Chuck Palahniuk est connu pour son roman acclamé par les critiques, Fight Club, mais on lui doit aussi Damnés (la critique de celui-ci arrive bientôt, vous pourrez la retrouver en cliquant ici), Choke, Le Festival de la couille et autres histoires vraies, Monstres Invisibles, ou encore Peste. Bien que Fight Club soit son premier roman - publié en 1996 - il n'a pas chômé depuis et en a sorti 16 autres !
Mais ne nous égarons pas, cet article est consacré à Fight Club ! Le seul, l'unique 😀
Le héros, qui est le Narrateur, a du mal à supporter sa vie. Bien qu'il ait un emploi fixe, une garde-robe contenant uniquement des marques de luxe ou encore un appartement rempli de tout le mobilier tendance, sa vie - rythmé uniquement par la société de consommation - est pour lui totalement monotone à un point qu'il en devient insomniaque. Alors qu'il cherche de l'aide auprès d'un Docteur, ce dernier lui conseil d'aller voir des groupes de soutiens pour les personnes touchées par de graves maladies ou en phases terminales. Étrangement, c'est là-bas qu'il trouve le réconfort qu'il cherchait. En se faisant passer pour un mourant ou un homme tourmenté par la maladie qu'il a subit, il arrive à exprimer ses sentiments et à avoir un échange. Toutefois, cela ne dure pas car un jour il se retrouve face à Marla Singer, une " touriste " tout comme lui. Elle le renvoi à son propre mensonge et les insomnies reviennent. Il trouve le salut le jour où son appartement brûle et qu'il décide de recontacter un certain Tyler Durden - qu'il avait rencontré lors d'un voyage d'affaire - pour lui demander s'il peut l'héberger. Tyler accepte mais à la seule condition qu'il le frappe. C'est suite à cet affrontement improvisé - qui leur a permis d'extérioriser leur mal-être et de se sentir vivant - que la Narrateur et Tyler décident d'ouvrir un Fight Club.
Je sais, j'ai mis quelques lignes à expliquer l'histoire mais je ne pouvais faire autrement. Fight Club ne pouvait s'expliquer en deux lignes 😉
L'idée de ce roman vient à Palahniuk lorsqu'un jour il retourne travailler après une altercation alors qu'il était en camping et que personne n'ose lui demander pourquoi il a des bleus. A la base ce n'était qu'une nouvelle mais il finit par faire une réécriture et obtient un roman complet.
Fight Club est à mes yeux une œuvre complexe. Ce roman regorge de nombreux éléments et se trouve être bien plus profond qu'une simple histoire de mecs se rouant de coups.
La façon d'écrire de Palahniuk est vraiment une marque de fabrique et c'est ce que j'ai beaucoup aimé. Intitulé " minimaliste ", c'est un style qu'il tient de ses enseignements avec l'auteur Tom Spanbauer (à Portland de 1991 à 1996). Un style utilisé aussi par Amy Hempel, Marc Richard, Denis Johnson, Thom Jones ou encore Bret Easton Ellis.
Le nom est plus qu'éloquent, minimaliste 😀 Cela correspond à l'utilisation d'un vocabulaire limité et de phrases courtes pour simuler la manière dont un individu moyen raconterait une histoire. C'est un style que l'on retrouve clairement dans les écrits de Palahniuk. Cela rend la lecture vraiment très facile et direct. On enchaine sans la moindre difficulté, les tournures de phrases sont simples et ne contiennent pas de vocabulaire trop poussé. Il suffit d'accrocher à l'histoire (ce qui est largement le cas ici :D) et les pages s'enchaînent à une vitesse folle. Cette façon d'écrire est vraiment un point positif qui permettrait à n'importe qui, même quelqu'un qui n'est pas très branché lecture, de se plonger sans difficultés dans Fight Club.
Pour ce qui est de l'histoire, elle est réglée à la perfection. On découvre le narrateur qui nous raconte sa vie, son malaise et plus ou moins sa descente aux enfers. Chaque chose est emboitée comme il se doit. Je ne peux pas en parler vraiment sans spoiler, et je ne peux pas prendre ce risque si vous n'avez pas lu ce très bon roman. Toujours est-il que Palahniuk parvient à nous tenir en haleine du début à la fin. Il n'y a pas une page de remplissage. Son style d'écriture aide encore plus pour se scotcher à l'histoire. Ce qui est particulièrement intéressant est que l'écriture de Fight Club est faite d'une manière convenant parfaitement au cinéma, ce qui fait que je ne suis pas étonné qu'il ait été adapté (par David Fincher en 1999 avec Brad Pitt et Edward Norton) et surtout qu'il soit aussi bon même à l'écran. Le petit plus pour ceux qui auraient vu le film sans avoir lu le livre, c'est que vous allez retrouver la même ambiance au fil des pages comme si vous reviviez le film, et surtout le roman et le film n'ont pas la même fin ! J'ai été très surpris, et de plus, j'ai été particulièrement ravi de voir que la fin littéraire est tout aussi bonne que la version cinématographique. Je ne vous en dirai pas plus, mais lorsque je suis arrivé à la fin de la dernière page j'en été bouche baie 🙂 Excellente !
Fight Club est clairement jouissif par la manière d'écrire, l'ambiance sombre, l'humour noir et la tendance désabusé du narrateur qui offre des scènes et remarques particulièrement efficaces.
Mais sur le fond cela va vraiment bien plus loin !
Palahniuk nous présente un personnage qui est le consommateur lambda d'une société Américaine de consommation à outrance, le parfait produit formaté par la société. Bien qu'il ait tout ce dont il pourrait avoir besoin, il se sent au final complétement vide. Incapable de montrer ou parler de ses sentiments, il retient toutes ses frustrations engendrées par cette société sois disant parfaite. Il est contraint de suivre les ordres d'un petit patron, perdant sa réflexion personnelle et toute initiative. Il est écœuré et ne voit pas comment s'en sortir, ce qui le pousse à se faire passer pour un mourant afin de pouvoir laisser évacuer ses sentiments et pouvoir établir des liens sociaux.
Fight Club est un reflet de notre société totalement fermé qui ne pense qu'à consommer au lieu de connaitre son voisin. Palahniuk critique la société de consommation, l'uniformité qu'elle impose, la mondialisation, les contradictions sexuelles, idéologiques et physiques.
On retrouve à travers les monologues du Narrateur de nombreuses réflexions sur le monde, l'éducation, les dictâtes de la beauté de la société parmi plein d'autres sujets. Ces longs monologues des personnages principaux sont, d'après ce que j'ai pu lire, courant dans les écrits de Palahniuk. Je pense que cela lui permet de nous retranscrire toutes ses réflexions.
Enjoy !
A bientôt,
Desmond Andrew Green