Storytelling et travail : une alliance indispensable

Je le dis à mes étudiants : le storytelling est un élément clé dans le monde du travail, plus qu'un élément d'ailleurs, un atout. C'est déjà une réalité depuis des années dans le monde anglo-saxon où, comme je le disais il y a peu de temps, les postes de chief storyteller fleurissent.

Cette alliance devenue indispensable du storytelling et du travail ne se limite pas aux emplois de storytellers (ni au monde anglo-saxon) : tous les emplois sont concernés et, aujourd'hui, nécessitent une grosse dose de storytelling. Non pas comme gadget, ou pour faire bien, à la mode : c'est juste une compétence nécessaire.

Le meilleur moyen de prouver mon affirmation est de faire un tour du côté des jobs boards, en tapant le mot clé "storytelling". C'est ce que je viens de faire et voici les résultats de ma recherche :

Elle donne une bonne douzaine de résultats instantanés sur une zone géographique ciblée (j'ai choisi Paris).

Premier job : guide touristique. Le storytelling apparaît comme la toute première qualification requise par le recruteur, juste avant le service client et la gestion des groupes. Bon, le storytelling pour guider des visites semble assez logique comme exigence de compétence, même si on avait plutôt l'habitude, jusque là, de voir des qualités telles que la culture, les connaissances requises pour être un bon guide.

Deuxième emploi trouvé : il s'agit de gérer les relations avec les influenceurs dans l'univers de la beauté. Là aussi, le storytelling figure textuellement parmi les compétences clés recherchées chez les candidats, à mettre au service du développement de la stratégie d'influence. C'est également assez compréhensible comme demande : le job consiste au final à construire une histoire avec les influenceurs, une relation de communication privilégiée.

Pareil pour l'offre suivante : il s'agit de manager le marketing de contenu d'une entreprise. Il est tout de même intéressant de noter l'exigence du storytelling, libellée ainsi : "nous sommes une équipe passionnée par la création et le storytelling".

Plus inattendue, le storytelling pour un emploi de chargé d'études marketing. Bon, là, c'est l'intitulé du poste qui est trompeur : en réalité, les missions ressemblent plus à celles du job précédent. Il est notamment spécifié : "concevoir un contenu attractif (storytelling)".

Des exigences de storytelling étonnantes dans les offres d'emplois :

Complètement surprenant, par contre : une série d'emplois dans un grand hôtel -sommelier, commis de cuisine, gouvernant(e), gestionnaire de la paie. Pour tous ces postes, il est indiqué : "si vous avez le goût du storytelling et l'envie de fournir un service personnalisé, authentique et proactif...".

Etonnante aussi : des compétences de storytelling en plus de compétences en visualisation des données, demandées dans une offre pour un travail dans le domaine de l'intelligence économique. Il s'agit de faire parler les données, leur faire raconter ce qu'elles ont à dire.

Et que dire de ce poste de vendeur en bijouterie de luxe ? On demande à celui qui occupera le poste de "mettre en avant le storytelling" de la maison.

Plus de domaines d'application du storytelling encore, par ici

On le voit, les métiers pour lesquels le storytelling semble naturel (du moins aujourd'hui, car il y a quelques années encore, on envisageait très bien le marketing sans storytelling) ne sont plus des cas isolés. A côté, d'autres métiers étrangers à la communication et au marketing stricto sensu incluent à présent le storytelling dans les missions ou les qualités recherchées pour occuper le poste offert. C'est à la fois une légitimisation du storytelling dans et par le monde des entreprises, et aussi une inclusion du storytelling parmi les moyens clés d'atteindre la performance au travail.