Le 7 mars sortira Le jour de mon retour, film sur l'incroyable destin de Donald Crowhurst lors du Golden Globe en 1968, cinquante ans après les faits. L'occasion de retrouver sur grand écran l'acteur anglais Colin Firth que l'on adore! Le jour de mon retour, est un film passionnant, une histoire vraie qui va vous subjuguer au cinéma.
L'histoire : 1968, en Angleterre. Navigateur amateur, Donald Crowhurst décide de participer à la Golden Globe, course autour du monde à la voile en solitaire, sans escale, organisée par le Sunday Times. Galvanisé par ce défi sans précédent, Donald, marié et père de trois enfants, compte également sur la récompense pour payer ses dettes... Il embarque à bord de son trimaran, qu'il a lui-même construit, dans l'espoir d'être de retour chez lui six mois plus tard. Très vite, il se révèle extrêmement mal préparé à affronter les épreuves qui l'attendent. Considérablement ralenti par ses avaries, mais incapable d'assumer les conséquences d'un échec, il choisit de s'inventer un parcours idéal. Par contact-radio, il se met alors à raconter à son attaché de presse et à sa famille qu'il progresse à une vitesse inespérée. Tandis que ses concurrents abandonnent la course les uns après les autres, l'exploit - fictif - de Donald fascine la presse qui ne tarde pas à faire de lui un héros populaire. En réalité, il doit braver les intempéries, tenter de réparer les dégâts subis par son voilier et surtout affronter la solitude...
L'incroyable acteur Colin Firth réponds aux questions concernant ce film évènement : Le jour de mon retour. Interview :
Vous vous êtes engagé dans ce projet très en amont. À quoi LE JOUR DE MON RETOUR a-t-il fait écho chez vous ?
- On n'a pas besoin d'être marin, navigateur ou explorateur - on n'a même pas besoin d'entreprendre quoi que ce soit de risqué - pour savoir ce qu'on ressent quand on cherche à se dépasser soi-même, y compris dans ses rapports aux autres. Par ailleurs, on est tous sensible à la force d'événements fortuits qui semblent se liguer contre soi. Et il y a très peu d'histoires qui abordent ces thématiques. Parfois, les pièges qui vous sont tendus sont tellement infimes qu'on ne les voit qu'une fois qu'il est trop tard pour réagir. Même dans ma vie personnelle, je ne pourrai prendre conscience du moment où j'aurais dû faire machine arrière qu'avec le recul du temps. Quand on s'est intéressé à la vie de Crowhurst, j'ai compris que ce sont toutes les étapes de son parcours - de sa préparation à l'accumulation d'éléments se liguant contre lui - qui constituent les récits captivants des héros que nous admirons. À chaque fois qu'on entend parler d'un alpiniste qui a atteint le sommet de l'Everest, d'un programme spatial ou du premier homme à avoir traversé le désert ou l'océan, on constate que leurs préparatifs ont toujours été semés d'embûches.
Cette histoire se déroule à une époque où les hommes pouvaient repartir à zéro et où les barrières entre classes sociales tombaient. C'est sans doute pour cela que le parcours de Crowhurst est aussi fascinant. Vous êtes-vous demandé pourquoi il s'est engagé dans une telle aventure ?
- En réalité, j'ai dû me résoudre à prendre pour
argent comptant ce qu'il en a dit lui-même. Mais je crois que s'il n'avait pas accepté de relever ce défi, il en aurait été durablement affecté. C'est assez logique à mes yeux. Je pense qu'il en avait la capacité. Il était plus capable que d'autres parce qu'il savait concevoir les plans d'un bateau et le construire, piloter un voilier et utiliser les outils de navigation. Les choses ne se sont simplement pas passées comme prévu. La frontière entre réussite et échec est très ténue. Sur neuf candidats ayant participé à cette course, un seul a fini par rentrer au pays, pour toutes sortes de raisons. Les gens se lancent dans des aventures terriblement dangereuses. Je crois pouvoir comprendre ce qui a poussé Crowhurst à le faire. Comme le disait George Leigh Mallory à qui on demandait pourquoi il s'entêtait à vouloir gravir l'Everest, " Parce qu'il est là ! "
Ce qui est frappant dans votre travail, c'est que vous devez être très proche de vos personnages et en empathie avec eux. Quelle proximité avez-vous nouée avec Crowhurst ?
- J'ai littéralement entendu sa voix puisque je n'ai cessé d'écouter ses bandes. Je n'ai pas arrêté de me plonger dans les archives. Les comédiens n'ont pas à juger, et c'est même ce qu'on apprend en cours d'art dramatique. D'autres que nous se réservent le droit de juger et cèdent souvent à cette facilité. En tant qu'acteur, on est censé incarner son personnage et justifier ses choix, et il n'y a rien d'étrange ou de farfelu là-dedans. En tant que comédien, on a une vision du personnage de l'intérieur et on essaie de jouer le rôle en enfilant son costume. Mais on a souvent l'impression de ne pas y arriver totalement surtout quand il s'agit d'un personnage réel. À l'inverse, quand il s'agit d'un personnage fictif, on peut davantage espérer se l'approprier. Si on a la chance de rencontrer la personne qu'on interprète à l'écran, on peut se nourrir d'une matière très riche. Mais c'est aussi une manière de garder ses distances avec le personnage.
Comment avez-vous vécu le tournage à Malte ?
- Malte répondait à nos besoins à de nombreux égards, notamment parce que l'île est équipée d'un bassin extraordinaire - et le terme de " bassin " est bien réducteur pour le décrire. Il s'agit d'une immense piscine jouxtant la mer. On peut y mettre en œuvre des effets saisissants grâce à un système de pompes et de canons à eau permettant de créer une tempête. C'était formidable pour les scènes se déroulant sous un climat plus propice. C'est là qu'on a tourné les scènes de la mer des Sargasses et celles se passant en été. C'est une île magnifique et il n'y a pas de meilleur cadre pour tourner des séquences en mer.
Rachel Weisz est formidable dans le rôle de Clare Crowhurst. Comment voyez-vous son personnage ?
- Tout comme Clare Crowhurst, Rachel est redoutablement intelligente, intuitive et forte. Elle apporte une ironie et une vivacité d'esprit au personnage qui lui permettent de décrypter la complexité du projet de Donald. Elle a peur pour lui et elle préférerait qu'il ne s'aventure pas dans un projet aussi périlleux. Elle croit en lui et en sa capacité à réussir. Je ne pense pas qu'elle ait eu tort de le penser. Clare était parfaitement consciente qu'il avait réellement besoin de participer à la course et que ne pas le tenter était tout aussi dangereux que de le tenter. Il faut vraiment aimer quelqu'un pour comprendre ça. Je pense, sans trop me tromper, que Rachel serait d'accord avec moi.