop quoi faire de sa vie, la philosophie devait lui apporter des réponses. Mais au final, à défaut de réponses, il a appris à se poser de meilleures questions. Ces études ont duré de 1993 à 1996. Pendant ces années, il a également pratiqué avec plaisir le foot, l’athlétisme, le hockey et, sans grand succès, précise-t-il toujours avec humour, le canotage ! Il enchaîne sur sa deuxième année à Cambridge, où il a réalisé sa première BD sous forme de strips. En rentrant à Singapour, il l’a proposée à des journaux locaux, et une de ces revues a accepté de lui acheter chaque strip trente-cinq dollars.
 La faculté, Cambridge, les années du premier strip... Sonny a choisi ce format de quatre cases car il ne savait pas ce qu’il faisait, il ne connaissait pas les codes du strip. Ses inspirations étaient Calvin et Hobbes (les incontournables, je me permets de l'ajouter) mais il adorait aussi les films d’horreur, d’où la présence de cette créature de Frankenstein, qui symbolisait également la tendance du gouvernement de Singapour à lobotomiser le cerveau…
Paul demande si Sonny a déjà conscience à cette époque que s’exprimer librement à Singapour était compliqué.
Sonny répond oui. D’ailleurs, après ce premier succès, il a continué ces strips à Cambridge. Le journal de Singapour lui a demandé d'en refaire deux. Malheureusement, avec le rythme de ses études, il n’avait pas le temps de reprendre ces dessins. La collaboration s'est alors arrêtée d'un commun accord.

Une anthologie à la couverture... mémorable
Paul présente l’anthologie des strips de Sonny, regroupés et réédités en intégrale.
Malgré l’annotation à double sens de la page de titre (incomplete and abridged), Sonny explique qu’il n’y a pas eu de censure sur cette anthologie. Mais il a compris l’importance de tout contrôler sur le plan créatif. En regardant la photo, il nous confirme que cette couverture réalisée avec un photoshop de basse qualité ne l’a guère enchanté. Mais faire de la BD lui a donné envie de lire de la BD et il découvre à cette époque Daniel Clowes et Chester Brown, auteurs indépendants qui proposent des comics intéressants. Il décroche avec succès son diplôme de philosophie. Et après cette expérience de strips rémunérés, Sonny est convaincu qu’il doit dessiner des comics, ou du moins faire quelque chose de créatif. Il travaille un an à réaliser des illustrations pour des CD-rom éducatifs. Rappelez-vous, 1996, le CD-Rom, en ces temps-là, c’était l’avenir !
Paul lui demande quel était l’état de l’industrie de la BD à Singapour.
Sonny répond qu’il n’y a pas d’économie de la BD à Singapour, il n’y a pas de formation, peu ou pas d’exemples pour apprendre, la plupart des BD sont auto-publiées.
Paul conclut qu’il a manqué à Sonny de rencontrer un artiste établi expérimenté, comme... Charlie Chan, le héros de sa BD. 
Sonny hoche la tête, ajoutant qu’effectivement, il n’y en avait pas à l’époque. Heureusement, sa sœur qui étudiait aux Etats-Unis, sachant la passion de Sonny pour le dessin, est revenue à Singapour avec une ribambelle de prospectus d’écoles d’arts américaines. Et voilà donc Sonny qui prépare un dossier pour finalement intégrer la Rhode Island School of Design.
 Le logo de la Rhode Island Schol of Design Là, il a appris à peindre. La couleur l’intéressait énormément. Il a étudié beaucoup d’arts graphiques. On lui a proposé un stage de sculpture qu’il a décliné pour ne pas s’éloigner de son but.
 "Bloody Ejiet", la légende appropriée.
Paul présente cette peinture à l’huile de Sonny inspiré des Comics d’horreur de la maison EC Comics. L’auteur s’empresse de préciser que le commentaire (Stupid Idiot) s’adressait non à la créature dessinée mais bien à lui-même, l’artiste, pour lui rappeler de savoir prendre une certaine distance. 

Autoportrait en pleine action(s)
Puis Paul présente un autoportrait de Sonny, y sentant quelque chose de Lucian Freud. Sonny précise qu’il pensait plus à un autre artiste qui savait faire de la SF sans tomber dans les codes convenus. Avec humour, il ajoute qu’il ne pouvait pas payer de modèle, donc il prenait la pose lui-même. Et s’il s’est rasé la tête, c’était pour ne pas avoir à dessiner des cheveux. 
 Dessiner d'après photo... et recréer un autre monde !  Sonny explique que l’école ne cherchait pas à lui imposer un style ou à l’entraîner forcément dans l’abstraction. Il a pu développer ses envies et travailler sur des œuvres vraiment personnelles. D'où sans doute cette scène plutôt SF. C’est d’ailleurs à l’école qu’il commence Malinky Robot (paru aux éditions Paquet en France).

"Malinky robot", première BD publiée de Sonny, hors strips bien sûr...
Paul constate que son intérêt pour la SF et pour le cartoon se retrouvent combinés ensemble dans cette œuvre qui l’a fait connaître. 
Sonny raconte qu’il a eu comme professeur David Mazuchelli (rappelez-vous Batman Year One, ou si ce titre ne vous dit rien, foncez le lire), qui a été le premier à lui expliquer comment aller dans la BD. Il parlait en cours du roman graphique sur lequel il travaillait. On ne pouvait suivre ce cours qu’une seule fois mais nombreux ont été ceux qui biaisaient pour y retourner. C’est Mazzuchelli qui lui a recommandé d'aller au Comic Con de San Diego. Aussi, Sonny s’exécute et y rencontre un auteur en dédicace. Le jeune artiste en formation lui présente son book et l’homme, lassé de signer et dédicacer, l’invite à prendre un café et lui présente quelques personnes du monde du comics. Sonny est aux anges. Il découvre après coup que cette main tendue était celle de Chris Claremont, un des grands scénaristes des X-Men chez Marvel. Certes, en 2010, quand Sonny l'a revu, Chris ne se rappelait pas de lui. Mais le geste était là ! C'était le plus important.
Paul demande si le but de Sonny était de faire un « run » chez Marvel.
En réalité, Sonny voulait juste trouver du travail dans la bande dessinée.
 "My Faith in Frankie", entrée de Sonny chez Vertigo C’est là qu’il a développé un projet de série soft pour image/vertigo, une BD faisant intervenir la mythologie et les déesses. Il réalisait les dessins mais pas le scénario. L’éditeur lui a expliqué que son niveau d’encrage n’était pas au top et qu’un autre allait encrer. Sonny se chargerait uniquement des crayonnés. Le jeune homme avait conscience qu’il pouvait encrer une case, une page, mais pas vingt-deux pages. Il ne l’a pas mal pris et continue d’ailleurs encore maintenant d'améliorer son encrage. Aujourd’hui, il encre mieux même si ce n'est pas parfait mais il compense cela en poussant son crayonné à l’extrême et pour utiliser ensuite les couleurs numériques. Il se garde la possibilité de recourir à cette technique. 
 Surrogates, un des projets refusés par Sonny Sonny raconte qu’on lui a proposé un scénario à la Blade Runner, mais qu'il a trouvé moins bien que le film. Il a refusé de travailler sur ce projet qui devint Surrogates. Sonny ajoute qu’un artiste doit faire des choix, accepter ou refuser des projets.
Paul rappelle que Sonny exprimait précédemment l’envie de garder le contrôle sur tout l’aspect créatif. Cela a-t-il pris du temps pour y arriver ? Comme Mazzuchelli avec Miller, a-t-il du réaliser des collaborations pour ensuite être libre de porter un projet seul ?
Sonny raconte que cela a été très difficile. Ça a pris beaucoup de temps. Personne ne semblait trouver qu’il était capable de porter un projet tout seul, au dessin et à l’écriture. Ce ne fut possible qu’avec Charlie Chan. Et avant d’en arriver là, il y eut plusieurs collaborations. Comme celle sur Shadow Hero avec Gene Yuen Lang.

"Shadow Hero", une BD publiée en France chez Urban 
Avec ce super-héros d’origine asiatique, Sonny voulait faire référence au Green Turtle, super-héros original de Chu Hing. Ce fut le premier super-héros chinois. C’était la volonté de Hing, raconte Sonny. Mais son éditeur s’y était opposé, il fallait plutôt un occidental. Chu Hing décida alors de ne jamais dessiner le héros de face sans son masque, afin qu’on ne voit jamais vraiment son visage. 
Paul demande comment Sonny s’est ensuite retrouvé sur Doctor Fate, grande série mainstream de DC Comics.
 Des planches issues de Doctor Fate, chez DC
Le projet lui a été proposé par Paul Levitz. Il voulait ressusciter le Doctor Fate sous une forme égypto-américaine. Paul sentait que Sonny Liew était capable de cela suite à son travail sur Shadow Hero. Cette carte d'artiste DC était intéressante pour lui. 
Paul demande alors quand a commencé le travail sur Charlie Chan.
Sonny répond dès la création de Shadow Hero ! Développer Charlie Chan a pris du temps. Il y a eu des galop d'essais. Paul montre une photo de strips.
 les vagues prémisses de Charlie Chan ?
Effectivement, pour ces strips, Sonny explique qu'il s'agit de trois amis racontant une histoire selon leur point de vue. Et donc, pour chacun d'eux, Sonny Liew a pris un style graphique différent. Ce travail pour Charlie Chan, cette intégration d'éléments différents, tout cela a été influencé par deux auteurs majeurs pour lui : Chris Ware et Daniel Clowes. Sur la couverture de Charlie Chan, Paul note qu'il est indiqué « présenté par Sonny Liew » et non « scénario de Sonny Liew ».
 Les premiers mots de Charlie Chan...
Sonny explique qu'effectivement, il a présenté ce travail comme étant la monographie d'un grand artiste de Singapour. Il s'est posé la question : Devait-il révéler le pot aux roses à la fin de l'histoire ? Et finalement, il a décidé que non. L'idée de départ était de raconter cinquante ans de l'histoire de Singapour mais de le faire paraître comme étant autre chose qu'un commentaire historique. Charlie Chan est donc un personnage-façade permettant d'aborder, en toile de fond, l'histoire de ce pays. Pour réussir à faire cela, Sonny Liew a redécouvert l'histoire de son pays. Singapour est régi par un gouvernement unique depuis cinquante ans. Il y a une telle masse de documents sur l'histoire officielle que l'on ne peut même pas penser à douter. Mais il existe des livres sur la véritable histoire et Sonny Liew est parvenu à les trouver. Et là, il a découvert par exemple comment un leader syndicaliste important a été effacé de l'histoire officielle de Singapour. Il a conclu qu'il fallait reparler de tout cela.
D'un point de vue technique, Paul demande comment s'est faite l'approche graphique, d'un côté super-héros et de l'autre plutôt Mad Magazine.
Sonny Liew voulait contextualiser ces périodes par des styles de BD précis qui permettaient aux lecteurs de savoir sur quelles époques ils se situent, grâce aux genres graphiques utilisés.
 Un des styles graphiques utilisés par Sonny dans Charlie Chan
Paul aimerait savoir comment Sonny est-il parvenu à faire éditer ce projet très ambitieux. A Singapour en plus ! 
Sonny avait cette idée de BD depuis 2010 mais il ne trouvait pas d'éditeur. Il a découvert alors qu'une agence gouvernementale, la MDA, avait décidé de consacrer un budget de cent cinquante mille dollars (Singapouriens) pour soutenir cinq projets BD. Il fallait réaliser la BD en un an. Sonny fut sélectionné par Epigram, éditeur Singapourien qui a décroché cette subvention. Mais Sonny a mis plus d'un an a réalisé sa BD et du coup, l'agence a retiré son fond. Sonny a rebondi et demandé à un autre organisme une subvention et il a pu récupérer ainsi huit mille dollars (singapouriens toujours). Sonny a pu terminer son travail. Mais l'organisme a lu le livre et n'a pas aimé du tout le message sous-jacent et ils ont récupéré leur mise. Ils ont même, attitude rare, communiqué à l'encontre de cette BD ! Heureusement, cela a créé un buzz positif pour « la Vie dessinée de Charlie Chan Hok Chye » qui a permis de vendre plus de livres.
 Réaction du gouvernement singapourien... Paul enchaîne en évoquant la victoire de cette BD aux Eisner Awards, récompense prestigieuse internationale. Cela a permis de voir la BD traduite en plusieurs langues, Français (Chez Urban), Anglais, Italien, Brésilien, Chinois et Taïwanais, entre autres. Sonny fut même sélectionné parmi les dix singapouriens de l'année. Mais il ajoute avec humour qu'il ne gagnera pas car de toute façon, en face de lui, se trouve un véritable aventurier, amputé des deux jambes après un accident, devenu champion paraolympique et victime d'un cancer qui lui a coûté un œil. 
 Quand même, 3 Eisner Awards ! Pour la même BD !
Paul demande alors quels sont les prochains projets de Sonny.
Le jeune artiste œuvre comme scénariste sur Young Animals chez DC. Comme dessinateur, Charlie Chan l'a laissé vidé. Le prochain projet qu'il voudrait faire entièrement portera sur le capitalisme. Il a envie d'en apprendre plus à ce sujet car ses connaissances actuelles sont insuffisantes pour traiter un tel bloc ! C'est d'ailleurs dans les méthodes d'apprentissage et de recherche que ses études en philosophie l'ont aidé.

Sonny Liew a œuvré sur d'autres BD que celles évoquées dans cet échange, comme Wonderland par exemple...
Paul ajoute que cela se ressent aussi dans sa manière de traiter les sujets. Pas de colère, de diatribes, de didactisme, et surtout pas de réponses simples. Sonny accepte humblement le compliment. Paul enchaîne en demandant si le titre de sa BD fait référence au détective de fiction Charlie Chan.
Sonny répond « oui et non ». Il explique qu'en fait, la référence est adressée au film de Wayne Wang « Charlie Chan a disparu » où, au cours de l'enquête pour le retrouver, on entend des témoignages variés et différents. Ce qui lui a donné l'idée des styles graphiques changeants. Et puis cela permettait aussi de rendre compte de la multiplicité des interprétations. Et le nom « Charlie Chan Hok Chye » permettait d'avoir des consonances singapouriennes dans le titre.
Paul demande si Sonny a travaillé avec des galeries d'arts.
L'auteur explique qu'il a répondu à une commande d'une grande galerie nationale pour travailler sur un artiste qui lui a plu. Mais lui-même n'a pas été exposé à Singapour. 
 Sonny Liew à l'écoute des questions du public... S'ensuivent des échanges avec le public dont voici quelques questions (et réponses de Sonny). Une personne demande comment Sonny s'est retrouvé sur le projet Shadow Hero de Gene Yuen Lang et l'explication du choix d'un personnage Chinois. Sonny raconte que Shadow Hero était le projet de Gene mais qu'il prétendait ne pas avoir le style pour dessiner. Sonny, souriant, précise qu'il soupçonnait plutôt Gene de ne pas avoir le temps de le dessiner. Ils avaient déjà travaillé ensemble sur un autre projet et avaient le même état d'esprit. Voilà comment a démarré leur collaboration sur Shadow Hero. Pour le personnage asiatique, Sonny explique qu'à Singapour, il faisait partie de la majorité, il n'y avait pas de racisme ou d'ostracisme. Son arrivée aux États-Unis a été un choc. Il s'est retrouvé confronté au racisme ordinaire. Il devait réagir à cela. Et c'est ainsi qu'il a décidé de mettre en avant des personnages asiatiques, étrangers dans nombre de ses projets, comme Shadow Hero.  Pendant les échanges, nous pouvons entrevoir d'autres travaux de Sonny Une autre personne demande comment a été perçue son œuvre par le public à Singapour. Était-ce le premier livre parlant de cette manière de Singapour à Singapour ? Sonny précise que les autres livres édités à Singapour sur Singapour sont souvent pro-gouvernement et très officiels. Pour les retours, c'était simple. Il a eu des avis positifs de la part des personnes qui sont anti-gouvernement et il n'a eu aucun retour des officiels ou des personnes pro-gouvernement. Même s'il a été sélectionné pour le Singapourien de l'année, il voit cela comme une expression de l'aspect multi-facette de Singapour. Des institutions gouvernementales sont contre son projet et veulent le boycotter. Mais de l'autre côté, certaines institutions sont pour et ce choix est une manière de le dire. Ces oppositions lui plaisent. Le gouvernement est unique mais pas monolithique. Quelqu'un d'autre demande quand Sonny Liew a connu le Manga ? A Singapour ? Sonny explique que le manga était traduit en Chinois à Singapour et qu'il ne lisait pas le Chinois. Il l'a découvert assez tard dans des traductions Anglaises en Grande-Bretagne ! C'est sur ces quelques mots que se conclut cette rencontre. Avec des remerciements chaleureux à Sonny Liew pour sa gentillesse et son humilité, à Paul Gravett pour ses questions intéressantes qui nous ont fait découvrir la vie et l'oeuvre de Sonny et aussi au traducteur, compétent, impliqué et visiblement passionné par le travail de l'artiste.  De gauche à droite, le traducteur, Sonny Liew et Paul Gravett  Et pour les curieux intéressés par l'art dessiné asiatique au sens large, sachez que Paul Gravett organise « Mangasia », une exposition avec plus de trois cent planches originales venues du Japon et de toute l'Asie (certaines sont, pour la première fois, sorties de leur pays). Cet événement se tiendra en France à Nantes au « Lieu Unique » du 30 juin au 23 septembre 2018. Le catalogue de l'exposition (qui tourne actuellement en Europe) était disponible sur les stands du FIBD. L'occasion d'avoir pour la première fois une vision globale, plus large de cet art foisonnant.   Sonny Liew et Paul Gravett Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, le Festival d'Angoulême proposait une exposition sur « la vie dessinée de Charlie Chan Hok Chye » dans le théâtre d'Angoulême ! L'exposition consacrée à la BD "La vie dessinée de Charlie Chan Hok Chye" de Sonny Liew

Alors nous nous sommes dits que c'était l'occasion de vous faire découvrir quelques photos de cette petite exposition, qui vous donnait envie de vous ruer sur la BD en sortant !    Une scénographie simple qui permet la mise en avant des dessins.

Le talent de Sonny se mesure vraiment en marchant dans l'expo et en découvrant ces planches et peintures. J'ai eu parfois du mal à croire que c'est le même homme qui a réalisé tous ces dessins et qui a su prendre avec talent autant de styles différents. Imaginez :

Dessin animalier,
  dessin semi-réaliste,
dessin style comic d'action, Dessin comique, caricatural,
dessin à la Disney (regardez bien ce canard à chapeau),
sans oublier quelques recherches graphiques, des beaux crayonnés,
et de magnifiques peinture pour amener un peu de couleur au milieu de ces planches. Au long de ces planches, de ces toiles, en complément de cette rencontre, j'espère que ces quelques photos et ce moment passé en compagnie de l'auteur vous auront donner envie d'en savoir un peu plus sur ce mystérieux Charlie Chan. Que vous dire de plus ? Encore une fois, Angoulême nous a réservé une très belle surprise avec cette rencontre et cette expo autour de « La vie dessinée de Charlie Chan Hok Chye » de Sonny Liew. Bon, je vous laisse, il faut que j'aille me procurer cette BD... David Inscrivez vous à notre newsletter :