Les dispositifs intraveineux connus sous le nom de PICC (pour peripherally inserted central catheter) devraient être réservés pour une utilisation à long terme, alerte cette étude de l'Université du Michigan. Cette analyse de dossiers d'hospitalisation montre que dans les faits, une fois sur 4 le PICC est utilisé pendant 5 jours ou moins. Alors que l'usage du PICC, y compris pour de brèves périodes, est associé à des complications, des efforts ciblés sur les facteurs sous-jacents à cette utilisation trop " courte " semblent nécessaires.
En seulement une décennie, le PICC est devenu un dispositif incontournable des soins intraveineux. Ainsi, aujourd'hui, de nombreux patients hospitalisés reçoivent des traitements ou une nutrition clinique (parentérale) directement via la circulation sanguine grâce à ce petit dispositif. Les directives pour les cathéters centraux insérés par voie périphérique recommandent d'éviter l'insertion si la durée d'utilisation est ≤5 jours. Cependant, l'utilisation à court terme des PICCs est courante dans les hôpitaux.
L'étude est basée sur les données de 52 hôpitaux de l'État du Michigan participant à un effort massif d'amélioration de la qualité des soins et de la sécurité des patients. Il s'agit d'une analyse détaillée des dossiers de 15.397 poses de PICC sur une période de deux ans, de 2014 à 2016, juste avant et après que de nouvelles lignes directrices sur l'utilisation sécuritaire et appropriée des PICC aient été publiées. L'équipe cherche ici à identifier les caractéristiques des patients et professionnels utilisateurs, des dispositifs utilisés ainsi que les résultats cliniques associés aux PICC à court terme. Les chercheurs ont analysé les données des dossiers médicaux de patients adultes ayant reçu des PICC pendant leur hospitalisation. Les patients ont été suivis jusqu'au retrait du PICC, ou jusqu'à 70 jours après la mise en place ou encore jusqu'au décès. Les chercheurs ont ensuite identifié les facteurs associés aux PICC à court terme soit insérés sur une durée ≤5 jours. Les complications associées à l'utilisation à court terme, dont les événements majeurs (thromboembolie veineuse ou infection sanguine associée à la voie centrale et les complications mineures (occlusion du cathéter, migration de la pointe) ont été prises en compte.
Sur un total de 15.397 insertions de PICCs documentées,
- 25,3% ont été posés pour une durée de ≤5 jours ;
- 95,5% des PICCs " à court terme " ont été retirés pendant l'hospitalisation ;
- vs PICCs posés pour une durée > 5 jours, les variables associées aux PICCs " à court terme " incluent :
- un accès veineux difficile (OR : 1,54) ;
- des dispositifs multi-lumières (OR : 1,53 - dispositif innovant dans la prévention des incompatibilités médicamenteuses);
- le caractère universitaire (formation) de l'établissement (OR, 1,25).
Parmi les patients ayant reçu un PICC à court terme,
- 9,6% ont présenté une complication, dont
- 2,5% un événement thromboembolique veineux,
- 0,4% une infection sanguine associée à la voie centrale,
- 4% une occlusion du cathéter
- et 2,2% une migration de la pointe.
- 1 patient à PICC à court terme sur 3 présente également des problèmes rénaux qui pourraient nécessiter une dialyse, selon l'étude.
On retiendra que posé pour une durée < à 5 jours, le PICC entraîne chez près d'un patient sur 10 une complication mineure à majeure. L'étude souligne ainsi la nécessité d'efforts pour réduire l'utilisation à court terme des PICC et pour envisager d'autres alternatives qui, à court terme, présentent moins de risques. " Lorsque les PICC sont apparus, ils sont devenus une entrée facile pour l'accès vasculaire, et les problèmes de sécurité n'étaient alors pas reconnus ", conclut le Dr David Paje, de l'Université du Michigan qui a dirigé l'équipe de recherche. " Maintenant, la dynamique a changé, et nous devons être plus attentifs à leur utilisation ".
MAGIC, une nouvelle directive d'utilisation des PICCs : Sur la base d'études précédentes portant sur les risques associés au PICC, l'équipe a réuni un groupe d'experts qui a élaboré une directive pour le choix approprié des dispositifs intraveineux, appelée " MAGIC ". Cette directive, publiée en 2015, existe aujourd'hui sous forme application mobile et web.