Ça y est. La façade EnergieSprong est passée de l'état de projet à celui de réalité. De premières poses viennent d'être assumées dans l'Hexagone par le groupe français Rabot Dutilleul. C'est un premier pas pour un programme appelé à révolutionner la consommation énergétique des logements en France et en Europe. Nous n'attendons plus que sa démocratisation !
EnergieSprong : un projet européen
L'opération EnergieSprong a vu le jour, en tant que théorie, aux Pays-Bas en 2013. Bénéficiant de financements émanant de l'Union européenne, elle implique différents acteurs. Aujourd'hui, c'est l'entreprise française de BTP Rabot Dutilleul qui vient de s'illustrer par de premières poses dans l'Hexagone.
Le principe est relativement simple. Il s'agit en effet d'envisager la rénovation énergétique sous l'angle de la massification. Le but : réduire les coûts des travaux d'amélioration des performances énergétiques. C'est, de nos jours, un enjeu majeur pour tous les pays européens. Les experts sont unanimes à ce sujet :
Le procédé est industrialisé au maximum. Les façades d'origine sont scannées en 3D en vue d'une fabrication d'une nouvelle façade en usine. Une ossature bois sert de support à la pose d'isolants, puis d'un habillage conforme à l'aspect originel de l'immeuble considéré. La façade fabriquée est transportée en camion jusqu'à bon port. Une grue sert alors à la lever pour la glisser par le haut le long de l'habitation. Des artisans utilisent parallèlement des échafaudages pour guider la pose grâce à divers cordages. Une longrine de béton doit être coulée pour sceller le tout. Très clairement, l'étape " chantier " se réduit désormais au strict minimum. Les délais de réalisation passent donc de 8 mois selon la technique classique à 3 semaines (presque intégralement en usine).
On annonce les mêmes prouesses... pour les toitures. Il faut alors une dépose pour mettre la charpente à nu. Ensuite, il n'y a plus qu'à manier de la grue. Résultat de l'ensemble : une réduction de 60 % des factures d'électricité, sans compter l'électricité revendue à l'EDF ou une autre compagnie (panneaux solaires obligent).
Essais réussis pour la façade EnergieSprong
La firme Rabot Dutilleul a pris les choses au sérieux. Forte de son expérience en BTP, elle s'est attaquée à dix habitations Vilogia au DPE E, ce qui est loin d'être le top. L'objectif était de les transformer, grâce à la façade EnergieSprong, en logements E = 0, c'est-à-dire produisant autant d'électricité qu'ils en consomment. Le pari a de quoi paraître audacieux ! Pourtant, il semble avoir été tenu.
Voici une présentation du projet dont nous parlons :
Pour fixer une façade isolante, 4 compagnons du groupe Rabot Dutilleul n'ont mis que 10 minutes. Cette prouesse a été réalisée au 46, rue Védrines à Hem dans le département Nord. La devanture d'origine était tout en brique. Son aspect visuel a donc été dûment reproduit. La construction de l'édifice datait des années 1950, époque où l'isolation était loin d'être optimale. Neuf autres immeubles du même quartier ont été sélectionnés pour servir de cobayes. Les éléments utilisés ont été préfabriqués près de Lille, dans les usines de Smart Module Concept, une succursale de Rabot Dutilleul Construction.
Si c'est une première dans le nord de la France, ce n'est pas le cas aux Pays-Bas où 1 500 habitations ont déjà profité des progrès d'EnergieSprong. Triple vitrage et panneaux photovoltaïques sont bien entendu au rendez-vous. Il faut y ajouter un traitement spécifique des fameux " ponts thermiques ". Mais aussi une ventilation à double flux et une PAC sur air extrait, avec étanchéité globale à l'air. On annonce une expérience analogue à Longueau, cette fois-ci avec Bouygues et ICF Habitat. Le Royaume-Uni et le Luxembourg se mettent également à l'heure d'EnergieSprong.