L’apparition // De Xavier Giannoli. Avec Vincent Lindon et Patrick d’Assumçao.
Xavier Giannoli, à qui l’on doit notamment Quand j’étais chanteur (avec Gérard Depardieu) ou Superstar (avec Kad Merad) change ici de registre et nous plonge dans un univers ésotérique palpitant qui nous porte pendant plus de deux heures sans temps morts. Je dois avouer que ce genre de films peut facilement être casse gueule sauf que c’est tout le contraire qui se passe ici. La force de ce film, on la puise dans ces scènes fortes entre Anna la voyante mystique et Jacques le journaliste septique. Construit comme une sorte de polar, le film maîtrise sa narration du début à la fin. L’apparition peut donc très bien se mesurer à des grands films religieux grâce à une mise en scène soignée et un scénario qui regorge d’idées et de trouvailles pour constamment nous surprendre. Jusqu’à la fin nous avons une question dans la tête : Anna dit-elle la vérité ou non ? Cette aventure est donc assez rugueuse où le but n’est pas de nous fasciner mais bel et bien de raconter quelque chose de douloureux. Si le chemin de croix d’Anna est intéressant et que L’apparition regorge aussi de références (notamment la fugue d’Anna qui l’envoie faire une sorte de chemin de croix) et n’a de cesse de questionner tout ce qui est dit afin de rendre le propos encore plus réaliste et vrai.
Jacques, grand reporter pour un quotidien français reçoit un jour un mystérieux coup de téléphone du Vatican. Dans une petite ville du sud-est de la France une jeune fille de 18 ans a affirmé avoir eu une apparition de la Vierge Marie. La rumeur s’est vite répandue et le phénomène a pris une telle ampleur que des milliers de pèlerins viennent désormais se recueillir sur le lieu des apparitions présumées. Jacques qui n’a rien à voir avec ce monde-là accepte de faire partie d’une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur ces événements.
L’apparition creuse aussi d’autres aspects de la religion : à la fois le point de vue du Vatican qui accepte que certains lieux ou certaines reliques soient reconnus afin de poursuivre la fascination alors que le mystère demeure toujours. Le film est aussi honnête sur ces charlatans qui tentent de se faire de l’argent sur ce genre d’évènements (et la vision que les vrais croyants ont de tout ce business comme le Père ou encore Anna quand elle doit toucher les statues). L’apparition maîtrise aussi une certaine forme de suspense qui créé des moments dramatiques forts jusqu’à une fin étonnante à laquelle je ne m’attendais pas nécessairement. Vincent Lindon de son côté crève l’écran. La dernière fois que je l’avais autant aimé au cinéma, je crois que cela doit être dans La Moustache, même s’il y a eu entre ces deux films pas mal de belles prestations aussi. La révélation à côté c’est Galatea Bellugi dans le rôle d’Anna qui impressionne et prouve que le talent est réellement de partout. Finalement, belle surprise que ce film dont je n’attendais pas forcément grand chose. Xavier Giannoli a encore frapper à sa façon et tout en restant réaliste sans tomber dans des pièges ésotérique pompeux.
Note : 8.5/10. En bref, belle surprise.