Cette étude d'association pangénomique, menée par une équipe de la Yale, identifie une altération génétique associée à la dépendance aux opioïdes. Ces travaux, présentés dans la revue Biological Psychiatry apportent un aperçu des influences biologiques de cette " épidémie ", qui pourrait conduire à des traitements personnalisés contre cette " nouvelle " dépendance.
Car il s'agit bien d'une crise des opioïdes et l'étude apporte un premier éclairage sur ses facteurs de risque génétiques, des facteurs difficiles à identifier alors que la dépendance aux opioïdes est le résultat d'une alchimie complexe de prédispositions génétiques et de facteurs environnementaux, dont la disponibilité et l'accès aux médicaments opioïdes. Identifier la part de la contribution génétique explique l'auteur principal, le Dr Zhongshan Cheng. Son équipe a effectué l'analyse de l'ensemble du génome de 3058 patients européens-américains exposés aux opioïdes, dont 1.290 répondant aux critères d'une dépendance aux opioïdes. Plutôt que d'analyser les génomes des patients en fonction de la présence ou de l'absence d'un tel diagnostic, les chercheurs ont pris en compte la sévérité de la dépendance aux opioïdes, basée sur le nombre de critères du diagnostic clinique présenté par chaque participant.
L'analyse a identifié une variante, proche du gène RGMA associée à la dépendance aux opioïdes. Etre porteur de cette variante " RGMA " signifie une plus grande prédisposition à ces symptômes de dépendance aux opioïdes, expliquent les chercheurs. Il se trouve par ailleurs que le gène RGMA est également associé à plusieurs autres gènes critiques pour la fonction cérébrale, eux-mêmes liés à d'autres troubles mentaux, dont la schizophrénie, la maladie d'Alzheimer et l'autisme.
Quelle implication du gène dans la dépendance aux opioïdes ? Pour mieux comprendre l'implication du gène dans la dépendance aux opioïdes, les chercheurs ont examiné l'effet de la morphine sur les niveaux de RGMA chez la souris. Les niveaux de RGMA augmentent avec un traitement chronique à la morphine. Alors que RGMA est documenté pour réguler selon ses niveaux, la mort cellulaire et, a contrario, la croissance nerveuse dans le cerveau, son équilibre apparait crucial pour la santé cérébrale. Les chercheurs ont une première idée de la façon dont le gène pourrait modifier la réponse du cerveau aux opioïdes.
La piste reste à éclaircir, tout comme le niveau d'influence de la variante dans le développement de la dépendance, cependant RGMA apparait d'ores et déjà comme une cible prometteuse de nouvelles approches pharmacologiques pour traiter la dépendance aux opiacés.Équipe de rédaction Santélog