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Comment des lacs de haute montagne des Pyrénées, situés dans un environnement préservé, peuvent-ils être pollués au mercure, un contaminant neurotoxique* ?
Une étude publiée fin 2017 a permis de comprendre l'origine de cette pollution. Des scientifiques du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de Toulouse et de Pau ont montré que le mercure provient de poissons d'eau de mer.
Les poissons d'eau de mer, ainsi que le mercure qu'ils ont accumulé, sont pressés en granulés et utilisés pour nourrir les alevins (jeunes truites) dans les fermes piscicoles. Ces alevins sont ensuite déversés chaque année dans les lacs d'eau douce pour les repeupler. Contaminés aux mercure, et étant les proies de poissons de plus grande taille, ils contaminent finalement tout le lac.
Jusqu'à une tonne de mercure par an transportée en eau douce
Points négatifs : tout d'abord ce polluant arrive sous forme organique, le méthylmercure, qui peut facilement se bioaccumuler et se bioamplifier dans les organismes vivants, ce qui le rend encore plus dangereux. Ensuite, il est persistant. Il est ainsi encore présent cinq ans après son introduction dans l'environnement ! Enfin, les doses ainsi transportées des milieux marins vers les milieux continentaux ne sont pas anondines : potentiellement jusqu'à une tonne de méthylmercure par an. En effet, l'introduction de poissons dans les eaux naturelles a plus que doublé au cours des dernières décennies.
"L'introduction de poissons d'élevage dans des lacs naturels devrait donc être considérée comme un bio-vecteur humain induisant le transport du mercure des milieux marins vers les milieux terrestres, créant un potentiel risque pour la santé humaine et environnementale" indique l'étude.
Pour autant, les scientifiques ne tirent pas la sonnette d'alarme sur la consommation de truites. Ils soulignent cependant la nécessité de poursuivre les recherches sur les activités piscicoles et leurs impacts collatéraux sur l'environnement.
Anne-Françoise Roger
* Le mercure (Hg) est un contaminant prioritaire au niveau international, de par ses effets néfastes cardiovasculaires et neurotoxiques. Sous sa forme organique, le méthylmercure (MeHg), le mercure peut facilement se bioaccumuler et se bioamplifier, ce qui représente un risque important pour la santé humaine et environnementale.