Coffee Talks : Miriam R. Krüger au Haid'Art Café

Publié le 26 février 2018 par Paulo Lobo
Miriam R. Krüger est une poétesse, dessinatrice, artiste plurielle d’origine péruvienne. Elle a publié plusieurs recueils de poèmes multilangue : Sentir (2010), Potpurri (2011) et Ego (2011). Ses derniers projets artistiques individuels sont Écoute-moi (2016) et Big little girl in the big world (2016-2017)

Dimanche prochain 4 mars, Miriam et Jean-Marc Want présenteront la lecture multilingue “Capillarité poétique”, dans le cadre du Salon du livre et des cultures du Luxembourg (LuxExpo Kirchberg). Cela se passera à 14h, dans la salle au 2e étage, et c'est ouvert à tous.
Pour notre coffee talk, on s'est retrouvés au Haid'Art Café, 265 rue de Neudorf, un chouette endroit, concocté avec amour par Haidar Liasse, qui a voulu en faire un lieu de convivialité dédié à l'art sous ses nombreuses facettes - musique, littérature, arts plastiques ...
Miriam m'a offert sa toute récente publication, un livret au format carré intitulé "Heartist", qu'elle a réalisé avec la collaboration de son complice Jean-Jacques André, qui est à la fois designer graphique, peintre, musicien et compositeur.
Ce livret ne répond à aucune étiquette véritable, il a été conçu comme un objet imprimé singulier, unique en son genre. Les photos, collages, textes, mise en page, tout s'y trouve épinglé avec une sidérante candeur, sans apprêts ni persifflage, avec rage et sincérité.
Pour Miriam, la poésie est non seulement affaire de coeur, mas aussi de matière, et il est fondamental de lui donner des feuilles de papier sur lesquelles elle peut se poser, et à partir desquelles elle peut s'envoler de nouveau vers les esprits de ceux qui la refeuillettent.
Que vaut l'acte poétique à l'époque de la mise en forme algorithmique de l'existence humaine ?
Et bien justement, écrire ou créer de la poésie, c'est résister à toutes les velléités (politiques ou économiques) de nous mettre en boîte, de nous réduire à une fonction strictement utilitariste. La poésie n'a en fait aucune autre raison d'exister que celle de clamer notre liberté d'expression, notre volonté de questionner l'ordre des choses ou au contraire de chanter jusqu'à l'excès notre amour de la beauté. La poésie est outrancière, démesurée, contradictoire, elle nous glisse d'entre les mains comme une anguille dans une botte de foin, la poésie est la plus pure forme de résistance, face à tous les totalitarismes, face à tous les esprits médiocres et face à tous ceux qui voudraient saucissonner la vie  pour mieux la vendre en petites tranches.
Alors la question qu'on s'est posé, Miriam et moi, c'est pourquoi la poésie est-elle si absente des programmes d'éducation de nos enfants ? Pourquoi ne leur dit-on pas dès leur plus jeune âge qu'ils ont le droit d'être fous et extravagants, qu'ils peuvent bousculer le langage et associer des mots sans que forcément cela fasse sens ?
Vous me direz : mais justement, si la poésie doit être libre et sauvage, il ne faut pas l'enfermer dans des livres scolaires.
Et nous vous répondrons : on peut en parler, on peut encourager la poésie sans passer par la case "apprendre par coeur la poule et le corbeau". Il suffirait que l'enseignant fasse briller son regard, qu'il ait du panache et qu'il invite les élèves à barbouiller de mots leurs cahiers. Comme ça, juste pour le plaisir, et l'enfant qui aura composé le plus beau chaos recevra la meilleure note.
Rêvons fort, rêvons haut, jusqu'au dernier souffle. Car l'esprit est plus fort que la matière, er la mer plus profonde que la rivière.
Ah, j'oubliais: vous donner le site de Haidar, et vous recommander de découvrir l'endroit au plus vite ! https://www.haidartcafe.com

Avec Haidar Liasse