Pour poursuivre avec le dieu crocodile Sobek dont j'ai déjà abondamment évoqué la personnalité dans mon inscrit à l'intérieur d'un sarcophage du Moyen Empire, je vous propose aujourd'hui, ami lecteur, deux des nombreuses adresses qui lui ont été faites dans la partie qui lui était réservée à Kom Ombo. article du 17 juin dernier, et à propos duquel je vous ai déjà donné à lire, dans le cadre de cette série à la littérature égyptienne consacrée, un texte
Il existe, en effet, dans ce que les égyptologues désignent comme le "Couloir de l'Inondation" situé dans la moitié sud de ce temple, la représentation d'une procession de délégations des villes du Fayoum, dans le nome arsinoïte, dont la principale, je vous le rappelle, fut appelée Crocodilopolis par les Grecs et connut, précisément à l'époque de ces rois Ptolémée une importance politique et une prospérité économique sans précédents.
Les textes ptolémaïques de ce temple double (puisque nous avons vu que l'autre moitié, la partie nord, était dédiée au dieu Haroëris) célèbrent donc en parallèle à la fois le dieu Sobek du Fayoum et le " Seigneur d'Ombos" (Kom Ombo).
Les prêtres de Sobek (Soukhos, en grec) qui conçurent la décoration firent représenter, sur la paroi est de ce corridor Ptolémée VI Philometor et son épouse ouvrant le cortège qui se dirige, à l'intérieur du temple, vers la salle dite des Offrandes.
Les hiéroglyphes gravés restituent le discours royal, à l'attention du dieu crocodile :
Nous venons à toi, ô Père des dieux. [Ici, Sobek est identifié au dieu chtonien Geb]
Nos mains sont chargées de richesses.
Nous t'apportons l'inondation
Et les prairies humides avec leurs offrandes,
Les aliments et toutes choses bonnes qui sont entre leurs mains
Afin d'embellir ta maison
Et de surcharger ta table d'offrandes.
Pour être complet, j'ajouterai qu'à l'époque romaine, reprenant la tradition, des empereurs tel Auguste, par exemple, apportèrent leur contribution en faisant graver par leurs hiérogrammates des hymnes à Sobek afin, eux aussi, de s'en concilier les bonnes grâces.
Pour les différentes raisons précédemment évoquées, il nous est facile d'admettre que Sobek fut donc vénéré tout à la fois dans le Delta, dans le Fayoum et dans certains temples dont le plus spécifique est Kom Ombo.
En revanche, plus malaisé à comprendre est quand même le fait que les Egyptiens, pourtant tellement traumatisés par cet animal, lui accordèrent le statut de divinité bénéfique, miséricordieuse, prête à écouter les prières ...
C'est ce que vise à faire comprendre l'un des nombreux hymnes du temple ombite, gravé en trois colonnes, que je vous donne à lire ci-après. Nous y retrouvons un texte mettant l'accent sur le caractère solaire de Sobek-Rê comme l'était, souvenez-vous ami lecteur, la figurine de crocodile en bois de tamaris E 16 358 de la vitrine 2 de la salle 3 du Département des Antiquités égyptiennes du Louvre ( article sus-cité