Il est vrai que les 61 millions d’euros levés en 2017, par Doctolib, l’un des acteurs principaux de ce marché indiquent bien que les choses bougent et que certaines pratiques sont en train d’évoluer concernant les médecins et leurs patients.
Une pratique qui se généralise et qui a l’aval du ministère de la santé
Il semble bien qu’il y a consensus autour de la pratique des prises de rendez-vous médicaux en ligne.
D’ailleurs, le Ministère de la Santé, dans sa Stratégie nationale e-santé 2020 a considéré le développement des systèmes de prise de rendez-vous médicaux en ligne comme un outil facilitant l’accès aux soins des patients.
Faisant écho, sans doute à une étude de l’Ifop, datant de 2014 , qui indiquait que les délais d’attente pour l’obtention d’un rendez-vous étaient le principal facteur (64%) de renonciation aux soins.
Car les délais d’attente pour obtenir un rdv sont en France, selon la spécialité, devenus très long : 4 jours chez un médecin généraliste, 48 jours pour un dermatologue, 55 pour un gynécologue ou 104 pour un ophtalmologue…
Mais les choses évoluent et le dernier signe en date est la mise en place par l’AP-HP d’un service de prise de rendez-vous en ligne pour ses 9 000 médecins. Un service qui sera complétement déployé d’ici juin 2018 en partenariat avec la plateforme Doctolib.
De fait, le grand public aussi, semble avoir adopté ce nouveau mode de fonctionnement, comme en témoigne l’étude Opinionway/Mondocteur.fr de 2016, qui précisait que 26% des français ont déjà utilisé des plates-formes de prise de rendez-vous en ligne .
Le principe des rendez-vous médicaux en ligne
En résumé, les sites de rendez-vous en ligne permettent au patient de trouver un médecin, généraliste ou spécialiste, près de chez lui et de prendre un rendez-vous en ligne à tout moment du jour ou de la nuit. Généralement, le rendez-vous lui est rappelé par mail ou SMS.
Pour les patients, on retrouve les principales fonctionnalités et facilités suivantes ;
- Accès gratuit à la plateforme pour le patient.
- Accès au service de rendez-vous 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
- Indication de la spécialité du médecin recherché et de sa ville. En retour, le site affiche une liste des praticiens concernés et leurs disponibilités.
- Accès aux informations pratiques sur le cabinet (emplacement, photos, honoraires…).
- Accès en temps réel aux agendas des médecins abonnés au service et possibilité de réserver en ligne les créneaux disponibles.
- Possibilité d’avoir des alertes lorsqu’un créneau souhaité se libère.
Des avantages certains et financiers pour les médecins
Le premier argument pour les médecins pour adopter ce service est une meilleure gestion des rendez-vous non honorés. Car il faut savoir qu’en moyenne, un praticien doit tabler sur une vingtaine de rendez-vous non honorés chaque mois. Une perte financière et une tâche administrative qui ne sont pas sans conséquence sur l’activité, entrainant un manque à gagner considérable pour les médecins.
A titre d’indication, en 2013, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), premier syndicat de médecins libéraux, a évalué à 28 millions le nombre de consultations non honorées.
Le second argument est de l’ordre purement administratif, la solution de prise de rendez-vous le libère ainsi d’une tâche non-médicale. On estime que 30 à 40% de la journée de travail d’un praticien est consacrée aux tâches administratives.
Le praticien verse ainsi aux plateformes proposant le service de rendez-vous en ligne, un abonnement mensuel variant entre 100 et 200 euros. Un coût mensuel moyen pour le médecin nettement inférieur à celui engendré par l’annulation de rendez-vous, par exemple.
Un marché à conquérir avec un fort potentiel
Mine de rien, le marché des rendez-vous médicaux en ligne est très prometteur. Savez-vous par exemple, qu’environ 1,5 milliard de rendez-vous médicaux pris chaque année en France ?
Et que, côté professionnels de santé en France, il y a encore une part importante à conquérir, car moins de 10% des 222 000 praticiens français ont déjà souscrit à une offre.
Un constat que partageait déjà en 2016, Jacques Lucas, vice-président du Conseil national de l’ordre des médecins, qui affirmait que « ce service « va indiscutablement se développer ».
De nombreux acteurs se positionnent sur ce marché
Selon une étude réalisée en 2016 par l’Union Régionale des Professionnels de Santé de l’Ile de France : « les outils de prise de rendez-vous en ligne pour les médecins libéraux », on peut dénombrer une quinzaine de plateformes proposant des services de gestion de rendez-vous aux médecins. Cliquez ici pour lire l’étude .
Une offre pléthorique qui a incité la même URPS a rédiger et présenter en février dernier, une charte pour la protection des utilisateurs des plateformes de rendez-vous médicaux en ligne. De nombreux éditeurs ont déjà signé cette charte dont les principes de base sont le respect de la déontologie médicale et la confidentialité des données et secret médical.
Lien vers la charte au format PDF : URPS-medecins-IDF-charte-e-rdv-medicaux-2018
Il faut dire ce marché attire tous types d’acteurs, des pure-players mais également des groupes important qui investissent fortement dans le secteur, à l’image du groupe Lagardère derrière l’offre de MonDocteur.fr, de Cegedim pour la plateforme Docavenue.com, de Vivendi pour l’offre rdvmedicaux.com, du mutualiste MNH pour le site Keldoc.com ou encore SoLocal Group (ex PagesJaunes Groupe) pour PagesJaunesDoc…
Concernant la solution Doctolib, il affiche à son capital des noms prestigieux comme Eurazeo, Bpifrance, le fonds international de capital-risque Accel, Pierre Kosciusko-Morizet (cofondateur de PriceMinister) et Nicolas Brusson (cofondateur de BlaBlaCar).
Mais à ce jour, il semble bien que deux start-up, MonDocteur et Doctolib, se disputent le marché français de la prise de rendez-vous médical en ligne.
Le fort développement de doctolib
Doctolib aurait réussi en moins de trois ans à s’accaparer 68% du marché français. Cette jeune société a été fondée en 2013 par Stanislas Niox-Chateau, Jessy Bernal et Ivan Schneider. Elle connaît depuis un fort développement grâce à de nombreuses et généreuses levées de fonds :
- Février 2014 : 1 million d’euros lors d’un premier tour de table auprès de web-entrepreneurs.
- Novembre 2014 : 4 millions pour une deuxième levée de fonds.
- Octobre 2015 : 18 millions collectés lors de la troisième levée de fonds.
- Janvier 2017 : 26 millions collectés notamment auprès d’Accel Partners et de Bpifrance.
- Novembre 2017 : 35 millions lors d’un tour de table mené par Bpifrance et Eurazeo.
Ses effectifs suivent la même courbe que son capital car elle a recruté près de 400 personnes (dont 150 en 2017) en quatre ans en France et en Allemagne, et elle compte encore recruter 200 personnes supplémentaires en 2018 dont une centaine en Allemagne pour y implanter un centre d’ingénierie.
Recrutements importants afin de continuer à faire augmenter le nombre de clients nationaux et outre-Rhin pour assurer le développement de l’entreprise. Elle est présente dans 30 villes françaises et 5 villes allemandes (Berlin, Munich, Cologne, Düsseldorf et Hambourg).
Doctolib est utilisée par 40 000 professionnels de santé (généralistes, dentistes, ophtalmologues…), 900 établissements partenaires. Elle a réussi à imposer sa présence dans 45% des cliniques privées en France. L’essor semble en marche avec 2 500 nouveaux praticiens chaque mois.
Côté public, la plateforme indique recevoir 12 millions de visites par mois.
Les rendez-vous médicaux en ligne semblent un outil efficace pour tout le monde et être en passe de devenir un réflexe adopté par un nombre croissant d’utilisateurs.
Et vous ? Qu’en pensez-vous ?