Titre : Le voile noir
Scénariste : Dodo
Dessinatrice : Cha
Parution : Janvier 2018
Les œuvres sur le départ des jeunes en Syrie se multiplient. « Le voile noir » ajoute une pierre à l’édifice de l’étude de ce phénomène. Scénarisé par Dodo et dessiné par Cha, l’ouvrage utilise un ton humoristique pour se différencier. N’y cherchez pas une analyse profonde des blessures causées par le départ d’un proche faire le djihad : le livre chercher avant tout à dénoncer les incohérences de la pensée des islamistes avec une bonne couche de féminisme de bon aloi. Le tout est paru chez Casterman.
Entre sérieux et rigolade.
Pauline s’est convertie à l’Islam puis a rejoint la Syrakie rejoindre le Grand Khalifat. Gina, pour qui Pauline est la « filleule de sa tante » décide de tenter une infiltration là-bas pour la récupérer, la faire changer d’avis et la ramener en France…
Avec son histoire abracadabrante, « Le voile noir » permet de tout traiter puisque Gina va utiliser le même trajet (par la Turquie) que Pauline. Pour le coup, le début de l’ouvrage est long, car trop convenu. Ce n’est qu’une fois en Syrakie que le livre prend une forme moins attendue, où l’humour et la dénonciation claire des paradoxes et de la bêtise des combattants font leur apparition. Hélas, cet humour est rarement génial. Parfois poussif, souvent forcé… Il y a quelque chose qui ne va pas dans le ton adopté. On navigue entre sérieux et rigolade, sans aller au bout des choses. « Le voile noir » est le cul entre deux chaises. Quant à utiliser l’humour, il aurait fallu que le bouquin soit bien plus déjanté.
Au niveau du dessin, Cha fait le taf sans briller. J’aime beaucoup le trait de cette auteure et je le trouve moins fort ici. Son dessin s’est affiné et a perdu en force. L’encrage semble moins dense, moins fourni qu’auparavant. La faute au nombre de cases par planche, assez important ? Le dessin se concentre surtout sur les expressions des personnages. Pour cela, on retrouve bien les tronches habituelles de Cha, caricaturales et dynamiques.
Ce « Voile noir » part d’une idée : dénoncer les gens qui partent faire le Djihad avec humour. Mais entre le rire, les pleurs et l’horreur, les auteurs ne choisissent pas assez clairement. Et s’il y a quelques passages qui feront sourire, l’ensemble est bien plat et un peu longuet.