Paris. Mercredi 14 février 2018. 21h
Benoît Delbecq: piano
Steve Argüelles: batterie
Christophe " " Minck: Moog Voyager, guitare basse électrique, harpe, n'goni
Lectrices sphériques, lecteurs coniques, je vous narrai les tenues Manasonics de Benoît Delbecq lors d'un précédent concert, au Studio de l'Ermitage, à Paris, le 5 septembre 2017. Epuisé par tant de stimulation cérébrale, je déclarai forfait pour la deuxième partie du concert, composé du trio The Recyclers du même Benoît Delbecq.
Ce n'était que partie remise puisque me voici prêt à écouter ce groupe dans la même salle parisienne, 5 mois après.
Démarrage en douceur aux balais. Un air entêtant au piano. Le clavier crée une ligne de basse planante. Le batteur passe aux balais pour hacher le temps. La vibration de la grosse caisse s'ajoute à celle de la basse. Cela s'arrête mais cela pourrait continuer.
Un morceau aux sonorités ouest-africaines avec le batteur aux percussions. Le pianiste joue lui aussi en percussionniste. Bon groove. Par une nuit froide et humide à Paris, ça réchauffe. Batteur à mains nues sur ses tambours. Maintenant, il malaxe aux balais. Transe blanche. J'ai compris le deuxième titre " Tabou ".
Après le clavier, le n'goni, la harpe puis la guitare basse électrique. Christophe " Disco " Mink a un talent multifacettes.
Le batteur lance un rythme répétitif aux baguettes. La basse gémit. Piano répétitif dans l'aigu. Manifestement, ils cherchent la transe. C'est la constante de cette musique, jusqu'ici. La basse sonne comme une guitare électrique. Le bassiste repasse au clavier. Un morceau plus dynamique: " Steam ".
" Kitchen ". Joli son de percussions. La basse sonne comme une basse. Elle claque, bien funky. Le piano parsème de notes l'ensemble. Joyeuse cuisine. Ca sent bon le repas de fête entre amis. Un scat joyeux du bassiste. Les baguettes coupent le rythme en tranches.
Un tempo lent, décomposé. Un bruit s'élève de la salle. Ce n'est pas prévu au programme mais un bébé exerce son sens critique, vigoureusement.
Retour au son africain et au n'goni. Batteur aux balais. Ca sonne vraiment. C'est puissant, entraînant. Bonne vibration qui remue les entrailles.
" Brushes " (Benoît Delbecq). Joué aux balais bien sûr ( brushes in English). Bruitages de guerre spatiale. Retour à la harpe pour faire tomber la pluie avec le piano.
Steve Argüelles repart aux baguettes, installant un rythme entêtant. Sec et rapide. Onde du clavier que le pianiste vient entrecouper de notes distillées. Mélange de clavier et de n'goni pour mêler ancien et moderne. Ces morceaux à sonorité africaine sont ceux qui me touchent le plus. Vibration du clavier hachée menue par la batterie et le piano. Chant de mouettes et jeu de basse en même temps. C'était " Kaboul " où il n'y a pas de mouettes.
Le trio a le temps de jouer encore un morceau mais décide d'en jouer 3 regroupés. Le 3 en 1, vieux truc de l'Eglise catholique, apostolique et romaine repris par des huiles profanes. Les cymbales vibrent sous les maillets, les cordes de la basse sont frottées. Le son de la basse frottée tourne en boucle grâce au clavier. Quelques notes de piano. La harpe vient se glisser. La tension monte avec le batteur aux balais, le pianiste qui creuse et la basse qui slappe enfin. Batteur aux baguettes. La basse slappe encore plus fermement. Un funk blanc décalé dont ce trio possède le secret. J'ai entendu 2 morceaux mais il y en avait 3. Ces gars sont trop subtils pour moi.
RAPPEL
Etonnez moi, Benoît! Telle est la constante de Benoît Delbecq, quel que soit le contexte dans lequel il joue, lectrices sphériques, lecteurs coniques.
Ci-dessous, une vidéo d'un concert de Benoît Delbecq & The Recyclers en 2013. Les musiciens n'ont pas changé d'identité mais ils ont évolué et leur musique aussi.