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L'incroyable Hulk. Un super héros romantique

Par Balndorn
L'incroyable Hulk. Un super héros romantique
Hulk, dans la tourmente de l'orage, seul, sur un roc noir s'élançant dans le vide, hurle. Il hurle, parce qu'il est tout-puissant et impuissant, incapable de trouver sa place sur terre, condamné à n'être plus humain et pas non plus divin. Il hurle, parce que son pouvoir fait sauter toutes nos catégories de perception sociale, et lui interdit de se constituer une identité stable. Il hurle, parce que sa vie révèle l'absurdité de la condition humaine.
Hulk est le dernier personnage romantique. Et ce qui est notable, c'est qu'il est pourtant considéré comme un super héros. Ceux-ci sont pour la plupart doués d'une conscience et d'une volonté unifiées et tendues vers un but unique (Superman, Iron-Man, Captain America, etc.) ou, dans le cas des héros négatifs, ils souffrent de leur double identité, mais ne rechignent pas pour autant à leurs pouvoirs (Batman, Spiderman, Daredevil). 
Bien au contraire, Hulk, comme Wolverine, ne veut pas de ses pouvoirs, car ceux-ci l'ont rejeté dans une monstruosité située à la fois au-delà et en-deçà de la condition humaine. Au-delà, parce qu'il dépasse de loin nos capacités physiques ; en-deçà, parce que ses actions, guidées par la seule colère, ne rentrent plus dans notre cadre moral, ce dont se désespère Bruce Banner après chacune de ses crises. 
La question que soulève l'existence de Hulk au sein du film de Louis Leterrier peut être ainsi résumée : que doit-on faire d'un tel monstre ? Où ranger une telle force ? Sera-t-elle bénéfique, ou maléfique ?
Le choix de résumer l'histoire de Hulk dans le générique montre bien que l'enjeu du film est de tirer les conséquences morales que pose un tel problème. Le but du récit est ainsi de montrer non pas la transformation physique et les causes de celles-ci, mais la transformation morale de la créature qu'est devenu Bruce Banner. Si l'on se replace dans le contexte de l'époque (2008), on comprend quelle question le film pose à l'Amérique : que doit-on faire des spectres et des monstres que nous avons produits en réaction au 11-Septembre ? Que doit-on faire des erreurs de Bush ? 
Et comme Iron-Man, sorti la même année, Hulk propose une moralisation de la politique américaine : il ne s'agit pas de détruire et de refonder intégralement l'ancien système (Hulk n'est pas éliminé et Iron-Man s'appuie sur le capitalisme), mais de donner de nouvelles directions, cette fois-ci guidées par la raison et le respect de la vie d'autrui, à un système efficace mais mortifère. Protéger ne signifie plus mener une guerre dite « préventive », dans laquelle beaucoup d'innocents seront tués. Iron-Man et Hulk, au contraire des guerres saintes menées par Bush, réactivent l'idéal de la guerre juste. Les super héros, comme les Américains, passent de Bush à Obama.Mais l'existence de Hulk va sans doute plus loin que celle d'Iron-Man, qui, au fond, n'est qu'un milliardaire qui s'est attribué un rôle socio-politique pour justifier ses faramineux comptes en banque. Hulk fonctionne comme un miroir éthique de notre moi ; et son duel contre l'Abomination peut se lire comme une psychomachie qui se passerait chaque jour en nous. Parce qu'il connaît les limites morales de la toute-puissance physique, Hulk prône un idéal de modération, de mesure, et lutte contre son rival, l'Abomination, car celui-ci revendique l'orgueil, l'hybris, de la force délivrée de tout contrôle éthique. Ce que nous apprend Hulk, c'est que le fondement de l'humanité, ce n'est pas la nature, mais la morale.
L'incroyable Hulk. Un super héros romantique

L'incroyable Hulk, de Louis Leterrier, 2008

Maxime
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