Bonne pâte
Les créateurs de pâte à modeler sont souvent des gougnafiers du gore. Je ne sais pas quelle vengeance ils exercent par rapport à leur prime enfance, mais on est dans le territoire du "ça" freudien. La pâte à modeler, ce sont ces petits bâtons colorés inoffensifs que nos doigts potelés de bambins malhabiles ont trituré dans les classes maternelles. Petits meubles chou, petits personnages malléables, petites décos potelées finissant toujours par un morbide méli-mélo final formé d'une grosse boule patatoïde et à la couleurs verdasse/marronnasse. L'enfance finissant, on abandonne ce territoire fantasque dans le cimetière des souvenirs engloutis. Sauf que la pulsion est encore vivace sous la croûte d'oubli. Les adultes qui retriturent cette pâte solidement molle manipulent des souvenirs enfouis. Si la main est devenue sûre et précise, le bouillonnement du ça des frayeurs enfantines ressurgit, tel quel, de la lave molle. Et c'est effrayant !