Il y a eu L’heure rose, voici la Blue Night : les jours se suivent au Centre d’art contemporain La Traverse. Et ils font sang blanc. Coulent sur les muqueuses (Béatrice Cussol), les bouches, en silence. Les sorcières de l’exposition ne hurlent pas, elles sont seulement présentes, corps débordant parfois, têtes coupées, lèvres cousues, les yeux ouverts sur une étrange nature (Myriam Mechita).
Je venais de visiter l’exposition Women House à la Monnaie de Paris. Outre le fait que les titres de ces deux expositions, à Paris et à Alfortville, sont en anglais (ce qui, pour moi, a pour effet de tenir à distance les non-anglophones, et surtout me paraît comme une façon de céder au marché de l’art dominé par les Etats-Unis d’Amérique), on y trouve cette affirmation de soi par le sexe. Mais on y trouve aussi une relation aux objets comme cette théière à Paris et ces autres couverts sur la table à Alfortville. Ici, c’est une sorte de crèche : la paille, et un visage que suggèrent deux théières, des couverts et autres ustensiles marqués de traînées sanguinolentes (Vidya Gastaldon).
Après le Grand Sabbat (Agathe Pitié) réunissant toutes les images contemporaines de sorcières comme certains peintres flamands rassemblaient des monstruosités, place à la nature et aux accumulations, offrandes (Skall) ou manifestants (Lydie Jean-Dit-Pannel), parmi lesquelles une femme choisira un agneau pour le tenir dans ses bras tandis que le troupeau sortira de l’enclos (vidéo de Imfazwe Yenkaba).
Mais de la nature, enfermée dans des boites de conserve (Martine Aballéa), nous n’avons plus que de vagues réminiscences (Mélanie Lecointe).
L'exposition se termine le 3 mars 2018.