Cette histoire relatée à la première personne invite à suivre les pas d’Eleanor Oliphant, une jeune trentenaire à la vie monotone, mais au passé particulièrement sombre. Pas vraiment à l’aise en société, elle se contente d’un quotidien morose, bercé de solitude et noyé par des rasades de vodka qui empêchent les traumatismes de l’enfance de remonter à la surface. Rien ne semble capable de modifier son train-train habituel, jusqu’au jour où elle assiste au concert d’un musicien de seconde zone…
Au début, à l’instar du personnage atypique de John Kennedy Toole dans « La Conjuration des imbéciles », j’ai eu beaucoup de mal à m’attacher à ce personnage borderline, incapable d’interactions sociales normales. L’Eleanor Oliphant des premières pages est en effet routinière, casanière, mal dans sa peau, asociale et même parfois hautaine… bref, pas vraiment le genre de personne à qui on a envie de se lier, surtout que l’auteure ne livre pas immédiatement les clés qui permettent de comprendre les raisons de son attitude…
Heureusement, au fil des pages, le drame sous-jacent qui est à l’origine de cette carapace anti-émotionnelle est progressivement dévoilé. Il faut également noter plusieurs rencontres, initialement anodines, mais qui vont non seulement lui permettre de s’ouvrir aux autres et de changer sa vision du monde, mais surtout lui permettre de se reconstruire malgré une enfance traumatisante. Si l’auteure délivre ce passé au compte-gouttes afin d’attiser la curiosité (malsaine) du lecteur, ce dernier finit surtout par s’attacher à cette jeune femme finalement très touchante dans sa différence.
Drôle, émouvant et sombre dans le fond, cette histoire de reconstruction met en avant les difficultés de s’adapter au monde réel après une enfance tellement traumatisante. À lire !
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