Suite aux récents soubresauts du marché des actions, j'ai décidé d'étayer encore un peu plus ma stratégie d'allocation tactique d'actifs. Les adaptations effectuées l'année passée dans le cadre de ma diversification de portefeuille ont porté leurs fruits puisque grâce à elles j'ai pu limiter la casse (-2.5% contre -5% sur le marché sur le dernier mois). Néanmoins, étant donné que j'envisage une correction de plus grande ampleur et sur une plus grande durée, j'ai entrepris quelques adaptations de fond dans la gestion de mon portefeuille qui devraient lui permettre de mieux s'adapter encore à l'avenir aux différentes situations de marché. Mon objectif est tout autant de prévenir les risques que de saisir les opportunités.
Dorénavant je distinguerai tout d'abord les positions en actions des pays développés selon les régions : Suisse, Europe, USA et Japon. Ainsi, si des renversements de tendance se dessinent seulement à certains endroits, on pourra déceler le signal suffisamment tôt et alléger les positions ou passer cash, selon l'approche de Meb Faber. Cela peut d'ailleurs être un indice avancé pour les autres régions. Comme pour les autres actifs, j'utilise des moyennes mobiles différentes en fonction des positions. J'ai en effet constaté que la moyenne de 10 mois préconisée par Meb Faber ne fonctionnait pas de manière optimale pour tous les actifs et indices.
Pour rappel, je ne suis pas à la base un monstre fan de ces indicateurs techniques, néanmoins, en bon suisse, je suis aussi pragmatique. Ayant fait de nombreux tests et autant de recherches, j'ai constaté que la méthodologie de Meb Faber fonctionnait assez bien. Rien d'extraordinaire certes en termes de rentabilité (à peine légèrement mieux que du buy&hold), mais plutôt en termes de diminution du risque. Ceci étant dit j'ai voulu aller un peu plus loin, en ajoutant des critères fondamentaux pour pondérer l'allocation des différentes positions. J'utilise donc désormais, en plus des moyennes mobiles, également le Price-to-Book ratio afin de déterminer la répartition d'actions entre pays développés et pays émergents. De plus je tiens compte également dorénavant des taux obligataires à 10 ans (Confédération helvétique) pour décider la répartition globale entre actions et obligations, selon les principes de B. Graham.
J'ai également décidé d'ajouter deux petites positions relatives à des stratégies de type alternatives, comme celles utilisées par les hedge funds. Jusqu'à présent j'ai toujours considéré que ces approches devaient être utilisée séparément d'un portefeuille avec allocations d'actifs, mais les récents événements me font penser qu'elles peuvent permettre de diminuer la volatilité du portefeuille, en particulier en cas de baisse du marché, ou au contraire de profiter des opportunités lors d'un mouvement de reprise.
La première approche alternative est la stratégie long/short qui consiste soit à prendre en même temps des positions longues sur certaines actions et courtes ("vente à découvert") sur d'autres, ou alors d'alterner les positions acheteuses/vendeuses en fonction du marché. Personnellement, je m'amuse avec des paires d'ETFs comme SPY (1x) / SH (-1x) et SSO (2x) / SDS (-2x). Attention, il vaut mieux savoir ce que vous faites quand vous vous aventurez là-dedans. Si vous ne voulez pas trop vous prendre la tête, mais tout de même utiliser une stratégie de ce type pour diminuer la volatilité de votre portefeuille tout en maintenant une bonne rentabilité, vous pouvez vous orienter vers l'ETF FTLS qui joue dans les deux sens en utilisant une approche fondamentale, et qui se débrouille pas trop mal (5 étoiles sur Morningstar).
La seconde approche alternative est celle qui consiste à profiter des opportunités, en utilisant un ETF à effet de levier, en l'occurrence UPRO (3x). Pour déterminer si la position est investie ou cash, j'utilise à la fois l'approche des moyennes mobiles de Meb Faber et l'approche fondamentale du Price-to-Book ratio. Ceci signifie que cette position est investie seulement lors des tendances haussières et que sa pondération varie de zéro à plusieurs pour-cents en fonction de la valorisation du marché. En juillet 2009 par exemple, cette position serait par exemple passée de cash à investie avec une pondération de 10%.
Quels sont les effets de ces adaptations sur mon allocation d'actifs ? Tout d'abord, l'allocation cible pour les quatre régions des pays développés (Suisse, Europe, Amérique du Nord et Japon), baisse légèrement, à 60% au total. J'ai décidé de ne pas détailler le pourcentage pour chacun de ces endroits. L'important, c'est la pondération totale en actions et la sélection de titres de qualité faiblement valorisés. Après tout, on recherche les meilleures aubaines, peu importe qu'elles soient d'ici ou d'ailleurs. Néanmoins, afin d'aider dans cette quête, je donne désormais un rating sur cinq étoiles pour chaque région, allant du moins attractif (une étoile), au plus attractif (cinq étoiles). Notons quand même qu'il est possible de trouver des opportunités dans des indices survalorisés. L'inverse est aussi vrai.
En ce qui concerne les pays émergents par contre je continue à les pondérer séparément. Je les considère en effet comme une classe d'actifs légèrement différente. Etant donné leur valorisation assez attractive du point de vue du P/B ratio, la pondération monte légèrement, à 8%.
A part l'Europe, toutes les positions en actions demeurent investies, car malgré la récente baisse, la tendance à long terme est toujours positive. Pour les titre européens, il faut soit vendre l'ETF correspondant soit commencer à alléger les positions en actions, c'est-à-dire se séparer des moins bons élèves. En ce qui me concerne il y a British American Tobacco qui en fait les frais. Cette position commençait à devenir grosse car j'avais il y a déjà bien longtemps du Lorillard qui a été acheté par Reynolds American, qui a été racheté son tour par BAT. De plus le dividende a baissé en 2017. Je me sépare aussi d'Astaldi pour raison de manque de liquidités. Désolé pour les lecteurs qui m'ont suivi sur ce coup l'année passée.
De manière plus globale vu la valorisation du marché dans son ensemble, il convient comme toujours de se focaliser sur des titres avec de faibles ratios de valorisation. Il n'y en a plus beaucoup, en tout cas en Suisse et aux USA. Par contre au Japon il y a encore et toujours de quoi faire.
Pour les obligations longues, la position reste cash, car la tendance est baissière et il y a de mauvaises perspectives à l'horizon en termes d'inflation et donc de hausse de taux d'intérêt. La pondération tactique a également baissé de 10% à 6%, vu que je tiens compte désormais également des taux à 10 ans de la Confédération pour répartir la part actions et obligations.
Concernant l'or, la position est également toujours investie et je suis content de m'y être mis l'année passée. Pas de gain monstrueux certes, mais ça fait du bien dans un portefeuille quand les marchés sont volatils. Idem pour l'immobilier!
Pour conclure, je n'ai qu'un seul regret, celui de ne pas avoir shorté le bitcoin en décembre dernier. Et dire que j'ai longtemps hésité 🙂 ... Mais rassurez vous, ce n'est pas demain la veille qu'il figurera ici !
Allocation tactique cible d'actifs Position ETF Cible
Actions CH * Investi (Actions ou ETF) CHSPI 60%
Actions Europe *** Allégé (Actions) ou Cash (ETF) CSSX5E
Actions USA * Investi (Actions ou ETF) CSSPX
Actions Japon **** Investi (Actions ou ETF) SJPA
Actions pays émergents *** Investi (ETF) IEMS 8%
Immobilier CH Investi (ETF) SRFCHA 15%
Obligations Confédération CH 7-15 ans Cash CSBGC0 6%
Or Investi (ETF) AUCHAH 5%
Stratégie long/short Investi (Actions ou ETF) FTLS 5%
Stratégie leverage Cash UPRO 0%
*Rating : 1* (très cher) à 5* (très abordable)