Titre : Mattéo, T4 : Quatrième époque (août-septembre 1936)
Scénariste : Jean-Pierre Gibrat
Dessinateur : Jean-Pierre Gibrat
Parution : Octobre 2017
Jean-Pierre Gibrat est un grand dessinateur. Son dessin tout en aquarelle fait la grande force de ses bande-dessinées. Côté scénario, c’est moins folichon. Les intrigues amoureuses mêlées aux grands événements de l’Histoire, souvent trop bavardes, peinent à passionner. « Mattéo » est certainement, sur ce plan-là, la plus réussie de ses séries. Le quatrième tome s’intéresse à la guerre d’Espagne pour 60 pages de lecture chez Futuropolis.
Un concept qui s’essouffle.
Après un premier cycle consacré à la Première Guerre Mondiale, voilà la suite de celui consacré à 1936. Pendant les premiers congés payés, Mattéo avait traversé la frontière franco-espagnole pour rejoindre les Républicains dans la lutte armée. Avec eux, des caisses de fusil. Pourtant, ils ne sont pas accueillis comme ils l’auraient voulu…
À la fermeture de l’ouvrage, on reste dubitatif. Oui, il y a les ingrédients qui font de cet ouvrage un « Mattéo » (et un « Gibrat » au sens large). Mais qu’en retenir ? Pas grand-chose… Les discussions politiques sont moins réussies, liées surtout à l’Anarchie. Même son rapport à la jeune fille de l’ouvrage est moins intéressant que par le passé. On est loin du Mattéo qui s’engage dans les tranchées pour sa belle… Quant à la partie action, elle s’enlise sur un village perdu qui peine à être conquis. Une fois fait, les exactions de la guerre civile sont bien légères…
C’est peut-être la fin de l’ouvrage qui laisse le lecteur sur sa faim. Laissée en suspens, on ne sait pas trop qu’en penser… Y’aura-t-il une suite directe ? Une suite pendant la Seconde Guerre Mondiale ? L’ouvrage peine, à mi-chemin, à trouver son sens et s’enlise.
Heureusement, le dessin permet de trouver un intérêt immédiat à l’ouvrage. Profitant comme lors du précédent des lumières du Sud et de l’été, Jean-Pierre Gibrat propose un ouvrage étincelant. Son dessin est toujours aussi beau, ses filles toujours aussi belles (quoique redoutablement identiques). Les trognes des personnages, les décors, tout est au diapason… Rien que pour la beauté des planches, la lecture vaut le coup.
« Mattéo » est une série qui s’essouffle clairement avec cet ouvrage. Si les bases sont bien là, on ressent un manque de direction de cette histoire, un fil directeur vers une finalité. Une déception donc, mais qui devrait plaire aux fans de la série tant les ingrédients restent les mêmes.