Il y en a treize, treize histoires. Leur nombre, celui des participants à la Cène (qui a précédé la trahison de Judas), est-il une indication? Si ces Histoires saintes le sont, alors ne sont-elles pas du moins apocryphes?
Le sont en tout cas les histoires inspirées de vies de saints reconnus tels qu'Othmar de Saint-Gall, Jean-Marie Vianney (le curé d'Ars), Benoît de Nursie et ses disciples Placide et Maur, Denys, ou encore Sébastien.
Car Jean-Jacques Bonvin ne cherche lisiblement pas à être orthodoxe: il prend des libertés avec les vies de ces saints, si bien que l'Église ne reconnaîtra pas toujours les siens qu'elle a pourtant un jour canonisés.
Il n'est pas seulement d'ailleurs question de saints dans ces histoires dites saintes. La religion y est ainsi présente avec une histoire d'exorcisme ou avec une histoire de moine stylite qui combat les idoles païennes.
La dive bouteille n'est pas absente non plus dans une de ces histoires qui raconte le périple d'un écrivain soviétique de Moscou à Petouchki, et retour par le bord de l'Arve : la comparaison entre auteurs n'y est pas raison...
Bonvin ne saurait mentir, mais il pousse tout de même un peu loin le bouchon avec ses hagiographies d'aujourd'hui tels que ses curieux Missi Dominici , sa Reine des fées ou le procès en canonisation de son Cookie.
Quand le narrateur raconte la dernière volonté de son père: J'ai pris une décision, tu vas la trouver bizarre, elle est bizarre. Je vais passer mes dernières heures en faisant la planche, le lecteur est pris de franche hilarité...
Et, après avoir bien ri, il se rappelle que dans Magnam me facit Dominus, l'auteur a laissé libre cours à son imagination fertile pour donner sa version surnaturelle de l'annonce faite à Marie et de la conception de Notre Seigneur.
Selon que le lecteur est chrétien ou non, il appréciera bien sûr la façon, mais se demandera donc, ou non, s'il ne doit pas adresser une prière à son Créateur pour que l'auteur qui a commis ces récits iconoclastes soit absous, ou non...
Francis Richard
Histoires saintes, Jean-Jacques Bonvin, 156 pages, éditions d'autre part