MORY INDUSTRIES INC. est une société japonaise active dans la fabrication et la vente de tubes et barres en acier inoxydable. Elle a été fondée en 1929 et fabriquait alors des fourches de vélo. Elle compte aujourd'hui 600 employés.
Mory s'échange à un prix correct, de 14.6 fois les bénéfices récurrents, 0.9 fois la valeur comptable corporelle, 0.84 fois les ventes et 11.5 fois le free cash flow. Attention, à cause d'éléments exceptionnels non récurrents le PER annoncé est inférieur à 10, ce qui peut porter à confusion et rendre le titre artificiellement plus avantageux. Néanmoins on reste dans le domaine de l'acceptable avec ces niveaux de prix.
Le dividende n'est certes pas énorme, avec un rendement de seulement 1.24%, mais ceci s'explique par un ratio de distribution prudent de 18.15% par rapport aux bénéfices et de 14.3% par rapport au free cash flow. Mory en a donc encore sous la semelle pour continuer à faire progresser dans le futur le revenu qu'elle offre à ses actionnaires. Jusqu'ici elle ne s'est pas montrée très généreuse à ce petit jeu-là puisque les distributions n'ont augmenté que de 2.13% par an ces cinq dernières années, soit moins de la moitié de la progression des bénéfices. De plus le dividende est resté statique depuis 2014. Les dirigeants auraient-ils d'autres idées pour utiliser qui est dans les caisses? Continuons notre analyse pour répondre à cette question.
Tout comme le dividende et les bénéfices, la valeur des actifs et les réserves de cash progressent sur la durée. Mory parvient donc à créer de la valeur sur le long terme pour ses propriétaires, et ceci se ressent sur le cours de l'action qui a presque triplé ces cinq dernières années.
Les réserves de liquidités sont confortables, avec un ratio de liquidité générale de 2.3 (en très légère baisse) et un ratio de liquidité de réduite de 1.5. Mory n'a donc aucun souci pour honorer ses obligations financières courantes. Quant à la marge brute, elle est en hausse, à 23%, pour une marge nette de 7.8%. Le rendement des actifs est lui aussi en progression, à 4.77%, pour une rentabilité des capitaux propres de 9.7%.
En ce qui concerne la dette, elle est en baisse constante depuis de nombreuses années, avec un taux d'endettement à long terme par rapport aux actifs de seulement 1.08%. Mory serait capable de rembourser l'intégralité de sa dette en moins d'une année en utilisant son free cash flow. L'entreprise a clairement souhaité assainir son bilan par le passé, et elle y est très bien parvenue. Voilà un premier élément qui explique la faiblesse de la progression du dividende jusqu'ici. Néanmoins, vu le niveau dérisoire actuel de la dette, l'entreprise ne peut plus utiliser cette excuse pour conserver le dividende au même niveau.
Toutefois, il y a un second point qui justifie la croissance léthargique du dividende : le nombre d'actions en circulation qui diminue lentement mais sûrement depuis plusieurs années. Ceci est évidemment intéressant pour l'actionnaire qui voit sa part de gâteau augmenter peu à peu. En fin de compte, à bien y regarder, même si le dividende a peu grimpé jusqu'ici, Mory a utilisé intelligemment l'argent à disposition, en rachetant des actions ou en remboursant sa dette, ce qui au final se traduit quand même en valeur pour les actionnaires.
La société nippone possède une histoire de près d'un siècle, et elle est toujours là, très solide, à construire et vendre ses tuyaux et ses barres en acier. Ce n'est certes pas très glamour, mais ça fonctionne très bien. Bien qu'on soit dans un secteur industriel, le titre n'est pas trop sensible aux variations du marché (beta de seulement 0.7).
J'ai acheté Mory au mois d'août dernier, réalisant déjà une jolie plus-value. Je suis d'avis qu'actuellement se transige à un cours qui représente assez justement sa valeur intrinsèque. On n'est donc plus dans un signal d'achat, mais par contre c'est évidemment un titre à conserver.