Barack Obama (Kehinde Wiley) ; Michelle LaVaughn Robinson Obama (Amy Sherald)
Que disent les nouveaux portraits de Barack et Michelle Obama créés pour la National Gallery Portrait ?
Une modernité évidente, fidèle à leur image et à leur goût pour l'art moderne.
Ils sont en effet les premiers locataires de la Maison Blanche à y avoir introduit de l'art abstrait. Ils sont également les premiers à avoir valorisé des œuvres réalisées par des artistes afro-américains, asiatiques, hispaniques ou encore des artistes féminines.
Folk Family, William H. Johnson
La modernité de ces portraits peut, il est vrai, trancher avec des portraits présidentiels traditionnellement plus classiques :
George Washington (Gilbert Stuart) ; Gerald R. Ford (Everett R. Kinstler) ; George W. Bush (Robert Anderson)
Néanmoins, d’autres démocrates avant eux n’avaient pas hésité à être plus audacieux :
John F. Kennedy (Elaine de Kooning) ; William J. Clinton (Chuck Clos)
Si ces deux portraits sont indéniablement modernes, ils ne disent cependant pas la même chose.
Le portait de Barack Obama par Kehinde Wiley est très ressemblant, très séduisant. L'artiste insère des fleurs qui font référence à l'histoire de Barack Obama (chrysanthèmes pour Chicago, jasmins pour Hawaï, agapanthes pour le Kenya) et présente un homme de pouvoir.
Le "papier-peint" fleuri est présent mais la pose est finalement très classique.
Abraham Lincoln (George Peter Alexander Healy) ; Grover Cleveland (Anders Leonard Zorn) ; Herbert Hoover (Douglas Granville Chandor) ; George W. Bush (Robert A. Anderson) ; Barack Obama (Kehinde Wiley) ;
Le portrait féminin est plus intrigant.
La National Portrait Gallery de Washington commence à collecter les portraits des présidents dès la création du musée en 1962.
Ce n’est qu’avec George H. W. Bush que le musée commandera systématiquement un portrait de chaque président à la fin de son mandat. Les peintures sont financées par des fonds privés et appartiennent à la National Portrait Gallery. L'institution travaille étroitement avec la Maison Banche pour choisir l’artiste.
La démarche est élargie à la First Lady à partir d’Hillary Clinton. Il n’existe donc que trois portraits de First Lady réalisés en collaboration avec le musée.
Hillary Clinton (Ginny Stanford) ; Laura Bush (Aleksander Titovets) ; Michelle Obama (Amy Sherald)
Ce portrait de Michelle Obama a immédiatement été critiqué.
Trop grise d’abord.
Ce choix du gris-brun est une référence aux photographies en noir et blanc des Afro-Américains prises au XIXème et au début du XXème siècles.
Portrait of Lt. Barnes and wife, 1918, Joseph Pennell
Selon l'artiste Amy Sherald, cette non-couleur « n’est pas là pour effacer la race [du sujet] mais pour signifier son manque d’importance ».
Sur cette question de la représentation de la peau noire, la journaliste du New Yorker, Doreen St. Félix, évoque le travail de Kerry James Marshall et notamment son autoportrait de 1980 où l’artiste se dépeint comme une ombre noire aux yeux et aux dents étincelants.
Kerry James Marshall, A Portrait of the Artist as a Shadow of His Former Self, 1980
Pas assez ressemblante surtout.
Comme dans la plupart des autres portraits de l'artiste, le modèle est peint grandeur nature et fixe le spectateur droit dans les yeux, le visage impassible sur un fond monochrome.
Cependant, habituellement, ce fond monochrome est pastel, et la gamme chromatique beaucoup plus pop. Si la référence aux photographies des Afro-Américains résonne particulièrement dans cette représentation de la première First Lady Afro-Américaine, peinte par une Afro-Américaine de surcroît, le caractère symbolique dépasse cet aspect.
Tous les portraits d’Amy Sherald sont des archétypes.
Archétypes de l’Amérique certes mais de l’Amérique personnelle d’Amy Sherald. Michelle Obama devient le personnage de peinture imaginé par l’artiste. La robe elle-même devient un tableau de Mondrian dans l’esprit créatif d’Amy.
Alors oui, le portrait ne ressemble pas trait pour trait à Michelle Obama. Il ne ressemble pas non plus à l'image cool que l'on a de Michelle Obama faisant des pompes avec Ellen DeGeneres.
Il ne s'agit même pas de Michelle Obama. Il ne s'agit que de l'image qu'Amy Sherald se fait de la première First Lady Afro-Américaine de l'histoire des États-Unis.
Et ça mérite bien une robe qui se transforme en un tableau peint par un néerlandais fasciné par la modernité de New-York.
Et pour la petite histoire, ce n'est pas la première fois qu'un portrait présidentiel échappe au contrôle du modèle!
Pour son portrait, Bill Clinton choisit en 2005 Nelson Shanks...
Bill Clinton (Nelson Shanks)
...qui révèle en 2015 que l'ombre sur la cheminée est celle de Monica Lewinsky!
Pour en savoir plus :
Les portraits des présidents américains conservés à la National Gallery Portrait de Washington
Gallery
Following Washington's tenure, separate political parties emerged: the Federalist Party and the Democratic-Republican Party. State representatives-who embodied diverse regional and economic ...
https://americaspresidents.si.edu/gallery
Amy Sherald
What's precious inside of him does not care to be known by the mind in ways that diminish its presence (All American).
Kehinde Wiley
Kehinde Wiley Studio | Brooklyn, NY
What first got you interested in painting? I began with studying art back in LA as a young kid. I first went to art school when I was about 11 and went to big museums in Southern California. I grew