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[Critique] Stronger

Par Wolvy128 @Wolvy128

[Critique] Stronger

[Critique] Stronger
15 avril 2013, Boston. Jeff Bauman (Jake Gyllenhaal) est venu encourager Erin Hurley (Tatiana Maslany) qui court le marathon : il espère bien reconquérir celle qui fut autrefois sa petite amie. Il l’attend près de la ligne d’arrivée quand une bombe explose. Il va perdre ses deux jambes dans l’attentat et va alors devoir endurer des mois de lutte pour espérer une guérison physique, psychologique et émotionnelle.

Adapté du roman éponyme de Jeff Bauman, Stronger est un drame de David Gordon Green relatant l’attentat du marathon de Boston, en 2013. Un terrible événement qui a déjà fait l’objet de plusieurs films, dont le nerveux Traque à Boston l’année dernière. Contrairement au film de Peter Berg, qui évoquait l’enquête policière menée pour retrouver les auteurs de l’attaque terroriste, cette nouvelle adaptation s’intéresse davantage à l’humain, concentrant son récit sur la reconstruction physique et psychologique d’une victime de la catastrophe.

Malgré les pièges inhérents au sujet, le long-métrage se distingue par un scénario d’une grande justesse, abordant les qualités du héros sans jamais en occulter les failles. Il en découle ainsi un personnage criant de vérité, autant capable d’ironiser sur sa situation que de négliger les sacrifices de son entourage, de venir en aide aux équipes du FBI que de culpabiliser sa petite amie. Une profondeur bienvenue qui permet au personnage de ne jamais vraiment s’imposer comme le symbole d’héroïsme que les gens font de lui, avec tout ce que cela implique comme reprise patriotique, médiatique ou politique. Et quand il accepte enfin son statut de héros, c’est pour mieux retranscrire tout le décalage entre l’image qu’il projette et la réalité des choses. Aussi passionnant soit-il, le film ne se limite toutefois pas au seul sujet de l’héroïsme, traitant aussi avec maturité du trouble post-traumatique, de la notoriété indésirée ou encore de la réhabilitation. Autant de thématiques qui trouvent un écho subtil dans le parcours bouleversant, et parfois drôle, de Jeff Bauman.

[Critique] Stronger
Si on reconnaîtra volontiers l’évolution extrêmement balisée de l’histoire et l’émotion parfois trop appuyée de certaines séquences, Stronger demeure néanmoins incroyablement émouvant. D’abord parce que le récit est riche en sentiments puissants, mais aussi car les deux personnages principaux font montre d’une belle sincérité. Non contents de bénéficier d’une écriture sonnant souvent juste (c’est moins le cas pour les autres protagonistes), ils peuvent également s’appuyer sur des acteurs au sommet. Totalement habité, Jake Gyllenhaal fascine à nouveau par la densité de son jeu, embrassant le calvaire physique et émotionnel de Bauman avec un engagement qui force le respect. Un engagement que l’on retrouve aussi dans l’interprétation tout en sensibilité de la superbe Tatiana Maslany. Véritable révélation du film, l’actrice canadienne délivre une performance poignante dans la peau de cette jeune femme tour à tour forte et vulnérable. Au vu de la puissance dramatique qui se dégage de certaines scènes, c’est peu de dire que l’alchimie entre les deux comédiens est palpable. Signalons aussi pour terminer la sobriété de la mise en scène qui, si elle ne transcende jamais le récit, s’efface habilement quand l’histoire l’exige.

Assez classique dans son déroulement et dans sa réalisation, Stronger n’en demeure donc pas moins un drame bouleversant. Malgré une émotion parfois trop appuyée, mais toujours sincère, le film peut compter sur la justesse de son écriture et les interprétations poignantes de Jake Gyllenhaal et Tatiana Maslany pour toucher en plein cœur.


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