Ç'aurait pu être la guerre d'Afghanistan car l'auteur est parti de l'anecdote des papas plats (flat daddies) que le gouvernement américain faisait parvenir aux familles, comme si posséder une reproduction grandeur nature de son père ou de son mari pouvait compenser l'absence.
FinalementJean Franco a choisi de situer Papa va bientôt rentrer dans le contexte de la guerre du Vietnam, ce qui permet de voyager dans l'Amérique (conformiste) des années 70, lesquelles ont décidément le vent en poupe. Au moins trois spectacles ont un décor comparable, et les comédiennes semblent avoir la même garde-robe avec des grands motifs orangés, (créés par Juliette Chanaud).
Quoiqu'il en soit cette pièce est une heureuse surprise et on se demande bien pourquoi l'auteur a laissé passer quelques années avant de la proposer à José Paul pour la mettre en scène au Théâtre de Paris, lequel a dû attendre longtemps avant que les trois comédiens soient libres en même temps.
La pièce se déroule sur 24 heures, et 8 mois plus tard. Un drapeau américain en berne dans la cuisine ne laisse pas de doute. Nous sommes aux US, précisément dans l'état du Maine.
Il est 13 h 50 et on a compris que la pendule va jouer un rôle important.Le réfrigérateur fait penser à la cuisine deSur la route de Madison. On parie qu’on va boire de la bière, on ne sait pas encore laquelle, mais j'ai appris que chaque élément est authentique. L'assistante de José Paul est revenue des US avec une valise pleine de produits ... d'époque bien sur. Le décorateur (Edouard Laug) joue la carte réaliste et c'est parfait.
En l’absence de leurs maris, combattants au Vietnam, deux voisines, Mia (
Marie-Julie Baup à gauche), et Suzan (Lysiane Meis à droite), se retrouvent quotidiennement pour bavarder, passer le temps, se soutenir, se serrer les coudes dans le même esprit que celui qui nous rassemblait après les attentats il y a deux ans. Mia engloutit les pots de beurre de peanuts, Suzanne se noie dans l'alcool. La première a une petite fille de 10 mois qui va bientôt marcher et réclamer son papa. Coup de chance les deux femmes pensent que Paul comme Richard vont bientôt rentrer parce que cette guerre absurde (elles le sont toutes) est sur le point de se terminer.L'Amérique conquérante est égratignée par l'auteur et ce n'est que justice.
En quoi la guerre du Vietnam pourrait revendiquer une quelconque légitimité ? Elle n'a rien à voir avec la religions ou une quelconque protection. C'est une volonté de conquête par un pays qui n'est pas une démocratie mais un empire.La direction d'acteurs est d'une grande justesse. Elle est le résultat de deux mois de répétition (en commençant avec le texte su, le metteur en scène en fait un principe). Mais aussi d'une belle entente de toute l'équipe qui s'appuie chaque soir sur deux principes toltèques (décidément le Mexique gouverne le monde) qui sont ne faites pas de supposition et faites toujours de votre mieux.
On peut voir dans la grande salle une autre pièce mise en scène par José Paul, plus impressionnante en terme de décor, la Garçonnière, qui est une reprise, et qui sera programmée en première partie de la prochaine cérémonie des Molières.
15, rue Blanche 75009 Paris
Tél. location : 01.42.80.01.81
Pour la petite histoire c'est bien la Budweiser (qui doit son nom à une ville tchèque) brassée à partir de malts de riz et d'orge et peu houblonnée, qui est sur la table. Surnommée la reine des bières, cette lager figure parmi les plus vendues dans le monde.