Colombe Schneck, nous le savons, est constamment en recherche de vérité. La sienne - souvenez-vous de Dix-sept ans (Ed. Grasset, 2015) - celle de sa famille, de ses origines - je vous invite à relire La Réparation (Ed Grasset 2012) et les chroniques parues sur ce blog. Elle nous revient, en ce début d'années, avec un hommage à son père, Gilbert Schneck, décédé voici quelque trente ans, le 17 juin 1990 , et surtout une quête, une enquête, sur les brisures, traumatismes successifs, souffrances intimes et donc combats que cet homme généreux cachait sous une attitude altruiste volontairement souriante.
Revient la question identitaire, celle que se posent tant de Juifs lâchés, durant la guerre 40-45, par le régime de Vichy et une France dont ils se sentent citoyens à part entière . Cette question taraude aujourd'hui encore l'écrivain:
Nous étions des Français douteux, aujourd’hui je le suis encore. Cela est caché. À me regarder, si installée, qui pourrait le deviner ?
A cette souffrance identitaire qu'elle partage avec son père, Colombe Schneck ajoute aussi la difficulté de se sentir aimé (e). Son père compensera sa propre faille en dispensant beaucoup de tendresse aux siens et en particulier à sa fille . Il cumule, sa vie durant, des sentiments de honte dont il ne peut se défaire. Honte de la disparition de son propre père, honte d'avoir dû servir les forces françaises en Algérie, en tant que médecin.
Une fois ces hontes - non justifiées - identifiées, la narratrice peut accepter la mort de son père. L'enjeu est cathartique, il est constructif:
J’aurai bientôt l’âge de mon père, je le regarde avec amour et tendresse, nous sommes presque égaux aujourd’hui. Je pourrais lui dire, Je t’aime et je ne suis pas toujours d’accord avec toi. D’une certaine manière, je suis plus libre qu’il ne l’était.
Les guerres de mon père, Colombe Schneck, récit, Ed. Stock, janvier 2018, 306 pp