Arriver ici, dans un camp. Que faire de son corps ? De sa parole même ? Enfermé. Sans avoir où aller. N’étant pas d’ici. Ayant dû fuir. Tomber. Se relever. De quelque côté que l’on se tourne, de quelque façon que l’on bouge, on n’en sort pas. On voudrait en sortir. De la solitude. Trouver les mots, les gestes, les pas. Rencontrer. Les danseurs nous regardent. Les lits se dressent en forteresse (image trouvée sur le site de la Compagnie Mouvements perpétuels, de Salia Sanou). Il n’y a pas de nature dans ce lieu de nulle part où vivent pourtant des millions de femmes et d’hommes. Si le chorégraphe pose ce décor, les mots qu’il a choisis pour accompagner la danse, mots qui naissent dans le public et gagnent le plateau, ce sont ceux de Nancy Huston, extraits de Limbes/Limbo, texte qu’elle a écrit en hommage à Samuel Becket (Cap au pire). Et ce sont les mots de tous les exilés, de celles et de ceux qui ne sont jamais chez eux, dans leur langue. Salia Sanou trouve dans les corps l’expression du désir d’ailleurs. La scène finale, où les couples tournent sur des mobylettes, nous fait partager la joie du départ. Et les danseurs nous regardent.
J'ai vu ce spectacle au !POC! d'Alfortville (94)