Jusqu'à la garde, film de Xavier Legrand

La musique n’est pas indispensable pour faire monter l’angoisse dans une salle de cinéma. L’absence de musique (hormis celle qui se joue à l’écran) met en relief les sons et les bruits de l’action même. Et ses silences. Les pas qui nous mènent à la salle d’audience de la juge (Saadia Bentaïeb), la voix avec laquelle celle-ci lit les mots de Julien, l’élargissement du champ de la caméra qui s’accompagne des prises de parole successives, tout concourt à installer le climat d’inquiétude qui va progresser tout au long du film. Bien sûr le jeu des acteurs et actrices : l’enfant (Thomas Gioria) dont on sent bien qu’il est à la fois terrorisé et courageux, la mère (Léa Drucker) sur ses gardes, eux deux qui savent les risques encourus, le père (Denis Ménochet) dont l’attitude ne présage rien de bon, et qui, soudain débordé par la jalousie, semble capable du pire, le père (Jean-Marie Winling) de ce père dont on se dit qu’il n’a sans doute pas été tendre, sa mère (Martine Schambacher) qui a sans doute toujours essayé de calmer leurs relations… Mais plus encore les bruits du repas chez les grands-parents, le signal qui rappelle qu’il faut mettre la ceinture de sécurité, la musique de l’anniversaire qui couvre les conversations, et le silence qui revient nous cueillir au générique de fin.