Traces et indices en photo animalière c’est par là que commence notre démarche photographique. En effet, si demain je décide de partir sur un coup de tête, photographier une espèce en particulier, sans aucune préparation, je vais avoir de grandes chances de revenir bredouille et donc déçue !
IMPORTANT – cet article a été rédigé par Laurence Picot. Photographe animalier c’est elle qui s’exprime dans cet article. Je vous invite fortement à visiter son site internet pour y voir ses magnifiques photos ainsi que ses autres articles de grande qualité.
Se documenter
Après avoir choisi l’animal que vous voulez photographier, il faut se documenter. Cette étape est importante. Car, comment voulez-vous repérer la présence d’un chevreuil (par exemple) si vous ne savez pas quels types de traces et d’indices le chevreuil laisse lors de son passage.
Commencez par une recherche sur internet afin de recueillir suffisamment d’informations pour démarrer votre enquête sur le terrain.
Traces, indices et terminologie
Les traces et indices de présence animale sont nombreux. Bien sûr, la première chose qui vient à l’idée ce sont les empreintes de pas. Mais ce ne sont pas les seuls indices à rechercher. Voici donc une petite liste d’indices qui vous mettront sur la bonne piste :
- Les empreintes, il est facile de les observer dans les sols meubles, dans la boue, aux abords d’un cour d’eau ou encore dans la neige. On distingue les empreintes :
- à ongles ou sabots = 2 doigts visibles : chevreuil, cerf, 4 doigts visibles: sanglier…
- à pelotes avec des griffes = 4 pelotes : renard, loup; 5 pelotes : ours, martres, blaireau; empreintes de mains : lièvre, écureuil
- à doigt en fourches ou en étoiles, palmées ou non = oiseaux.
- Les coulées, ce sont des sentiers, plus ou moins marqués par le passage régulier des animaux.
- Les frottis ou régalis sont des marques d’écorçage sur les troncs des jeunes arbres et qui sont dues au frottement des bois du chevreuil.
- Les laissées correspondent aux crottes des animaux, chez certaines espèces elles sont très caractéristiques et constituent donc de bons indices de présences.
- Les restes de repas permettent parfois de savoir quel animal est venu se restaurer
- Les couches désignent les lieux où les animaux viennent dormir.
- La souille, c’est une sorte de cuvette peu profonde, dans le sol, qui se rempli d’eau. Les sangliers aiment s’y dérouler dans la boue.
- Les terriers
- Les nids d’oiseaux ou de mammifère (écureuil)
- Les loges sont des cavités que certains oiseaux, comme les pics creusent dans les arbres. D’anciennes loges peuvent servir de gîte à de petits mammifères
- Les poils qui s’accrochent dans les barbelés
Le repérage des traces et indices
Nous voilà dans la phase cruciale. Le repérage permet de faire un relever des traces et indices de présence de l’animal recherché. Pour cela il est nécessaire d’arpenter le territoire que vous avez au préalable défini. On dit souvent que pour faire un bon repérage il faut faire au moins deux passages. Le premier, le nez par terre, le second le nez en l’air ! Mais, pour optimiser la séance de repérage il faut emporter un peu de matériel :
- Une paire de jumelle, bien utile pour vérifier si un animal est présent sur la zone à inspecter.
- L’appareil photo (ou un smartphone) pour photographier les traces que vous allez observer afin de pouvoir ensuite les identifier.
- Un carnet pour prendre des notes.
- Une règle graduée, c’est un outil indispensable pour mesurer les empreintes, donner une échelle sur les photos et faciliter leur identification.
Mes relevés de traces et indices
Au cours de mes séances de repérage, j’ai collecté un certain nombre de traces et d’indices. Je les ai photographiés et répertoriés. Je vais donc pouvoir partager ces photos avec vous afin de vous aider dans vos futures séances de repérage. Bien sûr je ne prétends pas être exhaustive car ceci n’est que le fruit de mes observations.
Voilà pourquoi parfois, pour une espèce je dispose de plusieurs documents alors que pour d’autre, j’en ai très peu. Certaines photos sont prises avec mon téléphone portable. Mais, même si la qualité n’est pas toujours optimale cela donne déjà un bon aperçu.
Le chevreuil – Traces et indices
En se promenant dans les chemins, on repère facilement les coulées que les chevreuils rempruntent. D’ailleurs si vous regardez, bien les trouées d’entrée et de sortie sont généralement face à face.
Voici une coulée de chevreuil, les passages successifs ont marqué la végétation.
Empreinte de chevreuil, elle mesure de 3 à 5 cm. En fonction de l’allure à laquelle le chevreuil se déplace, les ongles peuvent être plus ou moins écartés
Ici, un chevreuil a écorcé un jeune arbre avec ses bois
Les crottes de chevreuils sont appelées « moquette ». Elles forment de petits cylindres, dont une des extrémités est légèrement pointue
Voici un gîte ou encore une couche. Un chevreuil est venu se reposer ici. Il a préparé sa couche, gratté le sol pour le mettre à nu.
[Note de Régis : pour aller plus loin dans la photographie de chevreuil, vous pouvez lire cet article]
Le sanglier – Traces et indices
Quand un sanglier a séjourné dans un champ, on ne peut pas manquer les traces de son passage ! En effet la sanglier est un laboureur. C’est donc généralement un terrain avec de grandes zones de terre retournées qui sera l’indice le plus flagrant.
Cette plaque de terre retournée mesure environ 50cm², mais il y en avait plusieurs dans la même parcelle de prairie.
Le sanglier est capable de parcourir de nombreux kilomètres en une nuit et même s’il passe une fois rien ne garantit qu’il va revenir au même endroit les jours suivants. Alors, pour augmenter les chances d’observation, le mieux est de trouver une souille. Car le sanglier aura plus de chance de revenir s’y dérouler.
Cette souille est régulièrement fréquentée par un sanglier.
En général, après s’être roulé dans la boue, le sanglier se frotte sur un arbre ou un piquet tout proche.
Ce piquet recouvert de boue séchée est situé à 3m de la souille
Les traces de sanglier sont un peu plus difficiles à reconnaître et peuvent être confondues avec celles du cerf surtout quand les gardes à l’arrière du pied ne sont pas marquées dans le sol.
Mais comme chez moi il n’y a pas de cerf cela réduit les risques de confusion.
Voici une empreinte de sanglier, elle est plus grande que celle du chevreuil, de 5 à 8 cm. Elle est aussi beaucoup plus ronde et les ongles sont plus écartés. Notez qu’ici les gardes ne sont pas marquées.
Enfin, les laissées de sanglier, elles forment des sortes de boudin de 10cm de long et de couleur noirâtre.
Laissées de sanglier, en forme de boudins, constitués de plusieurs éléments agglomérés.
Le renard – Traces et indices
Les terriers de renard sont variés et le renard en possède plusieurs. Il y a donc souvent un terrier principal et des terriers secondaires. Mais, le renard creuse rarement son terrier. Il préfère agrandir celui d’un lapin ou mieux encore, occuper un terrier de blaireau. D’ailleurs il est courant de voir cohabiter renard et blaireau dans un terrier.
Voici un terrier, son ouverture (d’environ 30 cm) pourrait convenir au renard. Notez que si la gueule du terrier est obstruée par des toiles d’araignées, il y a peu de chance que le terrier soit habité.
Les traces du renard sont souvent confondues avec celle du chien. Cependant quelques indices permettent de faire la différence.
L’empreinte du renard est ovale et toutes les griffes pointent vers l’avant.
L’empreinte du chien est plus ronde et plus évasée. Les griffes latérales pointent vers les côtés.
Les restes de repas sont également de bons indices de présence.
Reste de repas
Pas de doute il s’est fait plumé !
La victime est ici partiellement dévorée.
Les crottes du renard sont assez caractéristiques, surtout en été où elles sont pleines de noyaux de merises. Mais en hiver on peut aussi les repérer.
Ces crottes de renard contiennent de nombreux poils et des débris d’os qui résultent des proies que le renard mange. L’une des extrémités d’une crotte de renard est pointue.
Le blaireau – Traces et indices
Le blaireau est un terrassier; il est capable de déplacer des mètres cube de terre pour creuser ses galeries. Voilà une des raisons pour lesquels il est mal aimé.
La blaireautière regroupe de nombreux terriers. Chaque terrier comporte de nombreuses galerie et aussi plusieurs sorties. Les blairautières sont souvent en sous bois, dans les talus mais certaines se trouvent en plein champ en milieu ouvert.
Cette blaireautière est dans le talus tout au long du chemin, les galeries se prolongent derrière dans le sous bois. Elle compte une trentaine de gueule de terrier.
Une grande quantité de terre fraîchement remuée au niveau de différentes entrées indique que le terrier est occupé.
Régulièrement le blaireau façonne son terrier et évacue la terre pour entretenir ou agrandir ses galeries
L’entrée du terrier se fait grâce à une pente en forme de toboggan qui permet au blaireau de glisser rapidement dans son abri.
Comme le blaireau est un animal très propre, il ne crotte jamais dans son terrier. Voilà pourquoi il est fréquent aux abords des terriers de trouver des pots à crottes. Le blaireau creuse de petits trous et y dépose ses crottes.
Un pot à crotte de blaireau
Les empreintes de blaireaux sont assez caractéristiques. Mais pour cela il faut que les 5 doigts soient bien marqués dans la boue.
Ici, une empreinte de blaireau, le 5 ème doigt est tout au bord de la réglette. A l’extrémité on voit les traces des griffes.
L’écureuil – Traces et indices
Pour repérer la présence d’un écureuil, il faut chercher les traces des restes de ses repas. Comme par exemple les pommes de pins ou encore des noisettes décortiquées. Mais attention les mulots mangent souvent les mêmes aliments. Cependant leur façon de les manger permet de différencier l’écureuil du mulot.
L’écureuil mange partiellement le fruit du conifère alors que le mulot lui dévore tout.
L’écureuil grignote l’extrémité pointue de la noisette. Rapidement une fente apparaît. L’écureuil y glisse ses incisives et la coquille éclate en deux.
Les deux morceaux de la coquille.
Un écureuil a mangé la noisette ouverte en deux, mais c’est un mulot qui a mangé l’autre en ne faisant qu’un trou.
Après avoir trouvé les indices au sol, il faut lever les yeux et chercher le nid de l’écureuil à la cime des arbres. L’écureuil construit son nid avec un assemblage de branchages et de feuilles. Voilà pourquoi il est plutôt difficile à repérer en été car il se confond avec la végétation. Donc il vaut mieux prospecter en hivers quand les arbres n’ont pas de feuilles.
un nid d’écureuil
Un nid d’écureuil vu de plus près
La chouette – Traces et indices
A la tombée de la nuit, on entend facilement le cri de la chouette. Trouver d’autres indices et plus difficile. Au cour de mes promenades, j’ai remarqué des arbres avec de grandes traces de fiente le long du tronc. Et, au pied de l’un d’eux il y avait des pelotes de réjection.
Pelotes de réjection que la chouette recrache après avoir mangé ses proies (mulots). Les pelotes sont pleines de poils et de petits os.
Le pic – Traces et indices
On entend le pic creuser sa loge avant de le voir.
Le pic creuse sa loge dans un arbre tendre, souvent un arbre mort. on trouve souvent plusieurs loges sur le même arbre.
Le relevé d’empreinte
C’est une activité ludique que vous pouvez pratiquez avec des enfants.
Les petits enquêteurs auront vite fait de trouver des empreintes et seront ravis de repartir avec leur moulage en plâtre. Aussi, munissez vous d’un peu de plâtre en poudre, d’une bouteille vide en plastique coupée, d’une bouteille d’eau, de quelques cercles de boîte de camembert et d’une spatule.
Cliquez ICI pour découvrir en vidéo comment réaliser facilement vos moulages.
Conclusion
Voilà, à vous maintenant et de vous constituer votre propre collection de traces et d’indices de présence des animaux.
Mettez à profit la saison hivernale pour chercher les traces car les sols sont meubles. De même, il faut sortir quand le manteau neigeux est présent. Car, la neige est un véritable livre ouvert pour celui qui veut suivre les animaux à la trace.
J’ai collecté toutes les photos de l’article sur plusieurs saisons. Alors soyez patients et surtout attentifs pendant vos sorties !
Je vous donne un dernier conseil car même si vous avez collecté des indices, avant de vous lancer dans de longues heures d’affût, il peut être intéressant de poser une caméra dite « piège photographique ».
Ainsi, vous aurez confirmation du passage des animaux, de leur nombre et aussi des heures de passage. Pour cela pas besoin d’investir dans un model haute gamme. Une caméra premier prix ( entre 80 et 100€) fera l’affaire. Attention, pensez à demander l’autorisation du propriétaire du terrain avant de poser la caméra et sécurisez la pour ne pas vous la faire voler.
N’hésitez pas à me mettre vos commentaires à la suite de cet article. Et si vous souhaitez être informé des futurs articles, abonnez-vous à la newsletter de mon blog !