Avec une centaine de films présentés dans ce livre, Aimé Agnel, qui enseignait le son et la musique à l’IDHEC, explore les rapports entre le son et l’image au cinéma. Entre l’oreille et l’oeil. Coïncidence : j’ai découvert ce livre quasi simultanément à la projection à laquelle j’ai assisté de Jusqu’à la garde. Dans sa préface, Aimé Agnel écrit :
« (…) la mise en tension des images et des sons lorsque l’on a une claire conscience de leurs différences et de leurs oppositions.
Le modèle de cette mise en tension a longtemps été, pour moi —outre les premiers films parlant souvent très inventifs— le film de Bresson Au hasard Balthazar sorti en 1966, que j’avais aussitôt fait voir/entendre aux élèves de l’IDHEC. C’était la première fois que je trouvais dans un film une telle écoute des bruits et des musiques. Bresson les cadrait avec la même rigueur que l’image. Ils étaient souvent traités comme des figures se détachant sur un fond d’images, selon la règle qu’il avait établie d’une alternance, d’un "relais" entre image et son, qu’il explicite ainsi, en ayant recours au joli mot d’impatience pour caractériser la tension qui s’établit entre les deux sensations : "L’oeil sollicité seul rend l’oreille impatiente, l’oreille sollicitée seule rend l’oeil impatient. Utiliser ces impatiences. Puissance du cinématographe qui s’adresse à deux sens de façon réglable." »