On peut dire que l’école de management de Lyon pousse un rugissement, sans ménagement, de lion, un rugissement de plaisir : on ne cesse de parler d’elle. Mais à quoi est due une telle couverture médiatique ? A l’intervention de Laurent Wauquiez devant des élèves de cet établissement. Le nouveau chef des Républicains y tenait une petite conférence dont le thème nous échappe encore. Il en a surtout profité pour régler ses comptes avec la société française, de droite comme de gauche. Evidemment l’intéressé avait prévenu que tout ce qu’il colportait devait rester dans le cercle privé et qu’il ne fallait, en aucune façon, ébruiter cette diarrhée verbale ! L’homme était-il candide au point d’imaginer que ses propos ne franchiraient pas les murs de l’école ou bien a-t-il délibérément tenu des propos polémiques en sachant que, tôt ou tard, ça fuiterait dans la sphère publique ? Toujours est-il que l’homme du Puy en Velay, vit son puits en vœux laids se vider et répondre ses eaux nauséabondes par le truchement d’un enregistrement effectué à l’insu de son plein gré, comme dirait un as du pédalier et de la grimpette. Depuis, les radios, les télés, les réseaux sociaux révèlent l’inaudible, l’incongru, tout droit sorti de la bouche du prétendu ami de sœur Emmanuelle (qui doit se retourner dans sa tombe et, par essence, on imagine moins les petits chiffonniers du Caire au zen). Le premier enregistrement a révélé des attaques à l’endroit de Gérard Darmanin, le ministre du budget, déjà bien embrassé, heu, embarrassé par des rumeurs de harcèlement sexuel. Extraits : « Quand on voit Gérald Darmanin, on n’écoute plus du tout ce qu’il dit. C’est plus le budget, c’est plus quoi que ce soit. C’est juste : tiens, c’est le type qui était avec une call girl, qui s’est fait ceci, cela, c’est vrai, c’est pas vrai, etc " Laurent s’en prend aussi à son ex-mentor, le nerveux de Carla, qu’il présente comme un maniaque des écoutes, un fan des barbouzes. Extraits : « Nicolas Sarkozy, il en était arrivé au point où il contrôlait les téléphones portables de ceux qui rentraient en conseil des ministres. Il les mettait sur écoute pour pomper tous les mails, tous les textos, et vérifier ce que chacun de ses ministres disait au moment où on rentrait en conseil des ministres »
Notre Jupiter national n’est pas épargné. Le chef des Républicains accuse le chef de l’Etat d’avoir mis en place une cellule de démolition pour avoir la peau de Fillon. Il est vrai que sans Macron le Manceau aux gros sourcils aurait été Président de la République, nommant un certain Wauquiez au poste de Premier Ministre ! Ah, que de rancœurs emmagasinées !
On aurait pu en rester là. Mais un second enregistrement vient de faire surface dans le cloaque médiatique. Cette fois ci Mr Wauquiez s’en prend à sa copine Valérie Pécresse (« ah, le nombre de conneries qu’elle peut faire !), au maire de Bordeaux, Alain Juppé (À Bordeaux, il a fait des miracles, Bordeaux est géniale, est très bien gérée... Mais il a fait exploser les impôts, et il a fait exploser la dépense publique, et il a fait exploser l'endettement. Moi, ma conviction, c'est que quand vous faites ça, vous n'avez, à l'arrivée, plus aucune forme de crédit)
Puis l’homme remonté tire à boulets rouges sur l’'Assemblée nationale qu'il juge inefficace. Selon lui, l'équilibre des pouvoirs relève de la grande illusion. Extraits
Vous pensez vraiment qu'un parlementaire a le moindre pouvoir aujourd'hui ? Vous avez vu les guignols d'En marche, là ? Ils sont tous avec le petit doigt sur la couture, et ils doivent tous voter la même chose. Quand ils osent apporter la moindre dissonance, ils se font taper dessus avec une matraque. Il n'y a aucun équilibre des pouvoirs en France !
Et de sa bouche venimeuse il assène « la France est une dictature ! »
Les politiques étrangers ne sont pas épargnés. Lors du premier « cours » la chancelière Angela Merkel est dénigrée pour son charisme. Dans le deuxième enregistrement c’est Justin Trudeau, le premier ministre canadien, qui se voit rhabiller pour l’hiver que l’on sait rigoureux du côté de Québec. Extraits.
Lui en gros, c'est simple: tout ce qui est mainstream (courant principal), tout ce qui est bonne pensée, je prends tout. Et donc l'objectif, c'est: je suis à fond dans tout, tout est nickel, tout est ripoliné, il n'y a pas un cheveu qui dépasse, je suis le mec cool, gentil, complètement dans le mainstream du média
On notera l’usage de l’anglais, dialecte si cher à Wauquiez en supplément de l’arabe qu’il maîtrise comme une vache espagnole.
Je pourrais continuer à vous soumettre les défécations verbales de l’individu mais à quoi bon ? L’important est de savoir à quel jeu joue cet homme qu’on dit intelligent. Deux thèses se présentent.
La première est celle du « pétage de plomb » mixé avec une bonne dose de crédulité. Wauquiez se serait lâché sans aucun contrôle en croyant candidement que ses propos ne seraient pas diffusés vers les sphères extérieures. C’est totalement ignorer les porosités, les techniques miniaturisées d’enregistrement, l’impact des réseaux sociaux.
La seconde est celle du Trumpisme ! A l’image du Président des USA, Wauquiez se serait lancé dans une kyrielle de diatribes, n’épargnant personne, pour faire parler de lui et montrer qu’il n’a peur de rien, qu’il est finalement digne d’être la seule vraie force d’opposition à Macron. Seul contre tout un système de délitement des forces politiques traditionnelles !
C’est finalement un mixage des deux qui nous échoit ! Puisque les fuites ont bien eu lieu, Monsieur Wauquiez n’a pas d’autres alternatives que d’assumer ses dérapages et de préciser qu’il est une victime du système médiatique. C’est la posture qu’il a adoptée, ce mardi 20, au micro de TMC face à la journaliste Ruth Elkrief alors que ruent tels ou tels griefs…Mais dans les brancards !
Le chef des LR opte donc pour la stratégie de l’attaque ! Car, en France, l’attaque sidère mille ans, pas ailleurs (la taxidermie, l’empailleur ?). L’attaque reste la meilleure façon de se défendre depuis que la stratégie vit sur cette planète. Il revendique, cependant, deux positions ambivalentes : celle de la victime, de la cible qu’on veut abattre et qui, pour d’aucuns, pourrait générer le syndrome du Calimero plaintif et désabusé et celle de la pugnacité, de la combativité, du quasiment jusque-boutisme en assumant des propos dignes d’un écervelé qui ne mesure pas l’étendue des conséquences…
Un cas Wauquiez comme un pavé dans le caveau quiet des idées mortes avant que d’être policées ? Certains pensent déjà que le « parler vrai » du pilonneur de la République pourrait lui profiter !
Il faudra donc surveiller les sons d’âge qu’ânonnent hic…
Car il y a des hic :
- Le parler vrai n’existe pas ! La vérité n’est pas une, elle est multiple !
- La médisance vous enfonce ! Elle est addictive ! Si elle est tactique elle devient toc sans éthique !
Qu’allait-il faire dans cette galère A ramer contre tous les vents ? A fustiger la Terre entière Devant ces quelques étudiants ?
Fallait-il qu’il fût bien crédule Pour imaginer ses propos Ne pas quitter la jolie bulle Des grands secrets professoraux ?
Laurent piégé prend l’offensive D’un bouc émissaire accrocheur Assumant toutes ses rancœurs
Revendiquant le « parler vrai » Il fustige les autodafés Se « trumpise » en fièvre intensive…