La Présidente de l'ART a confié sa crainte quant au niveau des finances du fonds de soutien, redoutant que le ministère, comme la ville de Paris (dont l'adjoint au maire Bruno Juillard n'a pas pu venir cette année ... ce dont il s'est excusé dans un adorable texto lu à la salle). Son dynamisme a vite repris le dessus pour rappeler combien il était précieux de collecter des fonds qui permettent de conserver la mémoire du théâtre et s'est adressé à tous les présents : mes chéris ne jetez rien !
Le Brigadier est un prix modeste mais symboliquement puissant. Créé en 1960 il est la plus ancienne récompense accordée au théâtre. C'est la seule que Jean Anouilh accepta de recevoir.Il est le bâton magique avec lequel frapper les trois coups annonce quelque chose d'autre en permettant la poésie du spectacle, de plus en plus essentielle à une époque où les gens ont les yeux rivés sur leurs écrans. Finalement le théâtre demeure un des rares endroits où les téléphones sont éteints et où une assemblée partage quelque chose d'unique, car aucune représentation ne ressemble à une autre.
L'an dernier, Catherine Hiegel, Anne Delbée et Michael Lonsdale. La première magicienne de cette oeuvre à recevoir le Prix pour 2017, est Dominique Valadié, pour son rôle dans Au but de Thomas Bernard, présenté au Poche Montparnasse.
Née en 1952 à Nice, la comédienne, qui a aussi une formation de danseuse, a suivi le Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. Au théâtre, elle a travaillé aux côtés d’Antoine Vitez (où elle fut une Agnès mémorable), Daniel Benoin, Michel Didym et Alain Françon, notamment dans La Dame de chez Maxim’s (Molière de la meilleure actrice), et plus récemment Le Temps et la chambre de Botho Strauss. En 1993, elle devient professeur au CNSAD. Au cinéma, elle a joué sous la direction d’Agnès Jaoui, Benoît Jacquot, ou encore Bertrand Blier.
Sa carrière est une alternance entre théâtre et cinéma. Il a joué en 45 ans de carrière dans autant de pièces que de films, au moins 130 et a reçu 3 Césars. Ce sont des chiffres dont ses parents, fonctionnaires au Trésor public, auraient eu de quoi être fiers.
Il fut fourmidiable, évidemment ... ! Il quitta la scène en souhaitant l'abolition de la frontière entre théâtre public (où est né Novecento) et privé.
Troisième et dernier brigadier pour le Théâtre de Poche-Montparnasse (75 boulevard du Montparnasse) et Philippe Tesson pour la qualité de sa programmation que j'avais surpris un peu plus tôt, dans sa pose habituelle, les lunettes sur le front, ne perdant pas une miette de la cérémonie depuis une baignoire.
Il a rendu hommage à Renée Delmas et Etienne Bierry qui ont animé le Poche de 1956 jusqu'en 2012, date à laquelle il a repris les lieux et entamé une série de travaux.
L'homme est assurément très honoré de l'honneur qui lui est fait ... malgré les réserves entendues dans le sous-texte sur sa légitimité. Son discours mérite d'être retranscrit : ce n'est pas que je me mésestime, je suis très lucide à mon âge, mais je ne suis pas parfaitement à l'aise. J'ai toujours été un peu complexé devant vous qui appartenez à un monde auquel je n'ai pas accès, cette famille du théâtre, tellement unie comme vous aimez le dire, ça m'impressionne, je me sens batard.
J'étais à l'origine entrepreneur, c'es vrai, surtout journaliste (toujours indépendant d'un groupe de presse), un commentateur, un juge, et pire, un critique. En 15 ans au Canard Enchainé j'ai écrit conformément à l'esprit du journal. En 15 ans à l'Express j'ai écrit conformément aussi à l'esprit de l'hebdomadaire. En 25 ans au Figaro magazine, j'ai cultivé la non-conformité.
J'ai passé l'âge de la passion, de la justice de l'indépendance aux autres. Cela fait donc 60 ans que je suis assis dans un fauteuil à vous regarder, vous écouter, vous admirer, vous juger, vous applaudir .... jusqu'à 3 à 4 fois par semaine. cela doit faire 12 000 pièces, et c'est absolument énorme. Je reçois donc le Brigadier du spectateur, moi l'imbécile heureux, le batard qui ne suis pas de la famille. Vous êtes des étoiles quand je suis le ver de terre même si nous respirons le même air. Ce brigadier d'honneur me légitime et me rend très heureux, moi qui aime infiniment le théâtre.
Et le plus satisfaisant est que j'incarne le Poche, qui fêtera bientôt les 5 ans non pas de sa restauration, mais d'un nouvel envol, après avoir présenté environ 150 pièces. Philippe Tesson a salué l'équipe dont personne n'est parti depuis la réouverture, égrenant les noms des collaborateurs, en profitant avec malice pour rappeler que Histoire du soldat (où le rôle du diable est tenu par le formidable
Licinio Da Silva qui est aussi le responsable du bar-foyer) joue jusqu'au 15 mars. Il citera plus tard mademoiselle Julie et le Tour du théâtre de Christophe barbier.On s'entend si bien au Poche qu'il n'est pas nécessaire d'y publier des notes de services. Tout peut y faire théâtre. Nous ne sommes pas adeptes de la catégorisation. Quel malheur d le diviser, même dans son statut. Le théâtre doit être le miroir le plus fidèle de l'abondance de la vie dans ce qu'elle a de poétique, rare, mystérieux, joyeux, banal ou pas, un point c'est tout.
Chaque théâtre l'est à sa manière. Celui que dirige Myriam tout autanti, avec au foyer les affiches des grands succès et les tableaux le représentant comme celui-ci, fidèle à ce qu'il est.