Magazine Société

Lettres de roulotte, de José Gsell

Publié le 17 février 2018 par Francisrichard @francisrichard
Lettres de roulotte, de José Gsell

Ce livre est une cigarette dont on a ôté le filtre. Peut-être qu'on le jette après l'avoir lu, peut-être qu'on le récupère dans le cendrier pour lui extirper quelques dernières bouffées d'authenticité.

Vivre dans une sorte de malle sur roues de douze mètres carrés, après avoir vécu dans un squat avec beaucoup d'autres, cela change la vie: les libertés individuelles retrouvées n'en sont que plus aimables.

De sa roulotte, et dans icelle, José Gsell a pris le parti d'écrire pour produire de la nourriture. Ce n'est pas l'opulence et, pourtant, il se sent riche, riche de pouvoir mener une vie de lenteur, privilège exceptionnel.

Bien sûr, il lui faut trouver un peu d'argent pour bouffer et pour payer [sa] place. Mais s'il pouvait s'en libérer, il le ferait, non pas qu'il soit paresseux, mais les emplois qu'il a occupés lui semblent bien futiles.

Il ne trouve en effet pas beaucoup de sens à ses activités passées. A présent il effectue des déménagements avec un patron que bosser ennuie autant que lui et fait quelques chantiers avec ses frères ou des amis.

Ce qui lui importe c'est de savoir que chaque jour d'investi signifie deux semaines de paix. Qu'il met à profit pour trouver un sens à la vie et qui lui permettent de juste sentir ce qui nous dépasse...

D'où lui vient ce parti pris expérimental pour un état de grande solitude volontaire? D'avoir encore tout jeune vécu en forêt: C'est dans les bois que j'ai commencé à devenir rétif à l'occupation chronique.

Il ne faut pas croire que vivre en roulotte soit une sinécure. Le porte-monnaie reste boulimique et les contraintes matérielles persistent qui parasitent l'esprit. La vie n'y est donc pas idéale et vivre libre a un prix:

Vivre incertain, peut-être est-ce cela vivre pleinement, ne pas avoir le droit d'être endormi...

Mais le résultat est là: la visite que le lecteur rend à l'auteur, dans sa roulotte, et en dehors, en lisant son texte à tout dire , ne peut que le rassasier, car de savoir qu'il serait lu lui a permis de faire naître des mots à l'extérieur.

Et ces mots, empreints de poésie, ont le parfum de l'authenticité, sans doute parce qu'ils sont rêves devenus réalité:

Je crois écrire ce que j'aimerais lire, c'est pour cela que j'écris. Et cette pratique est très constructive pour passer le temps...

Francis Richard

Lettres de roulotte, José Gsell, 120 pages, Torticolis et Frères, (illustré par Hervé Thiot)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francisrichard 12008 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine