Séphora, je la connais par Paulette magazine où nous avons toutes les deux eu la chance d’écrire en culture. Depuis ses premières interviews, je la suis, car elle incarne tout ce que j’aime chez une Parisienne : le fun, la classe et la bonne humeur.
Ultra créatrive, active, toujours motivée, incarnation parfaite de la « slasheuse », cela faisait un moment que j’avais envie de l’interviewer sur son quotidien toujours empli de projets, d’expérimentations et de rencontres. En poste au Who’s Next, en pleine semaine de la mode et du salon Premiere Classe aux Tuileries, Séphora nous raconte son parcours, ses passions et nous donne plein de conseils sur comment vivre à Paris, comment s’équiper pour l’hiver (physiquement et mentalement !).
Attention, à la fin de cette rencontre, vous risquez fortement d’avoir envie de la suivre ! Elle déchire.
L’Arrogante : Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Séphora Talmud : J’ai 27 ans, je suis “slasheuse” à Paris. Je travaille depuis 6 ans à plein temps en tant que 360° Communications Manager dans une société d’évènementiel de mode. En parallèle, je mène plusieurs projets. De l’éditorial, avec mon job de pigiste culture grâce auquel j’ai réalisé une centaine d’interviews d’artistes. Récemment, j’ai aussi enquêté sur les usages des applis de rencontres par les millenials. J’aime aussi dénicher des décors, des sons et prendre des photos. Je poste le tout sur Tumblr, à l’ancienne.
En quoi consiste ton job ?
Séphora Talmud : Pour résumer, je suis responsable de la stratégie de brand content de l’entreprise sur le digital, le print et les médias web principalement. J’assure le bon positionnement de l’image de marque des différents évènements, la cohérence des contenus avec la stratégie de l’entreprise, qui est en train de se renouveler, tout comme son écosystème. Je touche de plus en plus au business development et ça me plaît, car j’ai toujours beaucoup misé sur la transversalité, le 360°, sur le fait d’impliquer des talents à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise, afin de faire naître des projets collaboratifs innovants, des expérimentations. C’est un métier-passion, clairement.
Qu’est-ce qui te plaît le plus ?
Séphora Talmud : La multiplicité des projets fait que j’apprends toujours, même après 6 ans dans la même société ! J’adore rencontrer et présenter des personnes passionnées, issues d’univers variés. Ce partage est très enrichissant. Par ailleurs, je crois fondamentalement en un management plus humain, et je m’évertue au quotidien à être à l’écoute et à transmettre des compétences aux personnes de mon équipe et à mes collègues. Elles apprennent de moi autant que j’apprends d’elles chaque jour, même si ce sont des choses différentes. À côté de cela, dans l’objectif d’aider la jeune génération à s’y retrouver et à “apprendre un métier”, je donne des cours à l’ISEG et des conférences sur différents sujets de communication / marketing que j’ai l’habitude de traiter comme “les collaborations avec des influenceurs”, par exemple.
Le salon Premiere Classe Tuileries approche, qu’est-ce que c’est exactement ?
Séphora Talmud : L’entreprise pour laquelle je travaille organise plusieurs évènements par an, réservés aux professionnels de la mode et des accessoires. Les dizaines de milliers de visiteurs français et internationaux peuvent être des détaillants, des acheteurs de grands magasins, de concept stores. Ils viennent à Premiere Classe Tuileries en mars et en octobre au jardin des Tuileries à Paris, pour la sélection haut de gamme des 450 marques d’accessoires se distinguant par leur créativité, originalité et style (bijoux, chaussures, maroquinerie…). Ce salon unique en son genre demeure depuis 29 ans un fervent défenseur du savoir-faire artisanal et met en lumière Paris Capitale de la Mode, à chaque Fashion Week.
La nouveauté cette édition, c’est Jean-Louis : quel est le but et qui sera présent ?
Séphora Talmud : En effet, nous démarrons l’année 2018 sur les chapeaux de roue ! En janvier au moment du Who’s Next, est arrivé notre nouveau Directeur Général Frédéric Maus. Xavier Clergerie, le co-fondateur de la société, insuffle toujours de nouveaux projets, comme Jean-Louis, qui est à la base une marketplace (site web, e-shop et boutique sur le site de La Redoute) qu’il a mise en place en 2016-17. Premiere Classe Tuileries invite physiquement Jean-Louis à faire sa Fashion Week du 1er au 4 mars. Nous souhaitons permettre à tous les amoureux de mode, d’art, de culture, d’accéder à la semaine de la mode. Le but est de mettre la création au coeur de la rencontre entre les consommateurs et les designers et de les fédérer. Notre rôle est de repenser le modèle de la mode actuelle, de soutenir la création au sens large et nous espérons lancer le mouvement et éveiller les consciences sur la temporalité de la création avec ce premier évènement ouvert à tous les passionnés et curieux.
Il y aura beaucoup d’activités pendant les 4 jours : 40 créateurs, de la musique avec les étoiles montantes de la scène pop, de la beauté avec des ateliers DIY bien-être, de la food avec une cuisine du monde, des talks de personnalités, créateurs, artistes et entrepreneurs. Et beaucoup de fun, avec notamment le photocall rocambolesque de la talentueuse ElsaMuse, inspiré de l’univers du personnage de la BD Jean-Louis.
Aussi, jusqu’au 15 mars au BHV Marais, Jean-Louis, cette fois avec le salon Who’s Next, aura son pop-up store présentant des pièces de la collection été d’une quarantaine de créateurs.
Je te sais très investie aussi dans des projets perso, tu m’en dis un peu plus ?
Séphora Talmud : Mon mémoire de fin d’études s’intitulait “Qui fait la mode ? Entre l’influence des consommateurs et le pouvoir des créateurs”. Cela portait sur une problématique plus large, l’analyse de phénomènes sociologiques de mode et de consommation (autrement appelé “lifestyle”), des codes, de masse ou de “signaux faibles”. Je me pose fréquemment des questions comme : Pourquoi les doudounes sont partout dans la rue alors qu’elles avaient été bannies il y a encore 10 ans ? Pourquoi cette hégémonie de la Stan Smith ? Pourquoi une grande partie des mecs arrêtent de raser leur pilosité faciale mais pas le reste ? Et pourquoi peu d’hommes portent des jupes, tiens ? Pourquoi les photos de #foodporn/voyages/soirées/selfies postées sur Instagram sont toutes les mêmes ? Derrière ces comportements (même si cela semble pour certains des non-décisions, des non-actes, de la “normalité”), se cachent de multiples explications plus ou moins rationnelles et profondes (et parfois “dérangeantes”) – et j’adore essayer de les expliquer !
Sur Facebook, j’ai créé un album “Soulmates”, qui regroupe des photos de gens portant les mêmes paires de chaussures. En général, je les repère dans la rue ou dans le métro. Je prends la photo discrètement, en cadrant les pieds, je demande rarement aux gens de poser. Ce qui est amusant, c’est que mes amis commencent à m’en envoyer, alors qu’avant personne ne faisait attention aux chaussures de son.a voisin.e. C’est un “projet” plus léger, mais en regardant cette galerie de photo, on peut se poser la question de l’identité, de l’appartenance à une tribu, du stéréotype.
Avec Sosies en série, on touche encore à la ressemblance entre les individus, mais d’une manière différente. Ce n’est pas vestimentaire, mais physionomique. J’ai créé ce site web dans le but de faire se rencontrer des sosies, des gens qui n’ont aucun lien de parenté. Ce sont en général des personnalités travaillant dans les milieux artistiques, mode, musique, cinéma… Ainsi, elles trouvent souvent des similarités dans leurs opinions, outre leur apparence quasi identique, et peuvent être amenées à travailler ensemble par la suite.
La férue de mode que tu es a-t-elle des conseils dressing pour cet hiver ?
Séphora Talmud : Honnêtement, venez comme vous êtes. Mon seul conseil serait : respectez-vous, ayez le bon sens de vous couvrir quand il fait froid. Ne vous plaignez pas d’attraper la crève si vous allez en soirée les épaules nues par -10° (véritale exemple). Okay c’est à la mode cet hiver et la fête est dans un appart surchauffé, mais bon… Pardon, je m’emporte.
Sur quoi as-tu craqué dernièrement ?
Séphora Talmud : Je suis un caméléon, un jour je peux être habillée et maquillée très très bizarrement (mes collègues #attheoffice peuvent en témoigner), et un autre être plus sobre, je ne calcule rien. Je craque sur des pièces importables pour beaucoup de personnes. J’ose les mettre – parce que je les adore – et me confronter au regard des autres et à leurs moqueries, mais je n’en ai cure, je suis à l’aise avec ça, et je n’aime pas trop les diktats de magazines féminins ou de gens peu respectueux de leur prochain.
Et côté musique, tu conseilles quelle playlist ? Quels titres ?
Séphora Talmud : Voici ma playlist #BounceBounceBounceBounce. Il y a beaucoup de chansons guilty pleasures dedans (don’t judge), et ça plaît énormément lors de mes dj sets improvisés. Et vu que j’aime bien “digger” à mes heures perdues, je poste souvent sur mon Tumblr des clips d’artistes, indépendants principalement.
Quelle vie parisienne mènes-tu ?
Séphora Talmud : J’ai toujours été passionnée d’art, de culture, de musique et de mode. Paris était la ville de mes rêves, enfant. Cela fait 10 ans que j’y suis, je ne m’en lasse pas, même si c’est harassant. Les loyers, les transports, la pollution, le bruit, les odeurs, la misère humaine, c’est horrible (comparé à d’autres capitales, on est vraiment à la masse sur ces sujets). Pourtant les gens encaissent, ils font comme si de rien n’était (l’Ile-de-France étant le premier bassin d’emploi français, certains n’ont pas forcément de choix) mais sont à deux doigts de craquer, et d’autres émigrent pour une qualité de vie plus douce. À côté de cela, la ville a une histoire, une architecture, une énergie que je ne retrouve pas ailleurs.
Le blog s’appelle L’arrogante, à ton avis, quelle est la chose la plus arrogante que tu aies faite ?
Séphora Talmud : Je suis arrogante de manière non verbale, via mes vêtements, sûrement. Après, j’essaie de donner le meilleur de moi-même, de me remettre tout le temps en question, donc même si je suis cynique, j’évite l’arrogance. Je prône le #paixetamour.
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Crédit photo de couverture : Yannick Roudier.